16/04/2008

Hommes justes, jouez pour le Seigneur !
avec un chant nouveau, dites sa louange…

Bonjour (ou bonsoir !), mais peu importe…

[Note liminaire : le psaume qui nous est proposé en ce cinquième dimanche de Pâques s’intitule en réalité: «Pour la fin. Psaume de David». Il vient à la suite du précédent dans lequel le psalmiste a médité sur sa propre justification. Ici, il traite de la grandeur et de la dignité des justes qu’il exhorte à la joie et à la louange pour le Seigneur].
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P
saume (32, 1.2b-3a, 4-5, 18-19)


01
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !

Hommes droits, à vous la louange !

2b
jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.

3a
Chantez-lui le cantique nouveau,

04
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;

il est fidèle en tout ce qu'il fait.

05
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.
18
Dieu veille sur ceux qui le craignent,

qui mettent leur espoir en son amour,

19
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

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C
ommentaire du psaume et quelques repères pour notre méditation. Procédons pas à pas, mot à mot, verset par verset :

«Louez le Seigneur… Hommes droits, à vous la louange» parce que la parole du Seigneur est droite. «Criez le joie pour le Seigneur, hommes justes !»… Le juste, dans la Bible, est celui qui s’en remet avec confiance au Seigneur, celui qui accepte et intègre le projet de Dieu. C’est l’homme de l’alliance avec Dieu. Seuls donc les justes, parce qu’ils ont le cœur droit, sont dignes de louer le Seigneur : pour toutes choses et en toutes circonstances, ils louent le Seigneur et se réjouissent de se conformer à sa volonté. Il ne s’agit pas ici d’une droiture synonyme d’une justice parfaite, mais d’une rectitude de la volonté de celui qui recherche en permanence l’accomplissement du projet divin, et qui s’en réjouit à chaque instant de la journée.

Ensuite, le psalmiste indique le mode de la louange et de cette joie : «jouez pour lui sur la harpe à dix cordes» (2b) — «Chantez-lui le cantique nouveau» (3a). Il s’agit donc de louer le Seigneur sur la harpe [en réalité le psaltérion ou la cithare (1)] à dix cordes. Tout d’abord, c'est un instrument de musique précis qui est désigné, pour son équilibre et son spectre sonores. Puis, comme second mode de laudation, le chant, c’est-à-dire la voix humaine. Le chant nouveau n’est pas forcément différent à chaque fois, même si l’on peut comprendre qu’à certains moments de sa vie ou de son histoire [ à l’issue d’une délivrance ou d’une guérison — pour une personne, ou au commencement d’une nouvelle phase du salut — pour un peuple, par exemple au sortir de la captivité en Egypte…], un homme ou un peuple peuvent vouloir exprimer leur louange à Dieu avec des cantiques appropriés.

Aux cœurs justes donc, Dieu donne sa grâce et promet sa gloire. Chanter, psalmodier avec des cris de joie… mais en l’honneur de Dieu, pour sa parole qui est promesse de salut, pour sa fidélité et sa droiture, pour sa justice. Cela, l’homme juste l’exalte parce qu’il est sûr que la terre est remplie de la miséricorde du Seigneur.


La dernière strophe peut être traduite ainsi :

18
Voilà que le regard du Seigneur se pose
sur ceux qui le craignent

et sur ceux qui espèrent en sa miséricorde,

19
afin de délivrer les âmes de la mort,

et de les nourrir de la famine



(Ci-contre, joueur de Kora)




La miséricorde divine se manifeste par le regard de Dieu sur ceux qui le craignent, c’est-à-dire ceux qui ont mis en lui toute leur confiance. La crainte et l’espérance sont intimement liées, mais l’une ne se suffit pas sans l’autre. Ainsi, le regard de Dieu sur celui qui le craint et espère, libère du mal, nourrit et délivre de la mort. La famine, souvent née de calamités naturelles ou du pouvoir de domination des hommes (par exemple, le contrôle des terres et des eaux à l’issue des conquêtes territoriales) est jugulée par le Seigneur. Il est le Maître de tout, sa bonté et sa grandeur envahissent toute la terre. Celle-ci est non seulement l’œuvre de ses mains, mais aussi le théâtre de la manifestation de sa toute-puissance et de sa magnanimité. Le regard de Dieu rassure… le regard de Dieu attendrit, car lui seul peut sauver du mal et de la mort…
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(1)- Avis aux spécialistes (ou aux curieux) : le choix de l’instrument n’est pas anodin ; tout est question de hauteur, de timbre, de fermeté ou de douceur. Cela conditionne la nature du chant. A l’époque, selon les études du philosophe Pythagore, ont été institués trois genres de chant : le dorien (premier genre) qui correspond aux premier et deuxième tons — le phrigien (deuxième genre) qui correspond au troisième ton — l’hippodolydien (troisième genre) qui correspond aux cinquième et sixième tons. Ces différents tons de la voix humaine renvoient à différents tons instrumentaux. Ainsi, la flûte et la trompette donnent le premier ton, certains instruments comme l’orgue le deuxième ton, et d’autres comme le psaltérion et la cithare le troisième ton. Mais, alors que la cithare (ou la harpe) sonne grave (comme si la louange montait des profondeurs de l’être et jaillissait d'une source telle une eau vive), le psaltérion sonne haut (comme pour signifier la louange des biens célestes). La Kora africaine (à mon avis) est une synthèse des deux, et ses sonorités claires se prêtent à merveille aux déclamations des griots. Et pourquoi la cithare ou la harpe à dix cordes ? Parce que cela renvoie aux dix préceptes du Décalogue.



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