21/10/2009

Quand le Seigneur ramena nos captifs…

Psaume 125 (126), 1-6


En écho au texte de Jérémie, le Psaume 125 (126) apparaît comme une véritable célébration de la libération et de la délivrance. Libération et délivrance du peuple d’Israël sorti de la captivité d’abord d’Egypte, puis plus tard de Babylone. Ce psaume vient en écho au texte de Jérémie. Nabuchodonosor est renversé par le nouvel homme fort, Cyrus, qui décide de renvoyer dans leurs pays respectifs les peuples déplacés par l’ancien tyran. C’était là chose inespérée… Qui l’eût cru, qui l’eût imaginé un seul instant ?: «Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve!» La joie est si grande que le psalmiste emploie deux mots-clés pour la symboliser : l’eau (comme autrefois des torrents dans le désert) et la semence (et la moisson qui en résulte). Car le retour sur les riches terres des ancêtres est synonyme de liberté et de travail pour faire enfanter lesdites terres des fruits de leur labeur.


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1 Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,

nous étions comme en rêve!

2 Alors notre bouche était pleine de rires,

nous poussions des cris de joie;

alors on disait parmi les nations :

3 « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur!»

nous étions en grande fête!

4 Ramène, Seigneur, nos captifs,

comme les torrents au désert.

5 Qui sème dans les larmes

moissonne dans la joie :

6 Il s'en va, il s'en va en pleurant,

il jette la semence;

il s'en vient, il s'en vient dans la joie,

il rapporte les gerbes.


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Nous étions comme en rêve


Ce n’est pas tant l’exode en soi, fût-il de retour, qui est mis en valeur ici — car il constitue un mouvement permanent du peuple de Dieu en marche vers le royaume de Dieu — que le fait d’être arrachés de tous les périls qui le menacent. D’ailleurs, chacun de nous peut méditer ce psaume à partir de ses propres expériences de captivités intérieures ou extérieures dans l’appel qu’il lance à Dieu pour le sauver et dans la joie qu’il ressent d’avoir été entendu par le Dieu d’amour et de miséricorde. Car toute vie est parsemée d’épreuves de toutes sortes, de «temps d’exil» que chacun doit «consacrer aux laborieuses semailles de sa purification dans la pénitence, et de sa sanctification
» (RP P. Bougie, PSS). Cela nous éclaire davantage encore dans la compréhension de ces deux paroles, celle de Jésus décrivant sa passion: «Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. 25 Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. 26 Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera» (Jn 12, 24-26), et celle du psalmiste: «Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie.» En effet, lorsque Jésus parle de grain qui tombe en terre et meurt, il évoque non seulement son propre itinéraire mais également celui qu’il nous invite à suivre : pour donner la vie, il faut qu’il meure… pour connaître la vraie joie, il est bon d’avoir quelque peu souffert. Cela, Israël le sait ; il l’a déjà vécu lors de la sortie d’Egypte : le Seigneur Dieu était toujours à ses côtés, et ce en dépit de leurs infidélités. De Babylone il les délivre encore… Et tous d’espérer une libération, une délivrance définitive. Or, nous savons qu’elle sera réalité avec la venue du Messie, du Fils de Dieu.

Dieu sort son peuple de la souffrance pour lui faire connaître la joie ; mais auparavant, il faut être indéfectiblement confiant dans le Seigneur pour remettre sa souffrance entre ses mains pleines de tendresse. Il faut savoir (et apprendre à ) accepter de mourir parce que l’on veut vivre. Ainsi que le souligne si bien Benoît Gosselin (Diacre permanent au Sanctuaire du Saint-Sacrement et membre des Fraternités de Jérusalem à Montréal): «…Mourir à soi même pour devenir ce que l’on est. Mystère à contre courant de l’esprit du monde, et ce que l’on est vraiment, seul le Seigneur le sait. J’accepte de mourir peu à peu parce que je veux devenir ce que je suis dans le cœur de Dieu. À la suite du Christ , invités à adhérer à nos chemins de descente , à accepter de nous perdre pour accueillir la vie, comme la goutte d’eau se mêlera au vin dans quelques instants, pour le sacrement de l’Alliance».

Cette joie de la délivrance qui se mêle aux larmes de la souffrance puise son sens dans le fait que les Hébreux ont réalisé que Dieu était avec eux jusques dans leurs moments de désespoir et de peine. Oui, notre Dieu qui donne couleur et sens nouveaux à nos larmes, non pas des «larmes de crocodile», mais des larmes de joie nourries de la découverte et de la compréhension de la vérité divine. Jésus ne dira-t-il pas à ses interlocuteurs: «Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez!» (Luc 6, 21).


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