06/09/2008

" Ne gardez aucune dette envers personne,
sauf la dette de l'amour mutuel"

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 13, 8-10)

13
08i Frères, ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi.
09 Ce que dit la Loi :
Tu ne commettras pas d'adultère,
tu ne commettras pas de meurtre,
tu ne commettras pas de vol,
tu ne convoiteras rien ;
ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
10 L'amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, l'accomplissement parfait de la Loi, c'est l'amour.
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Quelques repères pour notre méditation

Dans le chapitre 12 de son Epître aux Romains, l’Apôtre Paul dicte en quelques sorte les règles de vie communautaire, sociale (le culte spirituel, l’humilité et la charité envers tous les hommes y compris les ennemis…) et civique que tout chrétien se doit de respecter. Dans ce extrait, il encourage les chrétiens à la soumission aux pouvoirs civils, ce qui a dû étonner, voire même choquer certains d’entre eux qui n’appréciaient pas du tout (vraiment pas du tout) les paganisme, les brutalités et l’arbitraire des autorités civiles. De plus, cette exhortation de Paul vient en contrepied de celle que nous avons lue dans le texte de Dimanche dernier: «Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu.» Mais comment un chrétien peut-il concilier la recherche et la reconnaissance de la volonté de Dieu et le respect de la loi humaine ?


Tout d’abord, notons que certaines versions traduisent le mot “amour“ par “charité“. Dans Matthieu (22, 34-40), Jésus répond à l’un des disciples: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout son esprit : voilà le plus grand et le premier des commandements. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes». De même Jean (13, 34) rapporte cette parole de Jésus lors de ses adieux : «Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples ; à cet amour que vous aurez les uns pour les autres».

Mais Paul est plus rusé qu’il n’y paraît. Tout d’abord, il affirme que ‘amour d’autrui (compris non seulement comme le membre du même peuple, mais comme tout membre de la famille humaine unifiée dans le Christ) est déjà le signe de l’accomplissement de la loi en général, donc y compris mosaïque. Ensuite, il souligne l’exigence de la morale chrétienne : puisqu’en principe toute loi «bonne» est sensée porter en elle les exigences de justice et d’équité pour tous les membres d’une communauté, la respecter ne suffit pas. Il ne suffit pas d’éviter de faire le mal, il faut aller au-delà : il faut aimer son frère. La seule dette à valoir envers nos frères, c’est l’amour mutuel, car seul l’amour représente et accomplit a loi dans sa plénitude. Déjà, en effet, Dieu avait dit aux enfants d’Israël: «Soyez saints, car moi, Yavhé votre Dieu, je suis saint… Vous garderez mes lois.» (Lv 19, 2 et 19). Paul n’aura de cesse de proclamer ce commandement qui est au cœur de tout l’édifice de la morale chrétienne, par exemple aux Galates: «Car un seul précepte contient toute la loi en sa plénitude : tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Ga 5, 14) et aux Corinthiens: «…La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse…» (1 Co 13, 4). Tout vrai pouvoir vient de Dieu, à condition qu’il soit irrigué de cette justice dont lui-même est l’essence. Et le seul pouvoir qui soit divin, c’est celui de l’amour dont il a témoigné pour notre salut, jusqu’à offrir sa propre vie sur la Croix.

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