09/04/2008

“Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie,
pour qu'ils l'aient en abondance“…

Quatrième dimanche de Pâques
Journée Mondiale de prière pour les vocations


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 10, 1-10)

10

01i Jésus parlait ainsi aux pharisiens: "Amen, amen, je vous le dis: celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
02
Celui qui entre par la porte, c'est lui le pasteur, le berger des brebis.

03
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.

04
Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix.

05
Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s'enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. »

06
Jésus employa cette parabole en s'adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas ce qu'il voulait leur dire.

07
C'est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.

08
Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.

09
Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.

10
Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance.

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Quelques repères pour notre méditation
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Avec l’Evangile de ce dimanche, nous sommes devant un discours de première importance en ce qu’il est à la fois parabole (pour son caractère pédagogique) et révélation (pour son éclairage sur l’identité du Christ). En effet, par deux fois, Jésus scande « Amen, amen, je vous le dis », c’est-à-dire qu’il énonce une vérité qui, ici, définit les critères d’appartenance à un camp ou à l’autre : ceux qui viennent ou reviennent à lui, et ceux qui se laissent gouverner par les autres [les voleurs, les bandits, les idéologues, les usurpateurs, tels Theudas, et surtout Judas le Galiléen qui entraîna son peuple dans une révolte ruineuse (cf. Ac 5 36-37)]. L’histoire de l’homme responsable donne à Dieu l’occasion de révéler sa souveraineté et son dessein d’amour pour l’humanité. C’est ainsi qu’ayant vécu parmi les hommes, il a réalisé la promesse de jadis : investi de l’autorité par Dieu, Christ a été établi bon Berger et bon Pasteur.

L
a figure du bon Pasteur est déjà présente entre autres chez Ezékiel (voir 34 1 et sq) : le bon Pasteur rassemble son troupeau dispersé. Dieu promet de devenir lui-même le Pasteur d’Israël. Jésus se présente comme ce Berger, ce Pasteur annoncé par les prophètes [ Lc 15 1-7 | Mt 18 12-14 et 25 31-46 (le jugement final)]. S'il professe son identité messianique et sa fonction pastorale, c’est que la société de l’époque bouge sans cesse ; les populations (juifs, craignant-Dieu, juifs chrétiens, païens, etc.) sont désemparées, et certaines d'entre elles sous l’emprise de plusieurs faux prophètes et d’illusionnistes qui racontent que “l’épisode de la vie de Jésus“ et surtout sa fin sont un échec patent. C’est la raison pour laquelle Pierre et ses compagnons martèlent à corps et à cris que « Ce Jésus-là » est vraiment ressuscité, qu’ils l’ont vu de leurs propres yeux, qu'
il a vécu publiquement au milieu d'eux et qu'il est bien le Messie qu’attendait Israël.

- Christ n’est pas un voleur qui entre par la fenêtre. Il est le bon et le vrai Berger des brebis égarées. Il les connaît toutes et celles-ci connaissent sa voix : quand il leur parle, elles le reconnaissent. Mieux ! Christ est lui-même la porte de la bergerie et il donne sa bénédiction à ceux qui le suivent. Porte de sortie pour échapper à ce qui est corrompu, il est aussi la seule porte d’entrée des bénédictions que Dieu réserve à ses brebis. Parmi ces bénédictions : le salut de l’âme, la délivrance du jugement et la liberté dans une pâture abondante et inépuisable.
- Christ est le bon Berger, c’est-à-dire celui qui prend soin de ses brebis et qui va jusqu’à donner sa vie pour elles face aux agressions du voleur, de l’homme à gage ou du loup. Au fait, à quoi reconnaît-on le bon Berger ? 1)- les brebis écoutent sa voix, 2)- elles sont connues de lui qui les appelle individuellement par leur nom, et 3)- elles le suivent. Notons ici le continuum parfait entre les deux épîtres, le psaume et l’évangile de ce quatrième dimanche : la confiance totale en Christ pour qui accepte de le suivre et l’assurance d’une vie transformée par la grâce de l’amour en plénitude.

Il est intéressant de noter ici l’acte qui signe l’appartenance au troupeau du Christ : le baptême. Jésus, premier des baptisés, est la porte d’entrée pour une relation privilégiée avec Dieu et ses frères de la communauté. Par le baptême, Dieu nous donne un nouveau nom connu de lui seul et de chacun des baptisés (voir aussi Ap.
32 17 pour la similitude). Le baptême établit une sorte de pacte entre le Berger et sa brebis, un lien scellé autour de cette vocation (appel) du Berger à la brebis et réciproquement (« De ma voix je crie à l’Eternel, et il me répond de sa montagne sainte » Ps 3 5). C’est dire que Jésus noue une relation profonde avec chacun de nous. Au contraire de tous ceux qui, avant lui, s’étaient présentés comme de faux guides et bergers, lui seul nous ramène à lui et lui seul nous restitue à nous-mêmes, enrichis et transformés et en communion avec nos frères. Christ est présent à (en) nous et en plénitude, et c’est ainsi qu’il nous fait parcelle de son Corps unique. Saint-Augustin, dans un de ses sermons, a insisté sur l’unicité du Christ et sur l’unité de son Corps : il y a une seule tête, un seul corps, un seul Seigneur, et par conséquent un seul Berger et Pasteur : Christ est le Berger universel.

Dernier point : la vie moderne, surtout citadine, avec les contraintes du MBD (métro-boulot-dodo) ou de la consommation non maîtrisée, avec les inconséquences d'une exploitation irresponsable et égoïste de la nature et de ses richesses… cette vie-là est significative de la façon dont les personnes se vident de leur volonté en se laissant enfermer dans des schémas stressants et des rythmes sociaux effrénés. On s’y perd… dans la foule, dans la masse, dans l’incognito, dans l’oubli, dans l’exclusion, dans l’anonymat. Pourtant, l'espoir est encore à nos portes : Christ, le bon Pasteur, nous propose de faire l’expérience de la reconnaissance et de la confiance, de la quiétude et de la joie, de l’émancipation et de la liberté : dans son troupeau et dans ses pâturages, il nous donne la vie, l’amour et la grâce en abondance…


Crédit photo : mosaïque de la moitié du 5ème siècle "le Berger assis", au mausolée de Galla Placidia, à Ravenne, Italie.

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