14/10/2009

Le serviteur du Seigneur verra la lumière, il sera comblé.

Chers amis, bonjour !

En ce 29ème dimanche du temps ordinaire, fête la Journée de la Mission universelle de l’Eglise, la liturgie nous propose des textes qui portent sur notre espérance en Dieu en dépit des souffrances et des servitudes. Le fil conducteur qui les relie est le suivant : le serviteur justifiera les multitudes (cf. Is 53,10-11), lui notre grand prêtre (cf. He 4,14-16) en qui nous avons mis notre espoir (cf. Ps 32,4-5.18-20.22), lui qui est venu pour servir et non être servi (cf. Mc 10,35-45).

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Première Lecture : Isaïe 53, 10 - 11


10 Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur.

Mais s'il fait de sa vie un sacrifice d'expiation,

il verra sa descendance, il prolongera ses jours :

par lui s'accomplira la volonté du Seigneur.

11 A cause de ses souffrances,

il verra la lumière, il sera comblé.

Parce qu'il a connu la souffrance,

le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes,

il se chargera de leurs péchés.

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Serviteur, esclave… la synonymie laisse à penser que le prophète s’adresse à ses contemporains en période cruciale, probablement d’exil (à Babylone) et de persécution. Le peuple juif voué à la souffrance se sent abandonné de Dieu et désespère. Mais, serviteur aussi dans le bon sens du terme, c’est-à-dire ceux qui, très peu nombreux, qui sont restés fidèles au nom de Dieu. A ceux-ci et à tous les autres, Isaïe — dont le nom signifie «le salut de Dieu» — redonne force et courage: votre souffrance n’est pas inutile, vous pouvez lui donner un sens, justement dans la fidélité à Dieu qui est toujours à côté de vous, et ce quelles que soient les circonstances présentes. Ceux qui persévèrent dans le Seigneur en dépit des tribulations connaîtront la lumière et «par lui s’accomplira la volonté du Seigneur». Isaïe redit donc à tous ceux qui souffrent et qui sont désespérés qu’ils seront co-acteurs, des contributeurs de l’œuvre de Dieu, et parce qu’ils auront été justes, ils justifieront à leur tour leurs descendances et au-delà… L’appel au dépassement de sa propre souffrance pour lui redonner du sens dans l’espérance en Dieu peut en surprendre plus d’un. En effet, la souffrance en elle-même est insoutenable quand elle est causée par la maladie ou tout autre situation naturelle… elle est encore plus intolérable lorsqu’elle est infligée par l’homme à l'homme, par son semblable. Et pourtant, sous-entend le prophète, c’est alors qu’elle revêt un caractère de mystère parce qu’elle est offerte à Dieu comme «sacrifice d’expiation», parce qu’elle est désormais habitée par l’amour et le pardon. Cette souffrance-là ainsi investie de l’amour de Dieu devient source de paix et de liberté.
En réalité, cet extrait qui fait partie de ce qu’on nomme « le chant du serviteur », nous montre un trait fondamental de toute l’activité d’Isaïe: il a conscience d’être investi d’une mission divine, celle d’annoncer à son peuple que
«le salut d'Israël, dont la fidélité de Dieu est le gage, a pour condition sa purification préalable par le châtiment. Seul le "reste saint" qui sortira de ce creuset sera le vrai peuple de l'alliance, auquel les nations se joindront pour jouir avec lui des bienfaits de l'ère messianique». Et c’est ce qui explique sa vision claire et précise du présent et de l’avenir le plus ample et le plus éloigné, particulièrement dans sa description, huit siècles avant Jésus-Christ, des temps du salut.


Cette prophétie est à replacer dans un contexte d’annonce du relèvement en trois phases d’Israël: 1)-
La délivrance temporelle, l'affranchissement du peuple captif à Babylone (cf. les chapitres 40 à 48), 2)- Le salut proprement dit, la délivrance spirituelle opérée par le serviteur de l'Eternel (chapitres 49 à 52) et enfin 3)- L'épanouissement du salut dans l'humanité glorifiée, sur une terre et sous des cieux nouveaux (chapitres 58 à 66). Un mouvement en trois temps qui commence par le retour de l’exil et s’achève par l’œuvre de la nouvelle création.

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