09/04/2008

Une église vivante au cœur du monde…

Il faut se replacer dans le contexte de l’après-résurrection du Christ. Les multiples apparitions du Christ à ses disciples ont «requinqué le moral des troupes». Alors, il faut prendre les choses en main et annoncer la parole du Maître, témoigner de tout ce qu’il a fait et qu'ils ont vu, et rappeler sa promesse du salut. Je vous propose quelques repères pour la méditation des textes publiés hier (voir infra) :

Le jour de Pentecôte, le feu de l’Esprit s’est emparé des apôtres. Pierre, transformé et galvanisé plus que jamais se lève et parle à la foule, exhortant dans sa langue maternelle chacun des interlocuteurs à se convertir. Sans nul doute, Pierre apparaît au premier plan, il agit déjà en chef du groupe apostolique.
A la question : «Que devons-nous faire ?», la réponse de Pierre est sans ambiguïté : «repentez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez alors le don de l’Esprit». Sont posés là les fondamentaux (je dirais même les conditions) de toute appartenance ou adhésion à la communauté chrétienne.
Le repentir (que l’on retrouve à plusieurs endroits des Ecritures (par exemple dans Mt 3 2) pour obtenir le pardon de ses péchés (voir aussi dans Ac 3 19-26 ; 5 31 ; 10 43 ; 13 38 ; 17 30 ; 26 20 | Lc 1 77 ; 3 8 ; 5 32 et 13 3) et le baptême que l’on reçoit en «invoquant le nom de Jésus Christ». Donné au nom de Jésus Christ, le baptême dont parle Pierre ne renvoie pas tant le rituel qu’à la profession de foi au Christ, à la prise de possession par le Christ de ceux qui lui sont désormais consacrés.
La promesse de l’Esprit est faite aux juifs d’abord (bien sûr !), mais aussi à «tous ceux qui sont au loin», c’est-à-dire les païens. On ne peut manquer de signaler ici que ces paroles résonnent en écho à celles du prophète Isaïe (57 19) : «… Paix ! Paix à qui est loin et à qui est proche ! dit Yavhé. » Pierre et ses compagnons concentrent donc leurs efforts pédagogiques autour du fait majeur dont ils ont été témoins : Ce Jésus, dont le patriarche David avait vu et annoncé la résurrection, Dieu ne l’a pas abandonné à l’Hadès et sa chair n’a pas connu la corruption. Dieu l’a ressuscité… “Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ…“.
____________________________________________________________________

Brazzaville, le 6 avril 2008 :
grand-messe des communautés chrétiennes de l'archidiocèse.

____________________________________________________________________
Dans le second texte de Pierre, il est question de «dicter» aux chrétiens des premières communautés la conduite à tenir dans la société politique dans laquelle ils vivent. Il les assure du soutien indéfectible de Christ, mais il leur rappellent que lui, le Seigneur, a justement été victime de la méchanceté et de la lâcheté des hommes, alors que toute sa vie durant il n’avait fait que du bien. C’est pourquoi Pierre insiste sur la grâce que constitue le fait de souffrir pour avoir fait le bien, comme le Christ lui-même.
La feuille de route est donc toute tracée. Les chrétiens sont inéluctablement immergés dans un monde où ils sont soumis aux institutions et aux ordonnances humaines, mais pour l’amour du Seigneur. Pour le chrétien, Christ est désormais la seule référence existentielle, il est l’exemple : «Il a souffert pour nos péchés, afin qu’en ayant été délivrés, nous vivions à Dieu.» Le chrétien appartient au Christ qui est son guide, le berger qui ramène à lui, c’est-à-dire dans le vivier de la paix, dans le projet du salut divin, toute “brebis errante“ (nota : Pierre s’adresse aussi et surtout à des juifs ; ainsi, il placera constamment les chrétiens juifs sur le terrain du “résidu béni“, en en faisant une question de salut d’âme. Cette notion de “brebis errante“ fait allusion, semble-t-il, au dernier verset du Ps. 119 [(v. 176)].
____________________________________________________________________

Suivre le Christ et s’en remettre à lui en toute confiance, c’est le sens même de ce merveilleux psaume 23 (22). Sous la double image du pasteur et de l’hôte qui offre un festin messianique, la sollicitude divine pour les justes est décrite en des termes forts et poétiques, particulièrement dans ses allusions à la tradition hospitalière orientale («… Tu répands le parfum sur ma tête…»). Ce psaume, habituellement appliqué à la vie sacramentelle, s’articule bien avec les deux autres lectures de ce quatrième dimanche de Pâques, particulièrement au baptême dont parle Pierre (voir supra) et à l’Eucharistie que partageaient les membres des premières communautés chrétiennes à travers la fraction du pain et les prières.


Crédit photo : Georges Malonga (rassemblement des chrétiens de Brazzaville au stade Eboué le 6 avril 2008 pour une grand-messe de clôture de l'année du cardinal Emile Biayenda)


Aucun commentaire: