27/06/2008

Tu es Pierre et sur cette pierre
je bâtirai mon église…

Bonjour !
Nous fêtons les Saints Pierre et Paul en ce 13ème dimanche du temps ordinaire. Et vous aurez compris le lien entre le testament de Paul (voir la publication précédente) et cet extrait de l'Evangile selon saint Matthieu. Il s'agit là de deux grandes figures de la jeune église, chacun ayant assumé sa mission apostolique jusqu'à la mort.
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 16, 13-19)

16
13 Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : «Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes»
14 Ils répondirent : «Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes.»
15 Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
16 Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !»
17 Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
18 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle.
19 Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.»
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Quelques pistes pour notre méditation :

Ce texte est appelé communément : «Profession de foi et primauté de Pierre». Il se situe à un tournant de la vie de Jésus, juste avant la toute première annonce de sa Passion. Il est question ici de l’identité de Jésus. Celui-ci pose la même question en deux temps : d’abord ce que disent les hommes, puis ce que disent ses disciples (qui sont aussi des hommes !). Mais les réponses ne sont pas du même ordre :
• Tout d'abord, Jésus, qui se déclare lui-même «fils de l’homme» est perçu par ses congénères comme un prophète (Jean le Baptiste, Elie, Jérémie…). Même si le titre de prophète avait une valeur messianique, Jésus ne le revendique pas vraiment, sinon à moitié. En effet, alors que dans le judaïsme l’esprit de prophétie était attendu comme signe de l’ère messianique, il se trouve qu’à l’époque de Jésus sévissaient plusieurs faux prophètes. Et quand bien même ce titre ne fut vraiment reconnu qu’en Jésus, il s'est vite effacé au profit d’un autre titre…
• Ensuite, à cette messianité de Jésus, Matthieu ajoute celle de la filiation divine : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant», déclare Pierre. Et Jésus de lui préciser que ce qu’il vient de professer, il ne le peut de ses seules forces humaines («de la chair et du sang») : c’est Dieu le Père qui le lui a révélé. Aussitôt, il nomme de fait Pierre chef des apôtres et particularise son rôle dans la fondation de l’Ecclesia, c’est-à-dire de la communauté messianique dont il va fonder la nouvelle Alliance par son sang versé. La mise en symétrie avec le Royaume des Cieux montre que cette communauté messianique commencera déjà sur terre par une société dont il institue le chef.

Il est donc clair que ce ne sont pas les apôtres qui bâtissent cette société, c’est le Christ lui-même : «Tu es Simon, fils de Jonas, tu t’appelleras Pierre! et sur cette pierre, Je bâtirai mon Église.» Et, parce qu’elle est l’œuvre du Christ, l’Eglise est indestructible : «… la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle». Le péché a livré les hommes aux puissances du Mal et celles-ci les ont entraînés dans le Shéol (ou l’Hadès) en les enchaînant dans la mort éternelle. Or justement, le Christ est mort pour tous les hommes, est descendu aux enfers pour y éveiller les morts et les porter à la vie éternelle. De même, la mission de cette église consitera à arracher les élus à l’emprise de la mort, temporelle et éternelle, pour les faire entrer dans le Royaume des Cieux et partager la gloire du Dieu vivant et éternel

Notons au passage que Jésus donne un nouveau nom à celui qu’il intronise «chef des apôtres» : il ne s’appelle plus Simon, mais désormais Pierre. C’est là non seulement une marque d’affection notoire, mais aussi l’initiation d’une nouvelle naissance. Jésus fait passer Pierre de l’ancien monde au nouveau monde, celui de la résurrection et de la vie éternelle qui commence en église.

Ainsi donc, il existe des portes de l’enfer et celles des cieux. Pierre en reçoit les clefs : il lui appartiendra d’ouvrir ou de fermer l’accès du Royaume des cieux par l’intermédiaire de l’église. Lier et délier, condamner et absoudre, défendre et permettre… les prérogatives de Pierre (et de ses successeurs) sont lourdes et sa primauté est large, couvrant l’ordre disciplinaire et celui de la foi. Pierre est l’exemple même de celui qui a su et qui sait se mettre à l’écoute de Dieu et qui se laisse révéler l’identité de son Maître. Désormais, tous les apôtres savent que celui qui va entrer dans la Passion, c’est Jésus Christ, le fils du Dieu vivant.

Mais nous fêtons aujourd’hui les Saints Pierre et Paul. Tous les deux ont été victimes de l’intolérance des pouvoirs politique et religieux de l’époque. Pourchassés puis incarcérés, ils ont cependant été soutenus par Dieu lui-même dans leur combat, et par les frères de la jeune église en prière, en communion avec Marie. Et, dans le cas de Pierre, l’ange est là qui le secoue pour qu’il ne flanche pas. Les chaînes tombent, il est libéré et remis en mission d’évangélisation. Quant à Paul, il a fait le point sur sa vie, son parcours apostolique : il est convaincu d'avoir “livré le bon combat“ et de l'avoir gagné avec la grâce du Christ. Quelles que soient les crises, les entraves, les intimidations, les mises à mort… rien, plus rien ne peut arrêter l’œuvre du Christ ressuscité, car rien, plus rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ (“ni la tristesse, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le danger, ni le glaive…“ comme le proclame Paul).

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