05/11/2009

"Jarre de farine point ne s'épuisera,
vase d'huile point ne se videra…"

PREMIERE LECTURE -1 Rois 17,10-16


10 Le prophète Elie partit pour Sarepta,

et il parvint à l'entrée de la ville.

Une veuve ramassait du bois;

il l'appela et lui dit :

« Veux-tu me puiser, avec ta cruche,

un peu d'eau pour que je boive ? »

11 Elle alla en puiser.

Il lui dit encore :

« Apporte-moi aussi un morceau de pain. »

12 Elle répondit :

« Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu :

je n'ai pas de pain.

J'ai seulement, dans une jarre,

une poignée de farine,

et un peu d'huile dans un vase.

Je ramasse deux morceaux de bois,

je rentre préparer pour moi et pour mon fils

ce qui nous reste.

Nous mangerons, et puis nous mourrons. »

13 Elie lui dit alors :

« N'aie pas peur, va, fais ce que tu dis.

Mais d'abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi,

ensuite tu feras du pain pour toi et ton fils.

14 Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d'Israël :

Jarre de farine point ne s'épuisera,

vase d'huile point ne se videra,

jusqu'au jour où le Seigneur

donnera la pluie pour arroser la terre. »

15 La femme alla faire ce qu'Elie lui avait demandé,

et longtemps, le prophète, elle-même et son fils

eurent à manger.

16 Et la jarre de farine ne s'épuisa pas,

et le vase d'huile ne se vida pas,

ainsi que le Seigneur l'avait annoncé par la bouche d'Elie.


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Le prophète Elie (9° siècle avant JC) est en exil volontaire dans cette ville de Sarepta qui est en dehors du royaume d’Israël en protestation contre l’introduction par la reine Jézabel, la nouvelle épouse du roi Achab, de l’idolâtrie sur la terre de ses Pères. En effet, venue du royaume voisin de Sidon, donc païenne, elle a emmené dans ses valises 400 prêtres, de nombreuses statues ainsi que des pratiques d’adoration du Baal dont toute sa suite dit qu’il est le dieu de la pluie, de la fertilité et de la foudre. Pour Elie, ç’en était donc trop ! Mais devant la mollesse des siens et leur entrain à servir le nouveau dieu Baal, Elie jette un anathème: «Par la vie du Seigneur, le Dieu d'Israël au service duquel je suis, il n'y aura ces années-ci ni rosée ni pluie sinon à ma parole», car les enfants d’Israël transgressaient là le premier verset du pacte de l’Alliance qui est la profession de foi traditionnelle d’Israël, appelée par son premier mot en hébreu "Shema", et dans laquelle l’attitude première demandée au peuple juif est l’écoute: «Ecoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces commandements que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé; tu les attacheras à ton poignet comme un signe, tu les fixeras comme une marque sur ton front, tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de tes villes; et Dieu de lui ordonner d’aller» (Dt 6, 4). Oui, Elie s’exile sur ordre du Seigneur parce que son peuple n’écoute plus ses oracles: «Va-t-en d'ici, dirige-toi vers l'orient et cache-toi dans le ravin de Kerith, qui est à l'est du Jourdain. Ansi tu pourras boire au torrent, et j'ai ordonné aux corbeaux de te ravitailler là-bas.» (1 R 17, 3-4) «La parole du Seigneur lui fut adressée: Lève-toi, va à Sarepta qui appartient à Sidon, tu y habiteras ; j'ai ordonné là-bas à une femme, à une veuve, de te ravitailler.» Elie obéit et s’en alla. Derrière lui, le pays connut une sécheresse sans précédent; le torrent cessa de couler et la terre devint infertile. Et l’épisode décrit dans notre texte de ce dimanche nous présente justement Elie, le prophète de Dieu, affamé et réduit à mendier auprès d’une inconnue, une païenne. A celle-ci, il demande même l’impossible… mais Dieu qui n’abandonne pas ses serviteurs est là, présent dans le cœur de cette femme qui croit en ce qu’il lui annonce «Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d'Israël: Jarre de farine point ne s'épuisera, vase d'huile point ne se videra, jusqu'au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre.» (14) et partage avec lui: elle risque sa vie et celle de son fils sur la seule parole de Dieu. Comme Elie, elle s’est dépouillée du peu qu’elle avait et s’en est remise entre les mains de Dieu. Les exemples de cette confiance totale en Dieu seront nombreux dans l'histoire, depuis Abraham et sa paternité tardive jusqu'à cet aveugle sur la route de Jéricho, en passant par le plus merveilleux de tous, l'acceptation par Marie de l'honneur que lui fait Dieu lui-même de porter et d'enfanter celui qui sera le Messie, le Sauveur du monde des pécheurs. Et de nos jours aussi, de telles attitudes de simplicité et d'abandon à Dieu existent au cœur des drames de nos vies individuelles et collectives. Aujourd'hui encore, Dieu nous demande de lui faire confiance (cum fides), c'est-à-dire de faire acte de foi.

Ainsi donc, quel bel exemple de confiance totale, d’abnégation de la part de cette païenne! Mais elle a eu la grâce d’entendre la voix du Seigneur à travers la parole du prophète. Oui, le Seigneur qui n’est plus écouté par ceux de son peuple vautrés dans l’idolâtrie parle aussi aux païens. Nous voyons déjà se révéler de plus en plus fortement l’universalité du message divin. Sin donc Israël en est le berceau en tant que peuple choisi par Dieu lui-même, il n’en n’a pas l’exclusivité. Le projet divin embrasse toute l’humanité et à travers tous les temps.

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