02/11/2009

"Heureux qui place en Dieu toute sa confiance…"

Bonjour!

Tout d’abord, il est intéressant de noter une différence caractéristique entre Luc et Matthieu à propos des Béatitudes. En effet, le premier ne nous en expose que quatre, suivies de quatre malédictions. Avec comme l’idée d’un renversement de monde, de perspective: un passage d’un monde à l’autre, de celui du Bien à celui du Mal, de celui de la Vertu à celui du péché. Le second, Matthieu, nous en présente huit, comme un tableau de marche, un programme des formes diverses et variées par lesquelles Dieu nous donne rendez-vous.


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Evangile de ce dimanche de la Toussaint : Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a)


Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne.
Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent.

Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :

«Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux !

Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !

Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !

Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute
et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense
sera grande dans les cieux ! »


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En hébreu et en araméen, le mot «heureux» est traduit par «allégresse», c’est-à-dire exultation, entrain, allant… Car en effet, si tel est le programme de vie pour mériter le royaume des Cieux, alors il faut croire que Jésus ne nous appelle pas à l’immobilisme. Il s’agit d’un appel à se mettre en marche, en route… à la suite de celui qui est le chemin, la vérité et la vie.

Alors, en relisant ces béatitudes, je suis frappé par la dureté du langage de Jésus. Et je comprends que certains en l’écoutant se disent : mais qu’est-ce qu’il nous raconte celui-là? Comment peut-on dire «heureux» à quelqu’un qui pleure, qui a faim et soif de la justice, que l’on insulte, que l’on persécute ou sur lequel on dit faussement toute sorte de mal? Certes, cela est incompréhensible si l’on oublie ce mot de la fin: «à cause de moi». Souvenons-nous, Jésus avait déjà dit les mêmes paroles à ses disciples, mais eux on plus ne comprenaient pas. Mais j’ai été frappé également par une autre chose : seule la première est au présent, toutes les autres sont au futur. Et je me suis dit que la première béatitude est celle fondamentale dont se nourrissent les sept autres, au sens où elles en découlent: «Heureux les pauvres de cœur: le Royaume des cieux est à eux!». Qu’est-ce que cela veut-il bien dire, la pauvreté en esprit ? Bien qu’elle soit spécifiée, on a vite compris que Jésus n’invite pas son auditoire à aller vendre tous leurs biens matériels, à se séparer de toutes leurs économies. Ce serait là une interprétation erronée… La pauvreté de cœur est une attitude, une posture de tout notre être à nous rendre disponibles pour les autres. Si l’on est pauvre, c’est que l’on ne possède pas tout, que l’on est en manque de quelque chose. Etre pauvre, c’est ne pas se sentir suffisant, plein, complet… c’est faire en soi assez de place pour se laisser emplir par l’Esprit de Dieu. L’image la plus belle est celle de l’enfant dans les bras de sa mère ; un enfant qui a toute confiance en sa mère dont il n’épuisera jamais la sollicitude. La pauvreté, c’est donc aussi de savoir de faire petit au milieu de nos frères et de se mettre à leur service. Dieu, dans sa grande miséricorde, se révèle aux pauvres, aux doux, aux miséricordieux, aux artisans de paix et de justice, aux cœurs purs… c’est à eux qu’il se manifestera tel qu’il est, et qu’il les prendra dans sa gloire. Cette pauvreté de cœur, Jésus nous y incite ici et maintenant et la récompense en immédiate. Saint Jean nous a demandé d’ouvrir nos yeux pour voir mais en nous décalant un peu. Voir devient un devoir d’amour, car c’est dans l’inattendu et l’insolite que Dieu se révèle. Voir pour faire voir… car cela devient une mission de chaque jour auprès de nos frères encore aveugles ou aveuglés par le bonheur et le pouvoir du monde. «Heureux», au sens de «tenez bon!» car le royaume de Dieu est proche, il est parmi nous. A nous de chercher Dieu, lui le seul et l’unique, à nous de regarder le monde avec ses yeux, à nous d’aimer nos frères avec son cœur.


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