24/10/2008

Dieu est concerné par la souffrance humaine,
il entend le cri du faible, de l'opprimé…

Bonjour!
Nous sommes au 30ème dimanche du temps ordinaire et la liturgie nous propose de méditer sur le plus beau et le plus grand des commandements de Dieu : “aimer Dieu et son prochain“. Mais dans ce texte extrait du Livre de l'Exode (Ex 22, 20-26), il est question d'une catégorie de la population
qui est au cœur des politiques sociales des pays nantis, mais pas seulement…
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22

20 «Tu ne maltraiteras point l'immigré qui réside chez toi, tu ne l'opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Égypte.
21 Vous n'accablerez pas la veuve et l'orphelin.
22 Si tu les accables et qu'ils crient vers moi, j'écouterai leur cri.
23 Ma colère s'enflammera et je vous ferai périr par l'épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.
24 Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n'agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d'intérêts.
25 Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil.
26 C'est tout ce qu'il a pour se couvrir ; c'est le manteau dont il s'enveloppe, la seule couverture qu'il ait pour dormir. S'il crie vers moi, je l'écouterai, car moi, je suis compatissant!»
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Il est intéressant de noter la valeur sociologique de cet extrait, au sens où il laisse entrevoir un contexte social nouveau et sans cesse modifié. C’est que l’Exode a situé régulièrement le peuple juif dans des conditions de vie et des situations politiques chaque fois différentes du fait de multiples contacts avec d’autres peuples, à la suite d’affrontements, de guerres (avec ce que cela implique comme contraintes, souffrances…) ou simplement de nécessités vitales. Les lois ont donc évolué avec ces contextes changeants. L’épisode du texte se situe à l’époque où le peuple juif vient d’entrer en Palestine et de «prendre possession» de ce qu’il peut désormais considérer comme sa Terre. Or des étrangers, des immigrés (pour reprendre le mot même du texte) viennent aussi y vivre. Se pose alors le problème de cohabitation ou d’intégration de ces peuples.
Le peuple juif se souvient bien des affres de l’esclavage et de la joie de la délivrance, de la libération par son Dieu. Cela explique le ton ferme et intransigeant des lois qui sont ici édictées, comme des contextualisations de celles du Décalogue. «Ne méprisez pas l’immigré, ne le maltraitez pas!», pourrait-on traduire, car Dieu est proche de toute souffrance humaine et il entend toujours le cri de l’opprimé, du faible, du laissé-pour-compte. Ici : la veuve et l'orphelin, l'immigré (non pas le touriste, le passant, mais la personne qui vient dans un pays — dont il n’est donc pas originaire — et qui y réside, y s’installe durablement.
Les problèmes de migration et d’immigration ne datent donc pas d’aujourd’hui ! Depuis toujours, des peuples et des individus se sont brassés au long de l’histoire humaine, et des échanges de toutes natures ont façonné notre terre des hommes. On est tous "immigré" quelque part et c'est ce qui fait la beauté et la richesse de l'arc-en-ciel social et humain. Les législations actuelles des pays nantis ou des “empires fermés“ sur l’immigration devraient s’inspirer de ce passage : la loi de Dieu est une loi d’amour et de pardon. Israël s’en souvient, et nous, peuple de Dieu, avons pour mission de l’annoncer à tous nos frères, y compris à ceux qui ont la lourde tâche d’élaborer et de promulguer des lois.

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