14/09/2008

« Allons à la source de la vie » !

Chers amis de “l'Evangile au quotidien“, bonjour !

L'évènement majeur de ce jour est bien la visite papale à Lourdes pour la célébration du 150ème anniversaire des apparitions de la Sainte Vierge Marie à Bernadette Soubirou. Toutes les déclarations "politiques" et pastorales du Saint Père à cette occasion sont disponibles sur tous les sites dédiés, dont celui du Vatican, bien sûr ! Mais en ce 24ème dimanche du Temps ordinaire, la liturgie nous propose de méditer un extrait de l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 3, 13-17) :
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3
13i Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
14 De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé,
15 afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
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Quelques repères pour notre méditation

L’Eglise nous invite à regarder la Croix glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ. Les fêtes de la Croix sont apparues en l’an 335 à Jérusalem et à Constantinople ; elles s’inspiraient de celles du Yom Kipour et des Tentes (fêtes des semailles), c’est-à-dire des moments particuliers de l’expression du pardon. Des Croix, il en existe partout : dans et sur nos églises, au croisement de nos routes, dans nos maisons, sur nous-mêmes… Oui, l’Eglise nous demande aujourd’hui de regarder cette Croix, symbole de notre liberté et de notre salut.
Bien entendu, cette Croix fait écho à l’étendard sur lequel Moïse suspend le serpent d’airain. Quelle importance, quelle signification cette histoire du serpent d’airain revêt-elle encore pour nous? Cet épisode du Livre des Nombres parle bien à toutes celles et à tous ceux qui ont séjourné dans le désert, en Afrique ou les grands espaces arides des Amériques du Nord et du Sud. Le danger est partout, on est tout le temps en alerte : un scorpion peut être à l’affût sous un caillou, un serpent fondu et confondu dans les feuillages des arbres peut vous effleurer de ses morsures, etc. C’est au milieu de tous ces dangers qu’évolue le peuple hébreu au sortir de l’Egypte, à travers les différents déserts sur la route de la Terre promise.
Mais, le serpent le plus venimeux, c’est en réalité ce peuple hébreu même qui rouspète sans cesse contre tout et surtout contre Dieu et Moïse. Cette image est celle de tous les temps : le même homme d’aujourd’hui, facine par un quotidien fantasque par certains côtés (exploits technologiques…) est cependant angoissé au point de douter et de perdre toute espérance au regard des interrogations fondamentales de la vie (l’âme, la finalité de d’homme et du monde, la mort, l’au-delà de la mort…). En hissant le serpent sur le mât, Moïse pense (ou renvoie) à la symbolique de l’arbre de la vie.

Dans la partie amont de cet entretien avec Nicodème, Jésus déclare : «En vérité, en vérité, je vous le dis, à moins de naître d'en-haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu … A moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer au Royaume de Dieu». On devrait comprendre "en vérité, en vérité, je vous le rapporte". En effet, le Christ ne parle pas de son propre chef, il dit ce qu'il a vu auprès de son Père dont il transmet les paroles et les enseignements ("j'agis comme le Père me l'a ordonné" — Jn 14, 3). Dieu est Parole efficace et par elle tout fut tiré du néant; c'est cette Parole qui vivifie les âmes et sort les morts vivants du tombeau; c'est par cette Parole que l'homme devient enfant de Dieu par le don de l'Esprit. Une seule condition est posée pour l'homme : croire cen cette Parole, demeurer en elle, la garder et suivre son commandement d'amour. Cette Parole est mystérieuse, "subversive", dure à entendre. La recevoir exige un cœur doux et humble.
Jésus lui-même explicite la toute puissance de la miséricorde de Dieu:
«Le vent souffle où il veut; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Ainsi est-il de quiconque est né de l'Esprit…». Et Nicodème d'objecter: «comment cela peut-il se faire?». Rappelons-nous, c’est la même question que pose la Vierge Marie à l’Ange Gabriel, mais à la différence (et elle est de taille) que Nicodème ne croit pas (alors pas du tout) à la possibilité réelle de la manifestation des merveilles de Dieu. Oui, Jésus plante la Croix dans le décor, tel un arbre sec. Et l’on peut comprendre le trouble de Nicodème : pourquoi ce Dieu prêche-t-il la souffrance, pourquoi exalte-t-il la mort comme passage obligé vers sa glorification, pourquoi nous invite-t-il à la renonciation, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?…

Tel le serpent d’airain, «il faut que le Fils de l’homme soit élevé…» sur et au-delà de la Croix pour que, dans son amour infini, il nous élève avec lui vers son Père:
1)- Dieu a tant aimé le monde : impossible donc de parler de croix sans la planter en terre d’amour. Dieu a tant aimé ce monde que continuellement nous décrions ! Ce regard de Dieu sur le monde est un regard de confiance. Son amour pour le monde est si grand que Dieu le Père lui envoie son propre Fils.
2)- Tout homme qui croit en Lui, tout homme qui accepte de passer de la rouspétance à l’accueil d’un Dieu qui nous aime dans les évènements joyeux ou denant nos croix, alors celui-là aura la vie éternelle.
3)- Je ne suis pas venu pour juger mais pour sauver : dans nos sociétés civiles, le juge c’est celui qui sanctionne ceux de ses concitoyens qui transgressent la loi. Mais ce rôle de juge, Jésus le réserve à son Père, à la fin des Temps, lorsqu’il viendra juger les vivants et les morts.
4)- Afin que par lui le monde soit sauvé : la science «tire» l’homme de toutes sortes de situations périlleuses. Mais avec Jésus ressuscité, Dieu n’est plus à côté ni au-dessus de nous, il est au-dedans de nous. Désormais un au-delà de nous-mêmes s’ouvre à la plénitude. Jésus nous sauve du vide de sens :
la Croix, arbre de supplice, devient signe d’amour… (« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font »)…;
la Croix, arbre de la peur et de la haine devient signe de vérité et de paix, de courage et de fraternité…;
la Croix, arbre desséché de l’abandon, devient signe de la réconciliation et du don parfait: par delà la simple piété filiale, Jésus proclame et consacre la maternité spirituelle de Marie, nouvelle Eve, à l'égard des croyants (« Femme, voici ton fils… »);
la Croix, arbre de la mort, devient source de la vie donnée en Christ.

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