19/04/2014

Christ est ressuscité d'entre les morts, alleluia!
Chantons notre joie en ce jour de fête…

Chers amis, bonjour !

Après un laps de temps, voilà que je me manifeste de nouveau auprès de vous à travers cet exercice si enrichissant de partage de la Parole de Dieu. Et le moment est tout approprié pour renouer notre relation avec cet évènement qui constitue le socle même de notre foi chrétienne: La Pâques du Seigneur…

Pour le commentaire de l'Évangile de ce dimanche de Pâques, j'ai sollicité la collaboration du RP Joseph Yongolo, prêtre congolais du diocèse de Kinkala, actuellement en mission à Cayenne en Guyane. Qu'il trouve ici ma reconnaissance pour son texte d'homélie qu'il a bien voulu nous faire partager en avant-première.


RP Joseph YONGOLO
 actuellement en mission dans le diocèse de Cayenne (Guyane)



Mes amis, chers frères et sœurs,



Si l’Évangile s’est répandu dans le monde entier et a donné naissance à l’Église, ce n’est pas en vertu de la beauté du message des béatitudes, ni grâce aux miracles et aux apparitions de Jésus, ni parce que Jésus est mort martyr. Le martyr n’est ni une particularité ni une exception chrétienne et encore moins un  

Tant d’autres grandes et illustres personnalités l’ont vécu, comme Jean-Baptiste, M.L. King et Gandhi pour ne citer que ceux là. Mais le fondement de la foi chrétienne réside en ceci que Jésus est mort et qu’il est RESSUSCITÉ.

La résurrection du christ, telle est la Bonne Nouvelle que d’emblée les apôtres se sont mis à proclamer : « Ce Jésus que vous avez mis à mort en le crucifiant sur la croix, Dieu l’a ressuscité : nous en sommes tous témoins » ( C’est la prédication de St Pierre dans Ac 2,32) ; « Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le 3ème jour, selon les Ecritures. Il est apparu à Pierre et aux Douze…». (St Paul ; 1 Cor 15, 3).

La négation de cet événement fait de l’Évangile un moralisme, de l’Église une O.N.G. philanthropique, et des martyrs et des chrétiens, des gens naïfs qui ont été bernés : « Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vaine est aussi votre foi » (1 Cor 15, 14)

Pourtant les premiers apôtres, en clamant partout cette Nouvelle, risquaient gros : si le pouvoir romain avait exécuté leur Maître, n’allait-on pas les poursuivre et les tuer eux-aussi ?

De l’autre côté, les autorités juives les sommaient de se taire, les arrêtaient pour les fouetter et les excluaient des synagogues. En outre, bien souvent, ils devaient rompre tous liens avec leurs familles incrédules. La foi les coupait de tout ce qui avait fait leur vie… mais ils allaient créer une nouvelle fraternité universelle, dans la Paix du Christ.

En prison, Paul écrivait : « Je considère que tout est perte, au regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus Christ, mon Seigneur. À cause de lui j’ai tout perdu. Il s’agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances… » (Phil 3, 8-10)

 
Pour l’église, pour nous, le matin de Pâques c’est le plus beau matin du monde.

Après le sabbat, à l’heure où commençaient à poindre les premières lueurs du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie viennent au tombeau pour regarder le sépulcre, pour embaumer le corps du Maître, mais aussi pour pleurer encore.

Jésus mort en croix avait été enseveli en toute hâte car au crépuscule on allait entrer en shabbat. Une pierre avait été roulée à l’entrée de la tombe. Tous les disciples avaient lâché leur Maître et se cachaient quelque part, perdus, honteux, désemparés, désespérés et tremblant de peur. Cette nuit-là, toutes les familles, toutes les maisons célébraient joyeusement la Pâque, celle du souvenir de la libération de l’esclavage au pays d’Égypte, en consommant un agneau.

Le lendemain matin, c’était shabbat, jour de repos total, de réunions familiales, de prière : Et tout Israël suppliait son Dieu en disant : «O Seigneur Dieu, toi qui a libéré nos ancêtres de l’esclavage, envoie-nous vite ton Messie pour qu’il nous sauve».

Mais demain la vie allait reprendre son cours : la page de Jésus était tristement tournée, finie, bien terminée.

À la fin de la nuit, les timides lueurs de l’aurore commencent à écarter l’obscurité et à illuminer le premier jour de la semaine juive, jour de reprise du travail.

Bravant les menaces, des femmes osent se rendre au Golgotha, pour voir la tombe et pleurer le Maître qui avait disparu tragiquement.

Sortant de la nuit, elles vont se projeter dans la lumière. Parties pour se lamenter sur le passé, elles vont s’ouvrir à l’avenir.

Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendu du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. (Encore une théophanie)

Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent blêmes comme morts.

Alors que, dans les autres évangiles, les visiteuses découvrent la pierre déjà roulée, Matthieu veut exprimer qu’il n’y a pas eu intervention humaine, pas de rapt du cadavre du Maître.


Personne n’a été témoin de ce qui s’est passé cette nuit-là : la résurrection est l’œuvre de Dieu seul. « L’ange du Seigneur » (antique désignation de la manifestation de Dieu), l’ange roule la pierre, non pour que Jésus puisse sortir, car il est déjà vivant, mais pour permettre aux femmes de constater que le tombeau est vide.

Les gardes postés par les Autorités ne peuvent rien voir, pas plus que Caïphe ou Ponce Pilate : quiconque se fige dans le refus demeure aveugle. Alors, l’ange prend la parole et dit aux femmes :

 «Soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez

L’Ange apaise les visiteuses et leur révèle le rebondissement de leur quête : le mort est ressuscité !

Elles étaient venues pour pleurer devant une pierre : maintenant elles peuvent entrer dans le trou épouvantable de la mort. Son abîme est ouvert et il est vide !

Elles venaient se recueillir en silence dans le souvenir d’un défunt : elles entendent une parole qui sèche leurs larmes, illumine leur présent et leur ouvre un avenir.

Alors, tout le passé leur revient : Ah, mes amis, si nous tous, disciples de Jésus, avions davantage un peu de confiance !

Naguère les premiers disciples étaient ravis par les prédications du Maître, émerveillés devant ses guérisons, mais ils n’avaient pas entendu (ou pas voulu entendre) le message qu’il avait répété plusieurs fois sur la route vers Jérusalem :

« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes : ils le flagelleront, et le tueront. Mais le troisième jour, il ressuscitera » (Math.17, 22 ; 16, 21 ; 20, 17).

Mais il avait aussi dit: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive… Celui qui veut sauver sa vie, la perdra, mais quiconque perd sa vie, à cause de moi, la retrouvera » (16,24).                

Il fallait que les choses se passent ainsi.

Mais en ce matin-là, le message et clair et fait chaud au cœur, pas question de regrets ni de culpabilité : « VITE ! allez dire à ses disciples… ».


Le pèlerinage au cimetière est changé, transfiguré ; il devient une course missionnaire. Il faut cesser de pleurer et parler ; redire ce qu’il leur avait dit quand il était au milieu d’eux.

Porteuse de vie par sa maternité, la femme se doit de s’empresser pour annoncer la Bonne Nouvelle aux apôtres incrédules, les faire sortir de leur tannière, les remettre en mouvement.

La Résurrection est un message de Renaissance, un message essentiel, urgent, joyeux et toujours neuf.

Vite, elles quittent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles courent porter la nouvelle aux disciples.

Et voici que Jésus vient à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. »               Elles s’approchent, lui saisissent les pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Matthieu est le seul à parler de cette première apparition du Ressuscité. La Bonne Nouvelle est d’abord message d’un envoyé : si on lui fait confiance et si, on y croit, elle met en route, elle devient contact et adoration; et enfin elle se transforme en mission.

D’abord, regardons de près les apôtres : ils ne sont plus des disciples, des admirateurs, des membres du fan club de Jésus, mais de pauvres hommes qui, grâce à la croix et la résurrection, sont pardonnés de leur péché, et deviennent « MES FRÈRES », car c’est ainsi que les appelle désormais Jésus.

Au lieu de s’enfermer dans la peur et le doute, ils font confiance aux femmes ; ils retournent en Galilée, là où l’aventure avait commencé, lorsque ces pêcheurs avaient lâché leurs filets pour suivre le prophète Jésus.

Là-bas le Ressuscité va les rencontrer, les envoyer et ils deviendront                       « des pêcheurs d’hommes ». Ils reprendront le même itinéraire : prédication, soins des souffrants, et même, ils vont endurer à leur tour les mêmes tribulations et, pour certains d’entre eux, jusqu’ à mourir par la Croix, et à gagner la Vie nouvelle.

C’est, voyez-vous, ainsi que le projet de Jésus homme s’épanouit dans le témoignage des véritables disciples, notre témoignage à nous aussi.





Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine, après le shabbat. Voila pourquoi désormais, il y a le dimanche.

Très vite, les premiers chrétiens ont décidé de célébrer Pâques non une fois par an, mais chaque semaine. Lendemain du shabbat, le premier jour fut appelé « Jour du Seigneur » - en latin « domenica » qui se traduit en français DIMANCHE, lequel est donc une invention chrétienne.



En ce jour, les croyants disséminés de part le monde se rassemblent dans la joie des retrouvailles : sortant de leur individualisme, de leur solitude, de la tombe qui les enferme, ils ressuscitent ensemble, comme aujourd’hui, le Corps  vivant de leur Seigneur.



Le concile Vatican II nous enseigne et nous dit :

 « Ce jour-là, les fidèles doivent se rassembler pour que, en entendant la Parole de Dieu, et en participant à l’Eucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus, et ainsi qu’ils rendent grâce à Dieu qui les a « régénérés pour une espérance vivante… » (1 Pierre 1,3)

Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles ; de sorte qu’il devienne jour de joie et de cessation du travail…Le dimanche est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique » (Décret sur la Liturgie n°106)

ALLELUIA, LE SEIGNEUR EST RESSUSCITÉ ! vraiment, il est ressuScitÉ ! : Telle est, frères et sœurs, l’acclamation de la foi qui nous relève de nos chutes et renouvelle notre communion en Église.

Il s’agit, pour nous, de porter désormais la nouveauté de pâques à travers les Galilées de nos vies. Car Jésus est à jamais vivant et bien vivant en nous et au milieu de nous.




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