12/10/2009

« Rassasie-nous de ton amour au matin… »

Psaume 89 ( 90 )

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.

Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs
et ta splendeur à leurs fils.
Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l'ouvrage de nos mains.

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Le psaume 89 (90) qui nous est proposé en méditation de ce texte est, on le comprend aisément, une véritable prière de conversion dans laquelle le psalmiste supplie le Seigneur Dieu de laisser sa sagesse, c’est-à-dire son Esprit, pénétrer les cœurs de ses serviteurs et de ses enfants. Il ne s’agit plus de nourriture matérielle que l’on réclame, comme autrefois la manne dans le désert, mais de présence et de nourriture spirituelles: «Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants.» Le psalmiste en vient même à réaliser qu’au fond les enfants d’Israël ne connaissent pas (ou alors les ont oubliées) les œuvres de Dieu et ses bienfaits depuis le retour de Babylone.

Cette prière qui est mise «dans la bouche» de Moïse, homme de Dieu, est en quelque sorte un SOS lancé à Dieu par un serviteur qui a médité sur la brièveté de la vie humaine : vite, vite ! ta Sagesse, Seigneur, car « le temps de nos années fait soixante-dix ans, quatre-vignts, si la vigueur y est». Vie humaine corrodée et écourtée par le péché. Ainsi, de la fragilité de l’homme et de la brièveté de sa vie procède la sagesse qui crainte (c’est-à-dire amour) de Dieu). Or, cette sagesse n’est efficace qui si elle emplit les cœurs de tous les enfants d’Israël, parce qu’alors ils auront appris «la vraie mesure» de leurs jours.
Ainsi donc, alors qu’Adam, gonflé de son orgueil, avait succombé à la tentation de vouloir égaler Dieu par la maîtrise de la connaissance absolue du bien et du mal, le psalmiste comme le roi Salomon ramènent l’homme dans son originelle posture de créature et, comme telle, finie devant Dieu qui est la seule source de sa plénitude. De même, alors que dans leur folie de vouloir se passer de Dieu les enfants d’Israël ont à chaque fois sombré dans le désordre et les affrontements (Sodome et Gomorrhe, la Tour de Babel, etc.), la reconnaissance et l’acceptation libre de la grandeur et de la toute puissance de Dieu réinsère l’homme dans l’œuvre de la création, telle qu’initialement voulue par Yavhé. Car c’est Dieu qui donne à l’homme sa grandeur dans sa petitesse, sa force sans sa faiblesse… c’est Dieu qui relève l’homme qui tombe, c’est Dieu qui consolide l’œuvre de ses mains. Avec le psalmiste, demandons au Seigneur de faire en sorte «que nous passions nos jours dans la joie et les chants», c’est-à-dire que toute notre vie soit une louange d’action de grâce à la gloire de son saint nom.

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