12/11/2009

Le Seigneur est un abri pour son peuple…

Evangile de Marc 13, 24-32

Jésus parlait à ses disciples de sa venue :

24 « En ces temps-là,

après une terrible détresse,

le soleil s'obscurcira

et la lune perdra son éclat.

25 Les étoiles tomberont du ciel

et les puissances célestes seront ébranlées.

26 Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées

avec grande puissance et grande gloire.

27 Il enverra les anges

pour rassembler les élus des quatre coins du monde,

de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel.

28 Que la comparaison du figuier vous instruise :

dès que ses branches deviennent tendres

et que sortent les feuilles,

vous savez que l'été est proche.

29 De même, vous aussi,

lorsque vous verrez arriver cela,

sachez que le Fils de l'homme est proche, à votre porte.

30 Amen, je vous le dis :

cette génération ne passera pas

avant que tout cela n'arrive.

31 Le ciel et la terre passeront,

mes paroles ne passeront pas.

32 Quant au jour et à l'heure,

nul ne les connaît,

pas même les anges dans le ciel,

pas même le Fils,

mais seulement le Père. »

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La fin d’un monde et l’avènement d’un autre monde complètement nouveau, tel est le renversement qu’annonce en filigrane Jésus dans cet évangile. Le style est soudain dramatique, cataclysmique… mais l’évangéliste le fait à dessein: il décrit l’obscurité et le Mal pour présager de la lumière et du Bien. Avant d’entrer dans sa passion, il fallait bien que Jésus donne sa vision de cette fin du monde. Il la prédit comme un moment de manifestation de sa gloire, celle du Fils de l’homme qui «…enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel», c’est-à-dire tous ceux dont le nom a été inscrit dans le Livre de Vie. Car lui seul a le pouvoir d’en ouvrir les sceaux et de juger chacun selon ses œuvres.


Deux idées principales retiennent particulièrement mon attention dans ce texte: l’universalité du salut et sa «nuncité» (si je puis me permettre ce néologisme pour signifier que ce dont parle Jésus n’est pas à venir dans x temps, mais que cela est en cours dès maintenant). L’universalité du salut, nous la voyons à travers tous ces élus «des quatre coins du monde» et de l’humanité tout entière dans et avec le cosmos. En effet, Dieu créa l’univers dans lequel il plaça l’homme… et sa gloire embrasera aussi tout l’univers, visible et invisible, matériel et spirituel. Car c’est ainsi que le Père glorifiera le Fils.


Dans l’Evangile de Jean, Jésus déclare (chap. 16, 13-15): «Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître | Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître | Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit: Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître». Et plus loin, dans cette merveilleuse prière (chap. 17, 1-8 et sq): «Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et pria ainsi: «Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie.|Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.|Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ.|Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée.|Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi: donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde.|J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. | Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, | car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé, etc. »… Nous le voyons, il ne s’agit donc pas de moments de terreur. Où donc a-t-on déjà vu un printemps être annoncé par des feuilles mortes ou jaunies? Si Jésus utilise le symbole du figuier dont les branches deviennent tendres et les feuilles belles de verdure, c’est pour dire que sa venue est un véritable été, un moment de fête, de joie, d’apocalypse au vrai sens du terme, c’est-à-dire de révélation et de dévoilement de son royaume aux hommes.


Cependant, alors que dans l’Ancien Testament, cette «fin du monde» était annoncée plus des temps lointains, avec Jésus-Christ se produit un renversement radical de perspective que déjà Jean le Baptiste proclamait dans le désert: «convertissez-vous, car le royaume de Dieu est tout proche!» (Mt 3, 2). En clair, «il n’est pas pour dans mille ans, il est déjà là parmi vous». Et, la seule présence du Fils de l’homme au milieu des siens signe l’acte de victoire du Dieu sur les forces du Mal. La Parole du Christ en nous est donc un germe de printemps dont l’éclat doit illuminer le monde, y compris celui du mal, de l’injustice, de la corruption, de la haine, de la méchanceté, de la concupiscence, de l’égoïsme, de la mort… Dieu est plus fort que tout cela. Que nous proclamions qu’il est notre seul refuge ou le lot de notre héritage, cela n’est que pure logique, puisque à ses côtés nous vivrons une éternité de délices! Jésus-Christ est le gage, l’étendard de notre salut: c’est cette vérité-là qui a changé la donne dans la perception des pouvoirs. Dieu a le dernier mot. Ici, avant sa passion, il annonce qu’il vaincra ce monde-là. Alors, fini les conceptions anciennes selon lesquelles le monde aurait une fin absolue: avec le Christ, le monde est transformé comme dans un passage de l’hiver à l’été, régénéré comme ce figuier solidement planté en terre. Aujourd’hui, c’est son Esprit-Saint qui continue en nous et dans le monde cette œuvre de renouvellement qui nous prépare à partager sa gloire au jour de son retour: «Ô Seigneur, envoie ton Esprit, qu’il renouvelle la face de la terre des hommes» .

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