17/07/2009

«A cause de vous, mes brebis se sont égarées
et dispersées.»

Chers frères, bonjour !

Voici les références bibliques des quatre textes que la liturgie nous propose en ce 17ème dimanche.
Livre du prophète Jérémie - 23. 1 à 6: «A cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées.»
Psaume 22: «Le Seigneur est mon berger... il me mène vers les eaux tranquilles.»
Lettre de saint Paul aux Ephésiens. 2. 13 à 18: «Des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple. Il a fait tomber ce qui les séparait.»
Evangile selon saint Marc. 6. 30 à 34: «Ils étaient comme des brebis sans berger.»
__________________________________________________________________

PREMIERE LECTURE - Jérémie 23, 1 - 6

1 Parole du Seigneur.
Misérables bergers, qui laissent périr et se disperser
les brebis de mon pâturage !
2 C'est pourquoi - ainsi parle le Seigneur, le Dieu d'Israël
contre les pasteurs qui conduisent mon peuple - :
à cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées,
et vous ne vous êtes pas occupés d'elles.
Eh bien ! Moi je vais m'occuper de vous,
à cause de vos méfaits,
déclare le Seigneur.
3 Puis je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis
de tous les pays où je les ai dispersées.
Je les ramènerai dans leurs pâturages,
elles seront fécondes et se multiplieront.
4 Je leur donnerai des pasteurs
qui les conduiront ;
elles ne seront plus apeurées et accablées,
et aucune ne sera perdue, déclare le Seigneur.
5 Voici venir des jours, déclare le Seigneur,
où je donnerai à David un Germe juste :
il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence,
il exercera dans le pays le droit et la justice.
6 Sous son règne, le royaume de Juda sera sauvé,
et Israël habitera sur sa terre en sécurité.
Voici le nom qu'on lui donnera :
« Le Seigneur est notre justice. »
__________________________________________________________________

Pour comprendre cet extrait de Jérémie, il convient de se rappeler le contexte dans lequel ces paroles sont dites : nous sommes au moment de l’exil à Babylone et le prophète s’élève contre les derniers rois de Jérusalem qu’il rend responsables des égarements du peuple juif. Certes, les Grecs l'ont martyrisé à l'époque des frères Macabées, et les Romains ont construit leur forteresse dans les murailles du Temple même, en Terre promise, sans oublier le balancement permanent de ses chefs entre les Zélotes et les Hérodiens… une situation qui ne favorise pas la confiance en ces chefs politiques et religieux. D’ailleurs, des rangs des lévites et des scribes n’émerge aucune personnalité forte qui puisse rassembler et rappeler le sens de l’Alliance et de la mission universaliste du peuple élu. Et l’on comprend aisément que ce peuple se soit fourvoyé dans l’idolâtrie, qu’il ait perdu ses repères par dépit ou par un ressenti d’abandon et d’absence de Dieu, de ce Messie tant annoncé, et dont il attend qu’il le libère du joug de l’étranger. C’est le chaos total ! Pas un vrai chef, pas un berger qui rassemble et conduise le peuple juif.
C’est peut-être parce qu’ils se sont mal (pré)occupé de leur peuple, qu’ils n’en ont eu guère souci, eux les mauvais pasteurs que déjà le prophète Michée stigmatisait (Mi 5, 1-3). Jérémie est très dur envers eux et il insiste sur la radicalité de son message qu’il tient de Dieu lui-même (en effet, par cinq fois, il rappelle qu’il dit «la parole du Seigneur». Et comme par opposition, il annonce l’émergence, dans la tribu de David, d’un vrai berger, d’un vrai roi dont le nom sera Justice. Un roi qui sortira le peuple juif des effritements tatillons et stupides de la Loi dans lesquels les faux pasteurs l’avaient égaré et enfermé, pour le rétablir dans l’essence même de l’Alliance. C’est donc dans le moments les plus difficiles, lorsque désespère du droit, de la justice et de la sécurité, que les prophètes (ici Jérémie, mais également Zacharie et Isaïe) insistent sur la nécessité et presque l’évidence de cette espérance dans un Messie qui, contrairement aux faux bergers, saura rassembler et conduire son peuple en toute quiétude.
Résonnent ici en écho cette belle déclaration de confiance (cum-fides) du psaume 22: «Mon berger, c'est le Seigneur : je ne manque de rien».

PSAUME 22 ( 23 )
1 Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
2 Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
3 et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.

4 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi,
ton bâton me guide et me rassure.

5 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

6 Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

Le prophète Ezéchiel (34, 2. 5-6) mettait déjà en garde non seulement les chefs mais aussi les juifs eux-mêmes individuellement: «Malheur aux bergers d'Israël qui se paissent eux-mêmes ! N'est-ce pas le troupeau que les bergers doivent paître ?... Les bêtes se sont dispersées, faute de berger, et elles ont servi de proie à toutes les bêtes sauvages (entendez les nations étrangères, et en particulier Babylone) ; elles se sont dispersées. Mon troupeau s'est éparpillé par toutes les montagnes, sur toutes les hauteurs ; mon troupeau s'est dispersé sur toute la surface du pays sans personne pour le chercher, personne qui aille à sa recherche.» C'est Dieu qui est lumière et salut, c'est Dieu qui est le bon pasteur, c'est-à-dire celui qui veut libérer l'homme autant qu'il est lui-même libérateur.
Aujourd’hui encore plus qu’hier, avec la densification et la massification des média, que de faux pasteurs pour vendre des promesses de bonheur et de salut ! Que de faux pasteurs pour nous attirer sur des chemins sans issue, sans sens pour notre existence ! Que de faux pasteurs pour vendre de l’illusion et du vent face à la misère des peuples, face à la faiblesse des consciences fragilisées par les calamités naturelles, les injustices sociales et politiques, les méchancetés des uns et des autres ! … Oui, le Seigneur est un berger aimant qui nourrit et protège, rassure et libère. Jérémie a porté au niveau de tout un peuple ce qui se jour quotidiennement au niveau de l’individu que nous sommes ; il nous rappelle cette espérance qui doit être inscrite au cœur de notre vie pour laisser germer et accueillir en nous celui que nous attendons et qui est déjà là, le Seigneur Dieu, le juste.

Aucun commentaire: