06/09/2008

"Aujourd'hui, écouterez-vous sa parole ?"

Psaume (94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)

01 Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
02 Allons jusqu'à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

06 Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
7a Oui, il est notre Dieu ;
7b nous sommes le peuple qu'il conduit,

7d Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?
8a « Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
09 où vos pères m'ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit.
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Je vais volontairement focaliser ma réflexion sur ce verset que je cite en entier: «Aujourd'hui écouterez-vous sa parole? Ne fermez pas votre cœur comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert, où vos pères m'ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit» (v. 8-9).
Que le psalmiste rappelle les expériences de Mériba (qui signifie “dispute“) et de Massa (qui veut dire “tentation“) [Ex 17, 1-7], cela souligne l’importance pédagogique des ces faits d’histoire. En effet, sur ordre de Yavhé, Moïse fit déplacer les enfants d’Israël du campement du désert de Sin pour celui de Raphidim où l’eau manqua. Alors, prit de soif, le peuple se mit à rouspéter et à quereller violemment Moïse, jusqu’à lui reprocher de les avoir sorti d’Egypte. D’autant qu’ils se souviennent de l’abondance d’eau dans le campement d’Elim qu’ils avaient quitté quelques temps auparavant (1): «Pourquoi mettez-vous Dieu à l’épreuve ?», leur répondit Moïse. Et Dieu ordonna à Moïse de prendre en main le bâton dont il frappa le fleuve au sortir d’Egypte et d’aller, cette fois-ci, frapper le rocher : il en jaillit de l’eau, et le peuple eut à boire.

Cette soif d’eau n’est pas sans nous rappeler certaines paroles de Jésus bien plus tard. Nous pouvons par exemple faire le parallèle avec Jean (7, 37-39): «“Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi“; selon le mot de l’Ecriture : “De son sein couleront des fleuves d’eau vive“. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce Jésus n’avait pas encore été glorifié.»
Cette expérience révèle la bienveillance de Dieu face à l’infidélité des hommes. Même ceux qui ont vu ses exploits ne s’en souviennent plus, au point de vouloir (et d’inciter les autres à) le rejeter et à courir vers d’autres dieux.

«Aujourd'hui écouterez-vous sa parole?»
Cette question interpelle la solidité de notre confiance en Dieu non seulement dans les périodes de «bonheur» (c’est tellement si convenable!) mais aussi et surtout dans les difficultés. Moïse conclut cet épisode par une question de confiance qu’il pose énergiquement aux enfants d’Israël : «Yavhé est-il, oui ou non, parmi nous?». On pourrait même oser une traduction plus triviale : « Mais putain de merde! A quels abrutis ai-je donc à faire? Est-ce que une bonne fois pour toutes vous allez faire confiance à Yavhé? Est-ce que vous allez enfin l’écouter?»

“Ephéta“, dira un jour Jésus à l’aveugle qu’il guérit, ou encore «Que celui qui a des oreilles entende», pour conclure un enseignement. Oui, s’ouvrir les sens internes et externes pour «capter» la parole de Dieu, se mettre en disposition de l’accueillir dans son infini amour. Mais c’est Dieu lui-même qui donne, à qui s’abandonne à lui en toute confiance, les moyens sans cesse renouvelés de son salut. C’est aussi là un signe de son infinie miséricorde. Notre foi est vraiment une permanente question de «cum-fidens», c’est-à-dire une expérience relationnelle avec Dieu et une communion partagée avec nos frères. Mais c’est Dieu qui, dans sa bienveillance, nous donne la force de croire.
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(1) - Pour bien comprendre cette situation explosive des enfants d’Israël, se reporter également aux références suivantes : Nb 33, 1-40 / 20, 24 — Dt 6, 16 / 9, 22 / 32, 51 et 33, 8 — Les Ps 78 (15-16), 105 (41) et 106 (32) — Sg 11, 4, puis Is 43, 20

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