17/04/2008

Vous aussi, soyez les pierres vivantes…
Vous êtes chargés d'annoncer les merveilles
de Dieu.

Bonjour !

Pierres vivantes de l'édifice spirituel, tous les fidèles sont chargés d'annoncer les merveilles de Dieu. Voici le texte de la seconde lecture de ce cinquième dimanche de Pâques :
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Première lettre de saint Pierre Apôtre (1P 2, 4-9)

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04i Frères, approchez-vous de Seigneur Jésus : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur.
05 Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus.
06 On lit en effet dans l'Écriture :
Voici que je pose en Sion une pierre angulaire,
une pierre choisie et de grande valeur ;
celui qui lui donne sa foi
ne connaîtra pas la honte.
07 Ainsi donc, honneur à vous qui avez la foi, mais, pour ceux qui refusent de croire, l'Écriture dit :
La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle,
08 une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber.
Ces gens-là butent en refusant d'obéir à la Parole, et c'est bien ce qui devait leur arriver.
09 Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d'annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.
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Quelques repères pour notre méditation :

Nous sommes toujours dans cette période de conversions massives — ainsi que s’emploie à le préciser désormais Saint Luc à chaque épisode — suite aux prédications et aux exhortations des apôtres, Pierre en tête. Ici, ce dernier s’adresse aux esclaves qui, dans le droit romain, étaient considérés comme de véritables objets à la disposition de leurs maîtres. Corvéables à merci et parfois victimes de sévices gratuits, ils pouvaient aussi être utilisés pour le seul plaisir, pour les seuls caprices de ceux-ci. Et c’est dans ce contexte que Pierre leur demande d’«imiter le Christ».

Il faut avouer que le mot de Pierre peut paraître dur, décalé et presque grossier et provocateur («à côté de la plaque», dirait-on aujourd’hui). Comment en effet recommander à des personnes qui sont maltraitées, parfois sans raison, de ne pas se rebeller contre les violences dont ils sont l’objet, de ne pas insulter lorsque le maître vous couvre d’insultes, de ne pas menacer quand bien même il vous accable de souffrance ? Pierre va plus loin : «Si l'on vous fait souffrir alors que vous avez bien agi, vous rendrez hommage à Dieu en tenant bon. (verset 20 )... C'est bien à cela que vous avez été appelés, puisque le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces.» (verset 21).

«Tenir bon…» : l’expression est crue et rude. Le chrétien aurait-il donc vocation à accepter la souffrance, voire à la rechercher comme une moyen sûr d’obtenir le salut? En réalité, non ! Dans la souffrance, dans l’humiliation, le chrétien doit tenir bon à l’image du Christ qui, pour avoir souffert les crachats, les injures et la méchanceté des hommes dans sa chair blessée, nous a sauvés de nos péchés. En disant aux esclaves «tenez bon», l’apôtre Pierre replace Christ au centre de la vie de chaque homme, y compris ceux qui souffrent de l’esclavage ou qui sont persécutés pour leur foi. C’est donc le même message qu’il continue de faire passer : «Approchez-vous de Seigneur Jésus, il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur… Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus.»

Le christ, en acceptant de faire la volonté de son Père face à l’horreur absolue de la lâcheté humaine, est le symbole même de l’obéissance libératrice, l’exemple parfait de la fidélité au projet divin : en mourant sur la croix, il entraîne et transforme sa souffrance dans sa propre glorification. Souffrir l’injustice à cause du bien que l’on fait est une grâce. Remettre sa souffrance au Christ, c’est donc d’une façon, devenir une « pierre vivante » dans le projet de Dieu, c’est devenir soi-même une offrande à sa gloire.

L’esclavage social et politique auquel est confronté l’apôtre Pierre préfigure à n’en point douter l’esclavage spirituel dont souffriront plus tard les victimes des politiciens cupides et véreux, des marchands de bonheur, des idéologues et autres faux bergers et imposteurs qui séviront de par le monde, et parfois au nom de Jésus Christ. L’apôtre Pierre pressent également les injustices que devront subir les communautés chrétiennes au fur et à mesure de leur développement et de leur expansion au-delà de la Palestine. La parole du Christ est «dangereuse» pour certains pouvoirs politiques, elle dérange déjà à Jérusalem. Les persécutions, les martyres et autres tribulations rappelleront sans doute la passion du Christ, homme et Dieu de paix, qui est allé jusqu’au bout par amour, pour nous sauver, et pour rendre gloire à son Père.

Christ est le premier Enfant du Royaume, il est vivant auprès de Dieu. Et comme jadis Dieu accompagna le peuple élu d’Egypte vers la Terre promise, Christ, le Fils aîné, recommence pour chaque homme un exode humble et caché des ténèbres vers la lumière, du mal vers le bien, de l’injustice vers la justice… Tel est Christ pour nous et avec nous, désormais "passeur" de la mort à la vie. Devenir une pierre vivante, cela veut dire se convertir et se mettre à sa suite, l’approcher dans une tension permanente afin de se laisser habiter par son Esprit Saint qui agit en nous et nous fait messagers de Dieu en actes et en parole.


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