27/06/2008

Tu es Pierre et sur cette pierre
je bâtirai mon église…

Bonjour !
Nous fêtons les Saints Pierre et Paul en ce 13ème dimanche du temps ordinaire. Et vous aurez compris le lien entre le testament de Paul (voir la publication précédente) et cet extrait de l'Evangile selon saint Matthieu. Il s'agit là de deux grandes figures de la jeune église, chacun ayant assumé sa mission apostolique jusqu'à la mort.
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 16, 13-19)

16
13 Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : «Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes»
14 Ils répondirent : «Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes.»
15 Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
16 Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !»
17 Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
18 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle.
19 Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.»
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Quelques pistes pour notre méditation :

Ce texte est appelé communément : «Profession de foi et primauté de Pierre». Il se situe à un tournant de la vie de Jésus, juste avant la toute première annonce de sa Passion. Il est question ici de l’identité de Jésus. Celui-ci pose la même question en deux temps : d’abord ce que disent les hommes, puis ce que disent ses disciples (qui sont aussi des hommes !). Mais les réponses ne sont pas du même ordre :
• Tout d'abord, Jésus, qui se déclare lui-même «fils de l’homme» est perçu par ses congénères comme un prophète (Jean le Baptiste, Elie, Jérémie…). Même si le titre de prophète avait une valeur messianique, Jésus ne le revendique pas vraiment, sinon à moitié. En effet, alors que dans le judaïsme l’esprit de prophétie était attendu comme signe de l’ère messianique, il se trouve qu’à l’époque de Jésus sévissaient plusieurs faux prophètes. Et quand bien même ce titre ne fut vraiment reconnu qu’en Jésus, il s'est vite effacé au profit d’un autre titre…
• Ensuite, à cette messianité de Jésus, Matthieu ajoute celle de la filiation divine : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant», déclare Pierre. Et Jésus de lui préciser que ce qu’il vient de professer, il ne le peut de ses seules forces humaines («de la chair et du sang») : c’est Dieu le Père qui le lui a révélé. Aussitôt, il nomme de fait Pierre chef des apôtres et particularise son rôle dans la fondation de l’Ecclesia, c’est-à-dire de la communauté messianique dont il va fonder la nouvelle Alliance par son sang versé. La mise en symétrie avec le Royaume des Cieux montre que cette communauté messianique commencera déjà sur terre par une société dont il institue le chef.

Il est donc clair que ce ne sont pas les apôtres qui bâtissent cette société, c’est le Christ lui-même : «Tu es Simon, fils de Jonas, tu t’appelleras Pierre! et sur cette pierre, Je bâtirai mon Église.» Et, parce qu’elle est l’œuvre du Christ, l’Eglise est indestructible : «… la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle». Le péché a livré les hommes aux puissances du Mal et celles-ci les ont entraînés dans le Shéol (ou l’Hadès) en les enchaînant dans la mort éternelle. Or justement, le Christ est mort pour tous les hommes, est descendu aux enfers pour y éveiller les morts et les porter à la vie éternelle. De même, la mission de cette église consitera à arracher les élus à l’emprise de la mort, temporelle et éternelle, pour les faire entrer dans le Royaume des Cieux et partager la gloire du Dieu vivant et éternel

Notons au passage que Jésus donne un nouveau nom à celui qu’il intronise «chef des apôtres» : il ne s’appelle plus Simon, mais désormais Pierre. C’est là non seulement une marque d’affection notoire, mais aussi l’initiation d’une nouvelle naissance. Jésus fait passer Pierre de l’ancien monde au nouveau monde, celui de la résurrection et de la vie éternelle qui commence en église.

Ainsi donc, il existe des portes de l’enfer et celles des cieux. Pierre en reçoit les clefs : il lui appartiendra d’ouvrir ou de fermer l’accès du Royaume des cieux par l’intermédiaire de l’église. Lier et délier, condamner et absoudre, défendre et permettre… les prérogatives de Pierre (et de ses successeurs) sont lourdes et sa primauté est large, couvrant l’ordre disciplinaire et celui de la foi. Pierre est l’exemple même de celui qui a su et qui sait se mettre à l’écoute de Dieu et qui se laisse révéler l’identité de son Maître. Désormais, tous les apôtres savent que celui qui va entrer dans la Passion, c’est Jésus Christ, le fils du Dieu vivant.

Mais nous fêtons aujourd’hui les Saints Pierre et Paul. Tous les deux ont été victimes de l’intolérance des pouvoirs politique et religieux de l’époque. Pourchassés puis incarcérés, ils ont cependant été soutenus par Dieu lui-même dans leur combat, et par les frères de la jeune église en prière, en communion avec Marie. Et, dans le cas de Pierre, l’ange est là qui le secoue pour qu’il ne flanche pas. Les chaînes tombent, il est libéré et remis en mission d’évangélisation. Quant à Paul, il a fait le point sur sa vie, son parcours apostolique : il est convaincu d'avoir “livré le bon combat“ et de l'avoir gagné avec la grâce du Christ. Quelles que soient les crises, les entraves, les intimidations, les mises à mort… rien, plus rien ne peut arrêter l’œuvre du Christ ressuscité, car rien, plus rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ (“ni la tristesse, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le danger, ni le glaive…“ comme le proclame Paul).

26/06/2008

J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat,
j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi.

Bonjour !
La deuxième lecture de ce 13ème dimanche du temps ordinaire est extraite de la Lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (2Tm 4, 6-8.16-18). Je me suis permis de superposer pour votre plus fine compréhension deux traductions de ce extrait : celle que publie sur son site l'Association Episcopale Liturgique pour les pays Francophones (AELF), à laquelle nous nous conformons régulièrement, et celle - en italiques et en bleu - de la Bible de Jérusalem dans son édition de 1961.
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4

06i Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu.
06i Voici que moi, je suis déjà répandu en libation et le moment de mon départ est venu.
07 Je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course, je suis resté fidèle.
07 J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi.
08 Je n'ai plus qu'à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire.
08 Et maintenant, voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, qu’en retour le Seigneur me donnera en ce Jour-là, lui, le juste Juge et non seulement à moi mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition.

16
16 La première fois que j'ai présenté ma défense, personne ne m'a soutenu : tous m'ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur.

16 La première fois que j’ai eu à soutenir ma défense, personne ne m’a soutenu. Tous m’ont abandonné ! Qu’il ne leur en soit pas tenu rigueur !
17 Le Seigneur, lui, m'a assisté. Il m'a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu'au bout l'Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J'ai échappé à la gueule du lion ;
17 Le Seigneur, lui, m’a assisté et m’a rempli de force afin que, par moi, le message fût proclamé et qu’il parvînt aux oreilles de tous les païens. Et j’ai été délivré de la gueule du lion.
18 le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu'on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
18 Le Seigneur me délivrera de toute entreprise perverse et me sauvera en me prenant dans son Royaume céleste. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen.
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Quelques repères pour notre méditation

Ce texte peut être considéré comme le Testament de l’Apôtre Paul, sa lettre d’adieu à Timothée. Les arrestations se sont poursuivies et les disciples se sont retrouvés un à un en prison. Ici, Paul est en prison à Rome et il sait qu’il n’en sortira que pour être exécuté. Alors, c’est le moment pour lui de faire une rétrospective de sa vie avant de paraître devant Dieu pour recevoir (en tout cas il en a la certitude) la récompense du vainqueur, c’est-à-dire dire la couronne de lauriers. Présomptueux et même vantard, pourrait-on dire de lui ! Point du tout : Paul sait que Christ récompensera ceux qui, toute leur vie durant, ont recherché et œuvré pour l’avènement de son règne et la manifestation de sa gloire. Il a confiance et il sait que c’est le fondement de son bonheur : «il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste»

Mais il y a ici comme un paradoxe. Paul sait qu’il va mourir par la décision de tribuns, c'est-à-dire des hommes, des pécheurs. Pourtant, il se réjouit d’avance de ce qui l’attend. Cette confiance, cette espérance l’arrachent spirituellement de la gueule du lion, du système politique romain et de son arbitraire ; pour lui, seul Dieu est vrai juge, impartial et aimant. Et s’il a “combattu le bon combat“, s’il est allé jusqu’au bout de son apostolat, c’est grâce à Christ qui lui en a donné les forces et les énergies nécessaires. C’est aussi Christ qui lui donne le courage de pardonner à tous ceux qui n’ont pu ou voulu le défendre lorsqu’il avait présenté sa première défense devant le tribunal. Il pardonne comme Christ lui-même a pardonné sur la Croix.

Oui, tenir bon et assumer notre mission d’évangélisation, chacun à notre place et à notre rythme, pour qu’ainsi nous œuvrions à l'avènement du règne de Dieu, tel est l’enjeu fondamental de notre vie de chrétien. Abdiquer, renier, abandonner par paresse, par découragement ou par peur… voilà qui nous condamnera et nous privera de la gloire céleste. Paul est un “dur à cuire“, cet homme a une peau de varan et une détermination à toute épreuve: puissions-nous, à chaque instant et à chaque étape de notre vie de chrétien, nous rendre déterminés à achever notre “course“, et à garder intacte et inébranlable notre foi, avec la grâce de Dieu lui-même.


« Heureux qui trouve en Dieu son refuge ! »

Bonjour !

C'est le psaume 33 (2-3, 4-5, 6-7, 8-9) qui nous aide à prolonger notre méditation sur la première lecture de ce dimanche. Un psaume de louange, certes ! mais aussi une véritable profession de foi de celui qui cherche Dieu…

02 Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
03 Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !

04 Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
05 Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

06 Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
07 Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

08 L'ange du Seigneur campe à l'entour
pour libérer ceux qui le craignent.
09 Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !
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A
bon escient, ce psaume fait le lien avec le récit de la libération de Pierre. En effet, tous les membres de la jeune église s’étaient mobilisés comme une véritable cellule de crise : «Tandis que Pierre était ainsi détenu, l'Église priait pour lui devant Dieu avec insistance.» (Ac 12, 5) et l’Ange de Dieu était là qui veillait. Le psalmiste énonce ici quelques fondamentaux de la posture du chrétien, du fidèle :

Nous glorifions le Seigneur et c’est dans le Seigneur seul que nous sommes glorifiés : hors du Seigneur, point de salut !
Dieu entend les pauvres de cœur qui crient vers lui et qui recherchent sa face, son regard [ce n’est plus l’attitude d’Adam qui fuit le regard de Dieu parce qu’il a péché, c’est-à-dire qu’il s’est éloigné de Dieu]. Le cri ici, c’est l’autre nom de la prière, celle qui sort du plus profond de notre être pour monter vers Dieu [“ma voix s’élève vers Dieu et je crie, ma voix s’élève vers Dieu pour qu’il m’entende“]. Ce cri, Dieu l’entend et y répond en nous mettant en grâce, c’est-à-dire en relation d’amour avec lui, avec nos frères, par la puissance et la présence continue de son Esprit Saint en nous et au milieu de nous.
Nous magnifions (louange intérieure) et exaltons (louange extérieure) le nom du Seigneur tous ensemble : certes, la prière peut être individuelle (recueillement, méditation, “examen de conscience“, retour sur soi, etc.), mais elle doit être également à la fois portée et porteuse par (de) la pluralité et l’universalité : «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux»).

Oui, Dieu nous entend toujours, mais souvent nous attendons du spectaculaire, du sensationnel, du super-magique. Or Dieu n’est pas un David Copperfield qui, par illusion, ferait «disparaître» nos misères, nos angoisses… Non ! Lorsque nous crions, lorsque nous prions, nous entrons en relation et en dialogue avec notre Dieu comme une fils avec son père. Il exauce nos demandes en nous investissant de son Esprit qui nous donne la force de rebondir, qui nous libère de nos peurs, de nos incertitudes et de notre désespoir. Croire, c’est sans cesse renouveler ce dialogue, et la prière nous y aide à chaque instant. Finalement, c’est toute notre vie qui devrait être une prière permanente devant Dieu, car nous sommes sûrs qu’il ne nous abandonne pas : «Heureux qui trouve en lui son refuge !»

25/06/2008

"Et moi je suis avec vous tous les jours,
jusqu'à la fin des temps…"

Bonjour !

Nous sommes au 13ème dimanche du temps ordinaire et les textes que la liturgie nous propose parlent de la solidité de l'alliance de Dieu avec ses disciples et son peuple : Dieu n'abandonne jamais ceux qui ont placé en lui leur confiance et qui s'adonnent, en dépit des tribulations de toutes sortes, à son œuvre d'évangélisation de par le monde. La première lecture de ce dimanche est extraite du Livre des Actes des Apôtres (Ac 12, 1-11)
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12
01 A cette époque, le roi Hérode Agrippa se mit à maltraiter certains membres de l'Église.
02 Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter.
03 Voyant que cette mesure était bien vue des Juifs, il décida une nouvelle arrestation, celle de Pierre. On était dans la semaine de la Pâque.
04 Il le fit saisir, emprisonner, et placer sous la garde de quatre escouades de quatre soldats ; il avait l'intention de le faire comparaître en présence du peuple après la fête.
05 Tandis que Pierre était ainsi détenu, l'Église priait pour lui devant Dieu avec insistance.
06 Hérode allait le faire comparaître ; la nuit précédente, Pierre dormait entre deux soldats, il était attaché avec deux chaînes et, devant sa porte, des sentinelles montaient la garde.
07 Tout à coup surgit l'ange du Seigneur, et une lumière brilla dans la cellule. L'ange secoua Pierre, le réveilla et lui dit : «Lève-toi vite.» Les chaînes tombèrent de ses mains.
08 Alors l'ange lui dit : «Mets ta ceinture et tes sandales.» Pierre obéit, et l'ange ajouta : «Mets ton manteau et suis-moi.»
09 Il sortit derrière lui, mais, ce qui lui arrivait grâce à l'ange, il ne se rendait pas compte que c'était vrai, il s'imaginait que c'était une vision.
10 Passant devant un premier poste de garde, puis devant un second, ils arrivèrent à la porte en fer donnant sur la ville. Elle s'ouvrit toute seule devant eux. Une fois dehors, ils marchèrent dans une rue, puis, brusquement, l'ange le quitta.
11 Alors Pierre revint à lui, et il dit : «Maintenant je me rends compte que c'est vrai : le Seigneur a envoyé son ange, et il m'a arraché aux mains d'Hérode et au sort que me souhaitait le peuple juif.»
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Quelques pistes pour notre méditation

Ce texte relate, comme tant d’autres, les tribulations dont la très jeune église chrétienne — à peine naissante même ! — fait l’objet. Depuis la descente sur eux de l'Esprit de Dieu, les disciples opèrent des guérisons parfois spectaculaires, et cela dérange le pouvoir politique et religieux. Plusieurs menaces, arrestations arbitraires, persécutions, comparutions devant les tribunaux ont déjà eu lieu, et certaines suivies d’exécutions sommaires, comme pour faire des exemples et dissuader ceux, de plus en plus nombreux, qui veulent se convertir. Mais les disciples résistent et tiennent bon à Jérusalem; d’autres (les plus menacés que l’on appelle «les Héllénistes») se réfugient en Samarie et sur la Côte méditerranéenne… jusqu’à l’épisode de l’arrestation de Pierre, la figure de proue, par Hérode d’Agrippa, le petit-fils du tristement fameux Hérode le Grand, celui-là qui régnait au moment de la naissance de Jésus.

Les faits se déroulent entre 41 et 44 après la mort du Christ : arrestation musclée et incarcération scandaleuse, mais libération non moins spectaculaire : une véritable délivrance ! Pourquoi donc une telle intervention de l’Ange de Dieu ? Il convient, au-delà du cas particulier de Pierre, de lire comme une trame continue, la mission d’évangélisation que le Christ avait assignée à ses disciples. Dieu a besoin d'eux et il veut leur montrer qu’il ne les abandonne pas quelles que soient les situations. En effet, que ce soit sous la brutalité du pouvoir politique ou sous la lâcheté du pouvoir religieux, l’annonce de la Parole de Dieu dérange… et pourtant les disciples doivent continuer l’œuvre du Maître y compris dans la tourmente et au péril de leur propre vie.

Il convient de noter un point de double ressemblance : chaque année, lors de la célébration de la pâque, les juifs font mémoire de la libération du peuple hébreu d’Egypte où il avait été réduit en esclavage par le Pharaon. D’année en année, ils ont rappelé que cette libération était l’œuvre de l’Eternel Dieu. Pierre est arrêté également en pleine semaine de la pâque juive, sa délivrance est également l’œuvre de ce même Dieu. Et, de même que l’Eternel avait ordonné aux hébreux : «ayez la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez à la hâte» (Ex 12, 11), de même Pierre s’entend dire par l ‘Ange interposé : «Lève-toi vite ! Mets ta ceinture, lace tes sandales...». Mais Pierre ne comprend rien à ce qui lui arrive, il obéit presque machinalement. Et c’est seulement après que l’Ange l’eut quitté qu’il réalise enfin : «Maintenant je me rends compte que c'est vrai : le Seigneur a envoyé son ange, et il m'a arraché aux mains d'Hérode et au sort que me souhaitait le peuple juif.»… comme s’il nous fallait à chaque fois, dans notre vie de chrétien, relire à l’envers (ou à rebours) notre histoire et décrypter dans l’épaisseur de notre vie, les signes de la présence certaine de Dieu.



20/06/2008

"Ne craignez pas…",
allez partout proclamer ma Parole

Bonjour !
La liturgie de ce 12ème dimanche ordinaire nous propose de méditer cet extrait de l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 10, 26-33).
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10
26i Jésus disait aux douze Apôtres : «Ne craignez pas les hommes ; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu.
27 Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits.
28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps.
29 Est-ce qu'on ne vend pas deux moineaux pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.
30 Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés.
31 Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus que tous les moineaux du monde.
32 Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.
33 Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.»
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Quelques repères pour notre méditation

Après avoir appelé ses disciples, Jésus les envoie en mission. Mais il les avertit : ce ne sera pas chose facile, ce ne sera pas «une partie de plaisir». D’ailleurs, le texte de Matthieu précédant celui que nous méditons rapporte les paroles suivantes de la bouche de Jésus lui-même : «Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ... Prenez garde aux hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues ; vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi...Vous serez haïs de tous à cause de mon nom.»
Et c’est ici que commence notre texte d’aujourd’hui. Jésus poursuit en disant : «Ne les craignez pas...». On ne peut espérer une mise en garde plus explicite. Jésus, en chef responsable, ne cache rien à ses hommes, il ne les envoie pas au casse-pipe sans les informer des dangers qu’ils encourent. Leur engagement doit se faire en connaissance de cause. Par trois fois, il prononce la phrase-clé : «Ne craignez pas…» et, comme par opposition (mais également par souci de clarté), il indique ce qu’il faut craindre : «craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l'âme aussi bien que le corps», à savoir le péché, l’éloignement de Dieu et la rupture du contrat de l’alliance.


Jésus promet aux disciples la pleine connaissance de ce qui leur paraît encore imprécis et incompréhensible. En effet, si Jésus avait délivré son message de façon voilée, presque énigmatique, c’est parce que ses auditeurs ne pouvaient le comprendre et que lui-même n’avait pas encore accompli son œuvre, qu’il n’était pas encore ressuscité et qu’il n’avait pas encore rejoint son Père. Les apôtres, qui auront alors la connaissance claire du message du Christ à la faveur de l'Esprit Saint, devront proclamer la Parole en toute transparence, non pas comme les pharisiens hypocrites et prétentieux, mais comme les dépositaires d’une rélévation accomplie et vivante.

Il est vrai que nous avons tous des peurs, mais certaines sont justifiées et d’autres pas du tout. Dans le texte de ce jour, Jésus indique aux disciples les circonstances dans lesquelles il ne faut pas avoir peur : nous ne devrions pas craindre les hommes mais plutôt le jugement de Dieu [Le Livre de la Sagesse (29,25) fait cette disctinction à propos de la notion de “crainte“ lorsqu’il nous dit : «La crainte des hommes tend un piège, mais celui qui se confie en l'Eternel est protégé» … et lorsqu’il nous exhorte : «Le commencement de la sagesse, c'est la crainte de l'Eternel; Et la science des saints, c'est l'intelligence.» (9, 10)]. Mais de plus, la crainte de Dieu (c’est-à-dire la recherche de sa proximité, de son intimité en vue de mieux le connaître, de mieux l'aimer et ainsi de mieux le proclamer) est le gage de notre propre reconnaissance par Dieu lui-même, lors du jugement dernier, le seul qui compte vraiment, quand le fils présentera, défendra et remettra les élus à son Père (cf 25, 34) pour les faire entrer dans sa gloire : «Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux»«Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux». Il ne s’agit pas ici d’un chantage calculateur, mais le rappel d’une alliance, d’une relation d’amour. L’homme est libre de vouloir connaître Dieu ou de le renier, il est libre de rechercher sa proximité ou de s’en éloigner. Mais la bible est parsemée d’épisodes tellement instructifs de perditions individuelles et collectives, de fausses libérations que Dieu a chaque fois pardonnées dans son infinie miséricorde.

Oui ! la peur est toujours mauvaise conseillère. Jésus nous dit de ne pas avoir peur d’être chrétien. Il nous exhorte à ne pas craindre pour la proclamation de sa Parole et de son nom dans le monde car nous participons ainsi à l’histoire sainte de la nouvelle alliance. La sainteté de notre vie humaine et donc notre participation à la vie éternelle sont la récompense de l’exclusivité que nous réservons à Jésus Christ dans notre vie de tous les jours. En effet, comme il l’affirme aux apôtres, rien de ce qui leur arrive n'est indifférent à Dieu. C'est pourquoi ils n'ont pas à craindre les hommes en cas de persécution. "Même vos cheveux sont tous comptés", déclare-t-il. Ne pas avoir peur, c’est avoir confiance. Et si vraiment nous devrions avoir peur, c’est bien de manquer la mission que Dieu nous confie.

Renoncer à soi-même pour suivre et aimer Jésus ? … l’entreprise n’est pas facile, mais le risque tellement beau. Pour aimer Dieu il nous appartient d’abord de rechercher et d’aimer ce que nous connaissons de lui, c'est-à-dire sa Parole et de l’aimer de tout notre cœur, de tout notre être et de toute notre force. Mais aimer la Parole de Dieu ne s’arrête pas à la seule lecture, si érudite soit-elle, de la Bible, des Evangiles ; c’est la crier au monde et en inspirer chacun de nos actes. C’est à cela que le Christ nous reconnaîtra et nous comptera parmi les siens et, sa grâce, répandue en abondance, nous justifiera. Alors, bien qu’humiliés et meurtris pour notre engagement, le salut de Dieu nous mettra hors d’atteinte.


19/06/2008

Par le Christ nous est donnée la grâce en abondance

Bonjour !
Le second texte que nous propose la liturgie de ce 12ème dimanche ordinaire est extrait de la Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 5, 12-15). Saint Paul y rappelle l'infinie miséricorde de Dieu face aux fautes de l'homme, à son péché. Chaque fois que celui-ci a trahi la grâce de son créateur, à chaque fois ce dernier lui a redonné un signe d'amour : "Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a envoyé son fils…". Christ est la figure de Dieu réconcilié avec l'homme, il est le gage de notre filiation au Père et par lui nous partageons la vie nouvelle.
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5

12i Frères, par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont péché.
13 Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde. Certes, on dit que le péché ne peut être sanctionné quand il n'y a pas de loi ;
14 mais pourtant, depuis Adam jusqu'à Moïse, la mort a régné, même sur ceux qui n'avaient pas péché par désobéissance à la manière d'Adam. Or, Adam préfigurait celui qui devait venir.
15 Mais le don gratuit de Dieu et la faute n'ont pas la même mesure. En effet, si la mort a frappé la multitude des hommes par la faute d'un seul, combien plus la grâce de Dieu a-t-elle comblé la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.

Quelques repères pour notre méditation

Christ, le nouvel Adam ! Face au projet inchangé de Dieu, Paul compare en les opposant Adam et Jésus-Christ.
Par le premier est arrivé la mort par le péché. En effet, Adam s'est éloigné de l’amour de Dieu alors qu’il lui est assigné la noble mission de peupler la terre et de la dominer. Mais Satan le gonfle d’orgueil et le persuade qu’il peut, par ses propres forces, devenir l’égal de Dieu. Adam se déconnecte donc de son créateur, de celui qui lui a transmis le souffle de la vie. Tout se passe comme si un scaphandrier décidait de se couper du cordon d’alimentation qui le relie aux autres et par lequel il reçoit l’oxygène qui le fait vivre dans ce milieu aquatique. Ce comportement, qui est exactement celui d’Adam, conduit à la mort spirituelle, sa mort à lui ainsi que celle de sa descendance… Adam est l’image de celui qui se coupe de Dieu, qui sort de l’intimité de Dieu en présumant de ses seules forces pour régner, dominer et durer. Or nous savons où cela l’a conduit : à la déchéance, à la l'errance !

A l’opposé, Christ est celui qui, parce qu’il participe pleinement de l’amour du Père, nous réintègre dans cette grâce spirituelle ; par lui, l’Adam que nous sommes est réconcilié avec Dieu et en Dieu. Parce qu’il est pleinement homme et pleinement Dieu, Christ nous réinsère dans une relation vitale avec son Père. Il nous re-qualifie à la vie éternelle et nous rend dignes de cette merveilleuse grâce : la connaissance du Père. L’homme, jadis égaré, est appelé à quitter sa fausse route pour désormais chercher et rechercher Dieu ; c’est la condition de sa renaissance, c’est aussi celle de son salut pour la vie éternelle qui commence avec notre baptême.

18/06/2008

« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »

12° dimanche du temps ordinaire (22 juin 2008)

Bonjour !

“ Ne craignez pas ”, dit Jésus à ses disciples. Cette parole du Christ reprise par le Pape Jean-Paull II à l’adresse des jeunes du monde entier, est une exhortation à porter l’Évangile de Jésus-Christ partout et surtout à en témoigner dans notre vie de tous les jours. Certes, il nous arrive d’éprouver de la lassitude, de la peur, deu découragement… face à l’incrédulité des hommes, à leur obsession matérialiste, à leurs violences, à l’explosion de «nouveaux prophètes» et de «nouvelles religions» ! Mais Christ (ce «nouvel Adam», comme le nomme l’Apôtre Paul) qui donne à tous sa grâce en abondance, écoute les humbles et les nourrit de sa vie nouvelle. Les textes de ce 12ème dimanche ordinaire nous invitent à la confiance en Dieu… Christ nous appelle à arracher les illusions et à planter l’espérance au cœur du monde et dans nos propres cœurs. C'est le sens de la première lecture et du psaume ci-après.

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Livre de Jérémie (Jr 20, 10-13)

20
10i Moi, Jérémie, j’ai entendu les menaces de la foule :
« Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, l’homme qui voit partout la terre ! »
Mes amis eux-mêmes guettent mes faux pas et ils disent :
« Peut-être se laissera-t-il séduire…
Nous réussirons, et nous prendrons notre revanche ! »
11 Mais le Seigneur est avec moi, comme un guerrier redoutable :
mes persécuteurs s'écrouleront, impuissants.
Leur défaite les couvrira de honte,
d'une confusion éternelle, inoubliable.
12 Seigneur de l'univers, toi qui scrutes l'homme juste,
toi qui vois les reins et les coeurs,
montre-moi la revanche que tu prendras sur ces gens-là,
car c'est à toi que j'ai confié ma cause.
13 Chantez le Seigneur, alléluia !
Il a délivré le pauvre
du pouvoir des méchants.

Quelques repères pour notre méditation

Rapide rappel historique : après la mort du Roi Salomon et la division (en 932/33) du royaume en deux (les tribus du Nord et celles du Sud), la Samarie est prise par les Assyriens ; c’est la fin du royaume du Nord. Celui de Juda passe à son tour sous domination assyrienne en 721. Josias devient Roi en 740. C’est dans un contexte de dominations et de révoltes successives contre les Assyriens, les Babylonninens et les Egyptiens que naît Jérémie, d'une famille de prêtres résidents à Anatoth [Anatoth est une cité du pays de Benjamin, à environ 4 kilomètres au Nord de Jérusalem] ; durant sa vie, il connaîtra le siège de Jérusalem et la fin du royaume de Juda, période à laquelle il sera arrêté et emprisonné. Libéré par les Babylonniens, il est entraîné de force en Egypte où il meurt.


Dans le texte qui nous est proposé en méditation, Jérémie est sous la torture (20:7-18). Il est rare qu’un prophète livre ses états d’âme.
En effet, Jérémie est menacé par la foule parce qu’il prononce des paroles qui dérangent, mais des paroles qui viennent du Seigneur. Il proclame que Dieu est fatigué des infidélités de son peuple et qu’il va sévir sévèrement, qu'il laissera les armées ennemies envahir le pays. C’est ce qui explique que, durant la fin de la journée et toute la nuit, Pashkhur a mis Jérémie au bloc, à la porte de Benjamin où tout le monde peut le voir, torturé et souffrant, et se moquer de lui à l’envie.
C’est alors que Jérémie rappelle à Dieu que lui-même ne voulait pas être prophète : «Toutes les fois que je parle, je crie, je proclame la violence et la dévastation ; car la parole de l’Éternel m’a été à opprobre.» Mais il n’est pas récompensé de son courage, il ne récolte que dérision et moquerie. De tous côtés on le calomnie. Ses familiers mêmes (les hommes d’Anathoth) guettent sa chute, afin de se venger de lui. Et quand bien même il s’est juré de ne plus « parler en son nom », l’Éternel l’avait «saisi» et avait été le plus fort ; sa parole avait été en lui comme un feu brûlant ; il n’avait pu la retenir (v. 8-9)
ni la contenir .
Alors, le prophète se ressaisit. Au milieu de tant d’épreuves, l’Éternel est avec lui (v. 11-13). Le sentiment de cette présence l’amène même à chanter, à louer l’Éternel, à anticiper en quelques sorte la délivrance dans cette saisissante confession (v. 13). Jérémie dont la vie est habitée par la parole de Dieu (à la fois source de son bonheur et de ses malheurs) est le symbole même de celui que Dieu choisit pour réveiller son peuple qui lui est devenu infidèle en se livrant à l’adultère, aux cultes d’autres dieux.
Jérémie rappelle la justesse de la voie du vrai Dieu, celle qui libère de l’esclavage du péché. Ce que Jérémie attend avec toute sa force, c’est la «revanche» de Dieu, c’est-à-dire le triomphe de son amour et la fin de tout mal sur la terre des vivants.

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Le psaume qui suit manifeste également le désarroi d’un homme qui est injustement persécuté pour la cause de Dieu. Il endure les insultes des impies qui le couvrent de railleries diverses : il est l’objet de la risée de tous. Il se tourne vers lui, mais celui-ci reste sourd à sa complainte. Cependant, confiant dans la grâce, l’amour et la vérité de Dieu, sûr du salut de Dieu, de son Dieu, il fait monter vers lui la louange, car il sait que Dieu n’abandonne pas les siens.

Psaume (68, 8, 10, 14, 30-31, 33-34)

08 C'est pour toi que j'endure l'insulte,
que la honte me couvre le visage :

10
L'amour de ta maison m'a perdu ;

on t'insulte, et l'insulte retombe sur moi.

14
Et moi, je te prie, Seigneur :

c'est l'heure de ta grâce ; *
dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi,
par ta vérité sauve-moi.

30 Et moi, humilié, meurtri,
que ton salut, Dieu, me redresse.
31 Et je louerai le nom de Dieu par un cantique,
je vais le magnifier, lui rendre grâce.

33 Les pauvres l'ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »

34
Car le Seigneur écoute les humbles,

il n'oublie pas les siens emprisonnés.


12/06/2008

La moisson est abondante,
et les ouvriers sont peu nombreux…

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 9, 36-38; 10, 1-8)
9
36i Jésus, voyant les foules, eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger.
37 Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux.
38 Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
10
01 Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d'expulser les esprits mauvais et de guérir toute maladie et toute infirmité.
02 Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, appelé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
03 Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ;
04 Simon le Zélote et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.
05 Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « N'allez pas chez les païens et n'entrez dans aucune ville des Samaritains.
06 Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël.
07 Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche.
08 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement.
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Quelques repères pour notre méditation

«… Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs.» (Mt 9, 9-13) C’est par cette parole que le Christ concluait son message aux apôtres dans l’évangile du dimanche dernier. Le texte de ce jour illustre bien cette posture de Jésus. Le programme de sa journée ? : proclamer le royaume des cieux, expulser les mauvais esprits, guérir toute maladie et toute infirmité. Dieu se souvient, Dieu se soucie… Des foules fatiguées et abattues, ce sont les délaissés qu’il fréquente, ceux qui n’ont aucune importance aux yeux des autorités juives et des occupants romains. Ces gens-là, ces laissés-pour-compte, ces «impurs» viennent auprès de Jésus pour entendre une parole de réconfort, d’amour et d’espérance, pour guérir. Et Jésus les accueille, les guérit et leur pardonne. Notons que chez Jésus la guérison est très souvent liée au pardon des péchés : car on ne guérit bien que si l’on est réconcilié avec soi-même et avec les autres !

La mission dont il charge les apôtres, c’est au fond la sienne propre. «La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson.» Dieu n’impose pas sa volonté aux hommes et il ne le veut pas : au contraire, il les convie à prendre leurs responsabilités, à «mettre la main à la pâte». Ceux qui répondent à son appel, il ne les choisit non pas sur la base de leur culture, de leur rang dans la société ou de leur renom : il les choisit tels qu’ils sont avec leur propre personnalité et il les appelle par leur nom.

Dans notre vie, nous recherchons sans cesse la guérison, la réconciliation, le réconfort… Dieu nous les offre sans marchandage, gratuitement ; mais il nous demande de faire le pas, d’approcher de lui, de se rapprocher de lui, d’entrer dans son intimité pour guérir de toutes nos infirmités. Mais l’appel de Dieu se prolonge au-delà de notre guérison : sur nos routes, sur nos lieux de travail et de loisirs, dans nos familles et autres espaces de partage de vie, «donnnos gratuitement parce que nous avons reçu gratuitement» ; nous avons été guéris ? alors devenons guérisseurs… nous avons été réconciliés à Dieu ? alors aidons nos frères à se laisser réconcilier avec lui… Attention ! Non pas charlatans, non pas de vils démiurges, mais du levain au milieu et dans les cœurs de nos frères. Non pas de zélés médiateurs ni des juges autoproclamés, mais des porteurs de Christ, des éveilleurs d’espérance, su sel dans la terre des hommes.


« Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! »

Bonjour !
Je vous invite à lire la seconde épître que la liturgie nous propose en ce 11ème dimanche ordinaire.


Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 5, 6-11)

5
06i Frères, alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions.
07 Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile ; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien.
08 Or, la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.
09 A plus forte raison, maintenant que le sang du Christ nous a fait devenir des justes, nous serons sauvés par lui de la colère de Dieu.
10 En effet, si Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils quand nous étions encore ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, nous serons sauvés par la vie du Christ ressuscité.
11 Bien plus, nous mettons notre orgueil en Dieu, grâce à Jésus Christ notre Seigneur, qui nous a réconciliés avec Dieu.
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Quelques repères pour notre méditation

Parmi toutes les communautés chrétiennes des premiers temps, Corinthe est celle qui posait le plus de problèmes, et c’est la raison pour laquelle l’Apôtre Paul leur écrivait souvent pour les rappeler à la morale chrétienne et recadrer leurs pratiques douteuses. Paul qui avait entendu le Seigneur lui dire : «J’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville» (Actes 18, 10) et qui était resté au milieu de ces corinthiens pendant un an et demi était profondément peiné de voir cette communauté si dynamique s’enliser dans des candales sans nom.

Pour réveiller ces corinthiens, Paul fait preuve de pédagogie en les ramenant aux origines de leur foi : point d’orgueil devant Dieu qui a créé toute chose et dont l’œuvre a été de réconcilier le monde avec lui, plus particulièrement dans le sacrifice de son Fils «mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs». Christ en qui se noue «l’alliance nouvelle et éternelle» est la figure parfaite de cette réconciliation accomplie. Il n'est pas ici question de "trafic d'influence" de la part de Dieu, il n'y a rien à négocier… Il ne s'agit pas de revenir à Dieu en échange de quelque chose… Pas de marchandage donc ! La réconciliation accomplie en Christ est là comme une donnée; elle fait partie de l'œuvre de Dieu à laquelle nous sommes invités à prendre part: nous péchons lorsque nous nous éloignons de ce repère fondamental en voulant vivre par et pour nous-mêmes, c'est-à-dire loin de Dieu (c'est même la définition du péché).

Vivre avec Christ, c’est donc revenir à Dieu, c'est devenir un homme nouveau, un autre homme. Cette nouvelle naissance que nous initions par le baptême («naissance d’en haut» - Jn 3, 3-5), c’est-à-dire par l’Eau et l’Esprit nous oblige à vivre dans l’intimité et la proximité de Dieu, selon sa volonté et pour sa plus grande gloire. Telle est la forme la plus élevée de notre liberté.


11/06/2008

Je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple…

Ce 11ème dimanche ordinaire, tout nous parle d'Alliance et de Réconciliation entre Dieu et les hommes. En effet, dans les deux premiers textes qui nous sont proposés, la reconnaissance de Dieu dans sa toute puissance et dans son infinie bonté nous ouvre le champ de la liberté et du salut.
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Livre de l'Exode (Ex 19, 2-6)

19
02i Dans le troisième mois qui suivit la sortie d’Égypte, les fils d’Israël, partis de Rephidim, arrivèrent dans le désert du Sinaï et ils y établirent leur camp juste en face de la montagne.
03 Moïse monta vers Dieu. Le Seigneur l'appela du haut de la montagne : « Tu diras à la maison de Jacob, et tu annonceras aux fils d'Israël :
04 Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Égypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d'un aigle pour vous amener jusqu'à moi.
05 Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon Alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples - car toute la terre m'appartient -
06 et vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. Voilà ce que tu diras aux fils d'Israël. »

Quelques repères pour notre méditation

Dieu se souvient et se soucie de son peuple ; ce qu’il a promis à Abraham, Isaac et Jacob s’accomplit en quelque sorte dans l’expérience de l’Exode, ce véritable parcours du salut (du « rachat ») qui passe par la Pâque et la conclusion de l’Alliance pour culminer dans la rédemption (l’un des thèmes de prédilection de Saint Paul lorsqu’il affirme que le sacrifice du Christ est l’accomplissement prophétique de l’Agneau pascal). Dieu profite de l’expérience de cet exode pour poser les termes de la morale chrétienne et en instruire son peuple.

La montagne ? Cela nous donne une indication claire sur l’époque et le lieu de cet épisode. Oui ! c’est bien de Sinaï qu’il s’agit. « Au troisième mois après que les fils d’Israël furent sortis du pays d’Égypte, en ce même jour, ils vinrent au désert de Sinaï… et Israël campa là devant la montagne » (v. 1, 2). Ainsi donc l’Éternel accomplissait la promesse qu’il avait faite à Moïse : « Parce que je serai avec toi ; et ceci te sera le signe que c’est moi qui t’ai envoyé : lorsque tu auras fait sortir le peuple hors d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne » (chap. 3:12). Mais les fils d’Israël n’étaient pas des dociles, des obéissants, mais plutôt des grincheux. Et puisque la grâce, c’est-à-dire la gratuité de l’amour, qui les avait déjà sondés n’avait trouvé dans leurs cœurs que rébellion et péché, l’
Éternel les met désormais à l’épreuve par la loi.

Nous pouvons souligner deux points importants dans le message que l’Éternel charge Moïse d’apporter au peuple.

- Premièrement, il leur rappelle ce qu’il avait fait pour eux et qui aurait dû les instruire sur leurs propres impuissance.
- Deuxièmement, l’Éternel leur fait une proposition, mais conditionnelle. « Et maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples ; car toute la terre est à moi... ». Et pour les mettre à l’épreuve, il dit : « Je vais faire dépendre votre position et vos bénédictions de votre obéissance. Jusqu’à présent j’ai tout fait pour vous ; dorénavant je me propose de faire dépendre ma faveur de vos œuvres. Êtes-vous disposés à accepter ces conditions et à promettre une obéissance absolue à ma parole et à mon alliance ? »

Pas facile pour Moïse d’aller annoncer un tel bouleversement, une telle nouvelle mise à l’épreuve, à peine sorti d’Egypte… Pour nous, il en va de même chaque fois que nous rompons notre alliance avec Dieu qui nous a pourtant montré le chemin de notre propre salut. Que faisons-nous pour nous réconcilier avec Lui et avec nos frères ?

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Psaume (99, 1-2, 3, 5)

01 Acclamez le Seigneur, terre entière,
02 servez le Seigneur dans l'allégresse,
venez à lui avec des chants de joie !

03 Reconnaissez que le Seigneur est Dieu :
il nous a faits, et nous sommes à lui,
nous, son peuple, son troupeau.

05 Oui, le Seigneur est bon,
éternel est son amour,
sa fidélité demeure d'âge en âge.


Le livre des psaumes est le recueil de cantiques du Temple de Jérusalem, après l’Exil à Babylone. Chacun des mots de ce psaume est presque un rappel de l’Alliance dont il est question dans le premier texte de l’Exode. Dieu a choisi le peuple d’Israël, (il l’a « élu », comme on dit), il l’a libéré, affermi, et fait Alliance avec lui.
« Acclamez le Seigneur, terre entière » : en hébreu, le « Seigneur », ce sont les quatre lettres YHVH (le tétragramme) que nous ne savons ni prononcer ni traduire : Moïse lui en a eu la révélation dans l’épisode du buisson ardent (Exode 3) : le Nom que l’Éternel a révélé à Moïse, à savoir ces fameuses quatre lettres, dit à la fois que Dieu est Autre que nous, inaccessible et pourtant proche à la fois. L’appel à l’acclamation rappelle que tout Lui appartient, la terre et tous les êtres qui la peuplent, y compris les hommes. Mais c’est un appel universel que le chantre anticipe ici. « La terre entière » préfigure donc l’universalité de cette Alliance que l’Éternel établit dans l’immensité de sa miséricorde, de sa fidélité et de son amour avec tous les hommes et toutes les nations.

• Dès lors, servir « le Seigneur dans l’allégresse » relève désormais du choix libre d’un peuple libre. Ce psaume est un véritable appel à mûrir dans notre alliance avec Dieu et à passer de la «servitude» (caractéristique de l’esclavage en Égypte) au «service» volontaire (signe de lliberté et de salut).


05/06/2008

Le Seigneur sait combler de ses grâces
ceux qui placent en lui leur confiance…

Bonjour !
Les deux autres textes proposés pour ce 10ème dimanche ordinaire nous parlent de l’Alliance et de la façon dont il faut la vivre. Abraham et Sarah d’un côté, Matthieu de l’autre : voilà les symboles de la fidélité et de la miséricorde de Dieu. Aux uns et à l’autre, Dieu se propose d’entrer dans une alliance de réciprocité et d’amour. Dieu avec nous, Dieu parmi nous , c’est ainsi qu’il se tient à notre porte et qu’il nous invite à une union sacramentelle.
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Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 4, 18-25)

4
18i Frères, Abraham notre père, espérant contre toute espérance, a cru à la promesse de Dieu, et ainsi il est devenu le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole du Seigneur : Vois quelle descendance tu auras !
19 Il n'a pas faibli dans la foi : cet homme presque centenaire savait bien que Sara et lui étaient trop vieux pour avoir des enfants ;
20 mais, devant la promesse de Dieu, il ne tomba pas dans le doute et l'incrédulité : il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu,
21 car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d'accomplir ce qu'il a promis.
22 Et, comme le dit l'Écriture :
En raison de sa foi, Dieu a estimé qu'il était juste.
23 En parlant ainsi de la foi d'Abraham, l'Écriture ne parle pas seulement de lui, mais aussi de nous ;
24 car Dieu nous estimera justes, puisque nous croyons en lui, qui a ressuscité d'entre les morts Jésus notre Seigneur,
25 livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 9, 9-13)
9
09 Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d'impôts). Il lui dit : « Suis-moi. » L'homme se leva et le suivit.
10 Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples.
11 Voyant cela, les pharisiens disaient aux disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? »
12 Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.
13 Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C'est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »
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Quelques repères pour notre méditation

Abraham, longtemps obsédé par la seule perspective de sa descendance a cherché par tous les moyens de l’époque à vaincre la stérilité de sa femme Sarah ; trop vieux pour procréer, ils n’avaient pas cependant perdu leur foi en Dieu : «en raison de sa foi, Dieu a estimé qu’il (Abraham) était juste» … «Dieu dit à Abraham: «Tu n'appelleras plus ta femme Saraï du nom de Saraï, car son nom est Sarah ! Je la bénirai et même je te donnerai, par elle, un fils» (Gn 17,15-16a). En effet, la terminaison du nom Saraï indique l'idée d'une propriété (ma Sarah). Dieu demande à Abraham de rendre à sa femme sa liberté car elle est choisie par Dieu pour la manifestation de son amour et pour la récompense de leur foi indéfectible. Isaac est bien le fruit de la fidélité du couple, l’incarnation de la puissance aimante de Dieu qui tient sa promesse. Celui qui met sa foi en Dieu, celui qui en lui place toute sa confiance, non seulement il est justifié par Dieu mais en plus Dieu se manifeste dans sa vie dans l’accomplissement de sa promesse.


Matthieu quant à lui était jugé par les Pharisiens et les autres comme étant exclu définitivement de cette alliance… Pourtant, c’est bien Dieu qui prend l’initiative et offre à Matthieu l’opportunité de vivre dans sa proximité : il lui tend la main : «suis-moi». Cela sonne sec comme un ordre qui ne laisse aucun choix. Non ! bien sûr… il s’agit d’un appel à la liberté, à la noce.
Cette vocation de Matthieu nous instruit sur la miséricorde incommensurable de Dieu qui non seulement bouscule la chape des jugements et des préjugés de castes mais aussi nous secoue de l’intérieur pour nous réveiller à la vie et à l’espérance : «A Dieu rien d’impossible» !
Comme il a visité autrefois son peuple et lui a parlé par les prophètes, Dieu nous visite dans notre cœur pour nous interpeler directement et nous rendre dignes de sa miséricorde. Mais sommes-nous toujours conscients de cette intimité qu’il nous offre ? Sommes-nous assez disposés à l’accueillir, à nous laisser transformer par son amour et à témoigner de sa grandeur au milieu de nous ?


04/06/2008

Oui l'amour, non les sacrifices !

Bonjour !
Nous sommes au 10ème dimanche du temps ordinaire et les deux premiers textes qui nous sont proposés parlent du culte véritable.

Livre d'Osée (Os 6, 3-6)
6
03i Les fils d’Israël se disaient entre eux : « Efforçons-nous de connaître le Seigneur ; sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, elle sera bienfaisante pour nous comme l’ondée, comme les pluies de printemps qui arrosent la terre. »
04 Et Dieu répondit :
«Que vais-je te faire, Éphraïm ?
Que vais-je te faire, Juda ?
Votre amour est fugitif comme la brume du matin,
comme la rosée qui s'évapore à la première heure.
05 Voilà pourquoi je vous ai frappés par mes prophètes,
je vous ai massacrés par les paroles de ma bouche.
06 Car c'est l'amour que je désire, et non les sacrifices,
la connaissance de Dieu, plutôt que les holocaustes.»
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Quelques repères pour notre méditation

Un slogan peut résumer en quelques mots cet extrait du Prophète Osée : Oui l'amour, non les sacrifices. L'amour se nourrit de loyauté, de fidélité, de justice et de bonté. Notre relation à Dieu est faite de cet amour réciproque. Si donc Dieu nous aime loyalement, fidèlement, avec justice et bonté, notre réponse en retour c'est de rechercher toujours à le connaître mieux et davantage, et de l'aimer de tout notre cœur. Mais cette connaissance n’est pas automatique et notre seul chef (verset 3). Et nous serons dignes de la miséricorde divine que si , dans et par l’humilité, nous reconnaissons notre souffrance (certes !), mais aussi et surtout notre péché. Sinon Dieu, juge suprême, nous frappera et nous humiliera, comme il l’a fait à Israël, dans la destruction. Mais la lumière qui naîtra de ce châtiment sera non pas un signe de notre salut, mais l’épreuve à travers laquelle se manifestera Sa justice (verset 6).
Que de coqs et moutons égorgés pour soi-disant «faire sacrifice et rendre grâce à Dieu» ! Que d’holocaustes offerts soit-disant à Dieu pour pour se cacher en réalité de ses propres misères et de ses viles infidélités ! Non ! Dieu, le vrai Dieu aime «la vérité dans l'intérieur», et il nous enseigne «la sagesse dans le secret de notre âme» !...

Le psalmiste ne dira-t-il pas plus tard (voir Ps. 50/51, v. 18-19):
Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas |

tu n’acceptes pas d’holocauste | Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c’est un esprit brisé |
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un cœur brisé et broyé.


Ou encore
( voir Ps. 115/116 v. 4 à 9) :

Notre Dieu est dans les cieux ! Tout ce qu'il veut, il le fait.
4 Leurs idoles sont de l'argent et de l'or, un ouvrage de mains d'hommes.
5 Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas,
6 Elles ont des oreilles et n'entendent pas, elles ont un nez et ne sentent pas;
7 Leurs mains… elles ne peuvent saisir ; leurs pieds... ils ne marchent pas ;
Elles ne rendent aucun son de leur gosier.

8 Ils leur ressemblent, ceux qui les font, tous ceux qui mettent en elles leur confiance.
9 Israël, confie-toi en l'Éternel ! Il est leur aide et leur bouclier.

En résumé, dans ce texte, si l’amour est mis en parallèle avec le sacrifice, c’est bien parce qu’il est le vrai sacrifice, celui qui s’offre de l’intérieur de chacun et qui nous rend dignes de vivre en présence de notre Dieu. Pour que «l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande» à la gloire de Dieu, il faut que vos vies entières soient elles-mêmes holocaustes, car en nous révélant son amour et sa sainteté, Dieu lui-même nous aura appris à le connaître, à l'aimer et à le servir.
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Psaume (49, 1ab.4b.8, 12-13, 14-15)

1a
Le Dieu des dieux, le Seigneur,

1b parle et convoque la terre
4b et la terre au jugement de son peuple :
08 « Je ne t'accuse pas pour tes sacrifices ;
tes holocaustes sont toujours devant moi.

12
« Si j'ai faim, irai-je te le dire ?

Le monde et sa richesse m'appartiennent.
13 Vais-je manger la chair des taureaux
et boire le sang des béliers ?
14 « Offre à Dieu le sacrifice d'action de grâce,
accomplis tes vœux envers le Très-Haut.
15 Invoque-moi au jour de détresse :
je te délivrerai, et tu me rendras gloire. »
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Tout d’abord, il est intéressant de noter qu’en ouverture de ce psaume, trois noms divins sont prononcés comme pour préparer l'univers, c’est-à-dire la terre entière et tous ses habitants (donc au-delà du seul peuple d’Israël) à la communication qui va être faite : le Puissant (le Dieu des dieux), Elohim (le Dieu redoutable) et Jéhova (l'Etre des êtres). Le message de ce psaume est clair : le bannissement du formalisme. Aux sacrifices de toute espèce, Dieu oppose le culte du cœur, comme seul agréable à ses yeux. Avant tout donc la louange, l'obéissance et la prière confiante dans la détresse. Oui ! l'ancienne alliance se spiritualise en quelque sorte, et le propos de Dieu annonce l'aube évangélique de l’alliance nouvelle.