24/08/2008

« … Et vous, qui dites-vous que je suis ? »

Bonjour !
Je pourrais intituler cette petite rubrique : “Dimanche plus“, un développement supplémentaire de certains passages de l'Evangile qui retiennent plus particulièrement mon attention, et qui suscitent en moi d'autres pistes de réflexion. Alors, je vous les livre ici, comme un petit plus au commentaire habituel…
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« Fils de… »

Nous avons tous des amis, des gens qui font partie de ce qu’on appelle «le premier cercle». Mais il nous est arrivé à chacun d’entre nous de faire la même expérience que Jésus : “nos amis, qui pensent-ils que nous sommes ? Nous connaissent-ils vraiment ?“ Le doute est tellement réel que nous n’osons pas leur poser cette délicate question… et nous laissons aller les choses dans cette indécision pendant des années, parfois toute une vie ! Jésus au contraire pose la question de son identité car il a besoin de savoir si ses disciples connaissent réellement celui qu’ils suivent. Nous savons la spontanéité de Pierre : «Tu es le Messie, le fils de Dieu». Ce n’est pas par la raison (la ratio), ni par son intelligence qu’il professe cette vérité fondamentale. Ce n’est pas par la “chair et le sang“ non plus, mais par la puissance de Dieu ; ce Dieu que Jésus révèle aux disciples comme étant son Père. D’ailleurs, sa réponse est presque symétrique : «Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas…». Oui, Jésus le qualifie à son tour de «fils de…» et lui confie aussitôt une lourde mission : «…Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.»

La folie de Dieu pour nous les hommes…
Et c’est là que tout devient ahurissant : comment Jésus peut-il confier une telle charge à un froussard comme Pierre, à une personne qui n’a pas su lui faire confiance lorsqu’il lui avait ordonné de marcher sur les eaux, à celui par qui s’exprimera Satan [« … Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.» (Mt 16, 23)], à celui dont il sait que plus tard il le reniera par trois fois ! Or c’est bien là la preuve que «les chemins de Dieu sont insondables» : voilà la folie de Dieu pour les hommes. Il affermit ce qui en nous fluctue sans cesse, il consolide nos irrégularités, il mise même sur nos faiblesses pour bâtir son royaume dont il nous confie les clés.

Par lui, avec lui et en lui…
«… tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux». Il n’y a pas meilleure image que celle de l’arc-en-ciel pour réaliser pleinement la portée de cette parole. Car elle nous est adressée aussi à chacun de nous, personnellement. Tel un arc-en-ciel, nous sommes appelés, avec nos différences, à converger vers l’édification de cette église, notre église. Nous nous lions à Dieu et aux autres dans l’Eucharistie pour partager un seul et même corps ; nous nous lions à Dieu et aux autres dans le sacrement de pénitence chaque fois que nous nous relevons d’une chute, d’une fracture. Nous nous relions à Dieu et aux autres toutes les fois que nous reconstruisons l’espérance dans la nuit du monde.

« Nom de Dieu ! »
Jésus donne un nouveau nom à Simon, il l’appelle “Pierre“. Oui, lorsque nous nous lions à Dieu, celui-ci nous donne une nouvelle identité, car ainsi il nous fait renaître à la vie, à l’amour. Le Pasteur connaît toutes ses brebis et les appelle chacune par son nom. Je ne suis jamais un quidam devant Dieu. La nouvelle identité née de mon engagement sur son nom fait de moi un missionnaire particulier à ses yeux : désormais, je compte pour lui tout autant qu’il compte pour moi.
Cette église qu’il nous donne de gérer chacun selon ses talents est un véritable trésor. Non pas enfoui et planqué en un lieu qu’il ne faut surtout pas dévoiler, mais un trésor vivant qu’il nous faut partager avec nos frères, qu’il nous faut faire découvrir à ceux qui ne connaissent pas la promesse de Dieu faite aux hommes : «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure». (Jn 14, 23).

Pour nous, pour chacun d’entre nous, qui est Jésus ? En quoi compte-t-il dans notre vie ? Dans quelle mesure nous efforçons-nous d’accomplir la mission qu’il nous a confiée à travers Pierre ? Et comment œuvrons-nous pour la réalisation de sa volonté et l’avènement de son règne sur terre ? Jusqu’où sommes-nous fiers de manifester au monde notre nouvelle identité de «fils de Dieu» ?

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