08/08/2008

« Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! »

Bonjour !
Les trois textes de la liturgie de ce
19ème dimanche du temps ordinaire évoquent pour nous des paysages de vacances. En effet, le récit du Livre des Rois (première lecture) nous parle de montagne. A l’Horeb, la montagne de de Dieu, Elie le prophète, menacé de mort et pétrifié par la peur, rencontre Dieu. Loin de l’ouragan, du tremblement de terre et de tous les tapages de la vie ordinaire, c’est dans le murmure de la brise légère qu’il fait l’expérience de la présence et de la sollicitude de Dieu.
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 14, 22-33)

14
22i Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.
23 Quand il les eut renvoyées, il se rendit dans la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul.
24 La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
25 Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
26 En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : «C'est un fantôme , et la peur leur fit pousser des cris.
27 Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! »
28 Pierre prit alors la parole : «Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau.»
29 Jésus lui dit : «Viens !» Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
30 Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il cria : «Seigneur, sauve-moi !»
31 Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : «Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?»
32 Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
33 Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : «Vraiment, tu es le Fils de Dieu !»
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«Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?»
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L’Evangile nous emmène au milieu de la mer où une poignée d’hommes vivent une nuit terrible. Jésus, avant de les quitter pour aller prier sur la montagne leur donne rendez-vous sur l’autre rive du Lac ; il les laisse seuls mais le les abandonne pas. Ils sont donc au large lorsque la tempête les surprend. La mer devient hostile, les vagues battent leur petite barque et le vent les bouscule. Eux eussi, comme Elie, ils ont peur et ils poussent de grands cris. Voici que, à la fin de la nuit, Jésus vient à leur secours, marchant sur les eaux et apaisant la tempête.

Ce récit de la marche sur les eaux nous surprend et suscite en nous des interrogations. Son caractère spectaculaire nous intrigue et paraît contraster avec la sobriété habituelle des Evangiles. Des esprits cartésiens chercheront sans doute une explication rationnelle du phénomène, pour le rendre plus crédible. Et même, dans le cadre habituel de la symbolique des miracles de guérison, par exemple, la signification de la marche sur les eaux est — avouons-le —moins facile à cerner ! La frayeur et la détresse des disciples au milieu des éléments en furie est à comprendre par rapport aux mentalités des peuples de la Bible. Les abîmes marins étaient censés abriter les monstres (tel que celui qui avala Jonas) et les forces maléfiques. Cependant, pour l’Evangile, ces prétendus « dragons » aquatiques sont moins redoutables que les forces du Mal et de la Mort qui menacent les hommes, et dont le Christ est venu nous libérer… Ainsi, cet épisode nous révèle en réalité que Jésus Christ, le Sauveur, est vainqueur du Mal et de la Mort. Par sa résurrection, il a vaincu les forces des ténèbres. Avec lui, nous vaincrons nous aussi. Mais en attendant la victoire finale, nous avons à mener le grand combat de la vie. Nous sommes, comme les apôtres, habités à la fois par la peur et la confiance, le doute et la foi.
Les Evangiles nous rapportent plusieurs moments où l’expérience de Pierre, Thomas et des autres condisciples nous édifie et nous rassure sur notre propre expérience de chrétien. Et de leur cœur montent ces paroles : « Vraiment, tu es le fils de Dieu !… ». C’est d’ailleurs le point culminant de ce récit, l’instant où les disciples reconnaissent en Jésus l’envoyé de Dieu, le Fils du Père et le Sauveur des hommes.
A notre tour, en église, tout comme ceux qui sont dans la barque, nous sommes appelés à passer de l’étonnement à la reconnaissance, de notre amitié pour le Christ à la confession de foi. Oui, sans cesse Christ passe à côté de nous, il nous tend la main, la main de la grâce. Puissions-nous, comme Pierre et Elie, reconnaître la présence de Dieu en nous, en nos frères et autour de nous. N’ayons pas peur ! Marchons ! Allons à la rencontre de notre Seigneur. Et, quelles que soient les luttes et les tempêtes de notre corps, de notre cœur et de notre âme, soyons sûrs que le Christ nous tend la main et nous « tire vers le haut », vers lui. Nous sommes certains qu’il est avec nous « jusqu’à la fin des temps ». A notre tour aussi, tendons la main à nos frères et sœurs transis par la peur et accablés par le doute dans la vie. En ce 19ème dimanche du temps ordinaire, c’est bien à dessein que la célébration eucharistique commence par cette prière : "Fais grandir en nous l'esprit filial afin que nous soyons capables d'entrer un jour dans l'héritage qui nous est promis." A la suite de Jésus, soyons confiants pour passer des rives de nos égoïsmes, de nos doutes et de nos ténèbres à «d’autres rives», celles de la liberté et de l’abondance, celles de la lumière et de la connaissance, les rives de la résurrection et de la vie nouvelle, les rives du Seigneur…


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