29/08/2008

Plaire à Dieu… tout un programme de vie !

Le texte de la seconde lecture que la liturgie nous propose en ce 22ème dimanche du temps ordinaire est extrait de la Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 12, 1-2). Deux versets “seulement“(!), pourrait-on dire, mais qui nous encouragent à vivre véritablement et raisonnablement notre vie de chrétien.
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12
01 Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c'est là pour vous l'adoration véritable.
02 Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.
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Quelques repères pour la réflexion

Dans les chapitres précédents, Paul vient de « dérouler » les fondamentaux de sa doctrine théologique. Mais tous ses cheminements convergent vers une seule et même évidence : la tendresse infinie de Dieu. Lorsque donc il exhorte ses frères à offrir à Dieu leur propre personne et leur vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu, cela n’est pas de la nature de “simples maximes“, de règles de vie sommaires. L’adoration véritable, c’est-à-dire logique, ne peut se comprendre à partir des catégories usuelles de la théorie (d’un côté) et de la pratique (de l’autre). Il n’y a pas de hiatus possible entre la doctrine et la vie concrète. Saint Paul veut nous faire comprendre que toute action d’un chrétien se fonde sur l’action antérieure de Dieu en Christ : c’est justement en raison de ce que Dieu a fait en Christ que les chrétiens sont appelés à manifester et vivre une foi qui s’exprime concrètement dans la vie et le service durable en église. Cela signifie que, pour ce qui est du mode de vie chrétien, les exhortations de saint Paul sont, en fait, une autre manière d’exprimer l’Evangile du salut en Jésus Christ. Le chrétien ne saura reconnaître quelle est la volonté de Dieu en dehors de la tendresse infinie de celui qui a sacrifié (au sens étymologique de “sacrum facere, c’est-à-dire rendre sacré“) sa vie pour tous les hommes.

Et nous ne sommes pas seuls dans cette démarche d’offrande et de sacrifice de soi. Ce ne sont pas les interminables libations qui nous rendront dignes de l’infinie tendresse du Christ : «Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé» (Ps. 50, 18-19). Le Christ lui-même est avec nous qui nous soutient dans notre «sacrification».

La suite de l’extrait de cette Lettre aux Romains donne un ton encore plus direct et plus incitatif à cette exhortation :
«Au nom de la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun d’entre vous : n’ayez pas de prétention au delà de ce qui est raisonnable, soyez assez raisonnables pour n’être pas prétentieux, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a donnée en partage. En effet, comme nous avons plusieurs membres en un seul corps et que ces membres n’ont pas tous la même fonction, ainsi, à plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ, étant tous membres les uns des autres, chacun pour sa part».

La réalisation de la volonté de Dieu est affaire individuelle et collective, car «Unus christianus – nullus christianus» (un chrétien seul n’est pas chrétien). En effet, on ne peut être chrétien qu’ensemble, avec nos frères et sœurs en Christ. Dès les premiers temps (parcourons les Actes des Apôtres), le christianisme a été une réalité collective, et les apôtres rappellent cette donnée fondamentale constitutive de notre Eglise: Etre chrétien, cela signifie que l’on appartient à l’Eglise à laquelle on est incorporé, c’est être membre de la communauté apostolique qui a été constituée et rassemblée par Jésus lui-même. Dans son enseignement, Paul insiste sur le fait que les chrétiens ne sont pas seulement unis entre eux : avant tout, ils sont un en Christ. C’est parce qu’ils sont unis unis qu’ils le sont entre eux ; la relation au Christ fonde et justifie celle des chrétiens entre eux. C’est cette communion préalable avec le Christ qui rend possible la communion en lui de tous les frères et sœurs, y compris ceux en dehors de l’Eglise, en particulier nos ennemis. Car en effet : «Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés» (1 Jn 4,10), ce n’est pas non plus nous qui l’avons choisi, mais c’est au contraire lui qui nous a choisis, «qui nous a séduits» (Jr 20, 7).

La volonté de Dieu, c’est que toutes ses brebis soient réconciliées et sauvées en Jésus Christ. Et Saint Paul nous exhorte à vivre dans une tension soutenue vers ce but ultime : savoir reconnaître la volonté de Dieu et ce qui lui plaît, et s’offrir comme instrument de sa glorification dans ce monde. La question (à la fois théologique et morale) que nous devrons nous poser à chaque instant de notre vie individuelle et collective est la suivante : En quoi ce que je fais contribue-t-il à la manifestation de la gloire de Dieu au milieu de mes frères, ceux qui me sont proches à bien des égards, mais aussi ceux qui sont éloignés voire opposés ou hostiles à ma foi chrétienne ?

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