07/08/2008

« … moi, je ne t'oublierai pas. » (Is 49, 15)

Libérer définitivement toute la Création et assurer son accession à sa gloire, tel est bien le dessein d'amour de Dieu, depuis Adam en passant par Abraham, Moïse et les prophètes… jusqu'à Christ mort et résuscité. Telle est la démarche de la grâce que décrit l'Apôtre Paul aux Païens, aux Gentils et aux autres peuples qu'il s'emploie à évangéliser. Mais alors que la Parole du Christ et la conversion gagnent tous les autres peuples, les juifs, «ses propres frères de chair» y sont hostiles. De quoi plonger Paul dans une poignante remise en cause de son propre engagement… de quoi l'affermir également dans l'espérance du salut en Christ, et Christ seul !
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L
ettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 9, 1-5)

9
01i Frères, j’affirme ceci dans le Christ, car c’est la vérité, je ne mens pas, et ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint.
02 J'ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante.
03 Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ :
04 ils sont en effet les fils d'Israël, ayant pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu ;
05 ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen.
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Quelques pistes de réflexion

Paul nous interpelle à n’en point douter, lui le bandit, le terroriste juif qui a été terrassé sur la route de Damas et qui, choisi par le Christ en dépit de sa criminelle réputation, aura reçu de lui la grâce d’annoncer sa Bonne Nouvelle. Nous connaissons l’Apôtre qu’il est devenu depuis, inlassable prédicateur au milieu des communautés païennes, pédagogue inspiré de Dieu et artisan de la foi dans les jeunes communautés d’église naissantes. Son sacerdoce, il le tient de la mission évangélique que lui a assignée le Christ : «Je vous rappelle, écrit-il aux Chrétiens de Corinthe, l'Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés et par lequel vous serez sauvés... Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'ai reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas et aux douze... En tout dernier lieu il m'est aussi apparu, à moi, l'avorton. Ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu» (1 Co, 15,1...).

Paul désire et s’emploie donc à leur transmettre la foi, et il ne néglige rien à cet effet : «J'ai été avec les Juifs comme un Juif, pour gagner les Juifs» (1 Co 9,20) et même: «avec ceux qui sont assujettis à la Loi, j'ai été comme assujetti à la Loi — bien que n'étant pas personnellement assujetti à la Loi — pour gagner ceux qui sont assujettis à la Loi» (1 Co 9,20). Paul croit fermement que la merveilleuse fécondité spirituelle que la foi au Christ Jésus donnait aux païens convertis susciterait chez des Juifs, comme par émulation (11,11.14), le désir de ne pas se laisser surpasser (et dépasser ) et les amènerait à s'ouvrir eux aussi à cette foi.

Or, en dépit de cette certitude inébranlable, Paul a dans le cœur «une grande tristesse, une douleur incessante» . Sur la route de Damas, Paul avait compris quelque chose d’essentiel : croire au Christ et se convertir pour le servir ne signifiait pas renier sa foi juive, bien au contraire ! Par sa mort et sa résurrection, le Christ accomplissait les promesses contenues dans les Ecritures. Mais voilà ! Paul qui, avant sa conversion, était du clan des persécuteurs des chrétiens justement au nom de sa foi juive, est à son tour malmené par ses coreligionnaires et ceux-ci se ferment complètement à ses tentatives d’évangélisation. Alors, il s’interroge : que sont devenues les promesses de Dieu au peuple qu’il s’était choisi ? Pourquoi ne réagit-il pas devant leurs égarements, leurs infidélités ? Aurait-il donc oublié ses fils adoptifs ? … Dans les deux versets qui suivent, Paul trouve la réponse à son interrogation : «De même que, pour être postérité d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais c'est par Isaac qu'une descendance portera ton nom, ce qui signifie : ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, seuls comptent comme postérité les enfants de la promesse (Rm 9, 7-8)»«et ainsi tout Israël sera sauvé» (Rm 11,26) car Dieu tient ne peut se renier, il tient parole, il est La Parole.

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