13/08/2008

« Femme, ta foi est grande,
que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

Chers amis, bonjour !

Voici le texte de l'Evangile de ce 20ème dimanche du temps ordinaire. Alors que l'intégration des juifs et des païens n'était jusqu'alors qu'objet d'espérance, Jésus réalise la prophétie d'Isaïe. Il entre chez les païens pour leur annoncer que le salut de Dieu est universel.
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Jésus face à la cananéenne… une païenne
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E
vangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
(Mt 15, 21-28)

15
21 Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
22 Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : «Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon.»
23 Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent pour lui demander : «Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris !»
24 Jésus répondit : «Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël.»
25 Mais elle vint se prosterner devant lui : «Seigneur, viens à mon secours !»
26 Il répondit : « l n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. -
27 C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.»
28 Jésus répondit : «Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux !» Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.
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Quelques repères pour notre méditation

Notre monde d’aujourd’hui est plein de «chercheurs de Dieu» qui s’adressent à lui, chacun dans sa langue et sa culture, chacun avec le poids de sa vie, sa souffrance et son espérance… Dans l’Evangile de ce jour, la cananéenne qui aborde Jésus pour lui demander la guérison de sa fille est originaire de la région de Tyr et de Sidon, l’actuel Liban, où Jésus s’est retiré quelques temps pour prier et méditer. Elle est donc étrangère à la foi juive. Les cananéens de l’époque du Christ étaient considérés comme des marginaux et des païens par les juifs, qui les traitaient presque comme des chiens. Et malgré cela, cette cananéenne fait preuve d’une hardiesse et d’une témérité inouïes ; elle est prête à tout pour sauver sa fille : «Seigneur, fils de David, aie pitié de moi». Sa requête est une étonnante prière dans la bouche d’une femme étrangère à la foi juive ; et de plus, elle ignore la véritable identité de Jésus. Elle l’invoque comme Messie et comme Seigneur. Son humilité est semblable à celle que l’on trouve dans les psaumes : consciente de sa petitesse et de son indignité face à Jésus, elle insiste tout de même ; et la réponse de Jésus nous paraît très dure, très sèche, voire méprisante : «Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens…». La cananéenne est assimilée à un petit chien. Cependant, l’usage de l’adjectif «petit» et le ton employé suggèrent plutôt que Jésus, en mettant en exergue la réputation faite aux cananéens, veut permettre à cette femme d’exprimer devant les disciples une foi dont ceux-ci la croient peut-être incapable. «Mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres…». Nous connaissons un autre ami de Jésus, Lazare, qui se nourrissait aussi des miettes qui tombaient de la table de ses maîtres.

Avec une répartie et un à-propos admirables la cananéenne fait valoir timidement son droit à profiter du salut réservé en priorité à Israël. Elle croit que ce salut est universel autant que Dieu lui-même qui l’accorde dans son amour. Emerveillé de cette foi simple et authentique, Jésus exauce sa demande. Elle ne demandait que des miettes, mais voilà que Jésus la fait asseoir à la table du banquet, celle de tous les fils de Dieu.

Sans aucun doute, ce récit consigné par Matthieu s’adressait à des juifs convertis ; il avait sûrement son importance dans l’annonce de l’Evangile à cette époque où les païens de tous bords (dont d’anciens cananéens) intégraient la jeune Eglise. Suspectés de venir uniquement manger le pain des judéo-chrétiens, ils n’étaient pas — et c’est le moins ! — toujours bien accueillis. Cette situation historique, certes dépassée aujourd’hui, n’en garde pas moins de son actualité. Qui sont-ils, ces païens d’aujourd’hui, qui viennent frapper à la porte de l’Eglise ? Qui sont-ils ces «étrangers» au Christ pourtant en quête de Dieu et de salut ? Membres d’autres religions, ils acceptent de dialoguer et sont intéressés par le message évangélique dans lequel ils entrevoient des reflets, des cohérences avec leur propre foi… Mal-croyants, marginaux de la foi, adeptes des superstitions qui les laissent insatisfaits…
Baptisés qui n’ont pas ou n’ont plus eu de contact avec la foi au Christ au travers d’une communauté… Indifférents aux religions que, que la question de Dieu intéressent pourtant… Tous, lorsqu’ils s’approchent pour voir, écouter, dialoguer, prier, trouver un réconfort, comment les accueillons-nous parmi nous, dans nos communauté chrétiennes ? Ils sont souvent présents dans nos assemblées, lors des baptêmes, mariages ou sépultures, plus attentifs qu’on ne pense à ce qui est dit et vécu. Parfois, ils reviennent prier secrètement dans nos églises, mais qu’avons-nous à leur offrir ? des miettes ou du vrai pain ? Eux aussi font partie de la grande famille de Dieu ; car l’Esprit ne connaît pas de frontière, l agit dans la vie de ces hommes et de ces femmes de bonne volonté. L’Eglise est ouverte à eux, elle est envoyée vers eux. Sans renier sa foi en Christ, unique Médiateur entre Dieu et les hommes, notre Eglise conciliaire doit être à l’écoute des «semences du Verbe» en tout homme.
Ce récit de la canannéene nous invite à un regard intérieur sur nous-mêmes, sur notre société… Disciples de celui qui s’est fait frères universel de tous les hommes, nous avons un témoignage spécifique à porter : vivre comme Jésus, en frères et sœurs de notre prochain, de tout homme quel qu’il soit. Comme Jésus, apprenons à répondre aux cris d’appels des cananéens d’aujourd’hui, tous ces hommes et femmes en quête de miettes qui tombent des tables du monde. Trop de chrétiens repus de nourritures terrestres dédaignent le Pain des enfants que le seigneur nous partage si largement : le Pain de sa Parole, le Pain de son Eucharistie. Celui qui mange de ce Pain-là vivra à jamais. Demandons à Christ de nous donner la foi de la cananéenne, demandons-lui de venir vivre en nous. Puissions-nous être plus attentifs à la dimension missionnaire de la vie de l’Église et à l’accueil de l’étranger.

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