Chers amis, bonjour !
Nous voici (déjà) au premier Dimanche du Temps
ordinaire de la liturgie. En réalité, il n’y a rien d’ordinaire dans la
temporalité de la vie en église car nous sommes toujours en célébration
pascale : « nous attendons la venue du Seigneur dan la
gloire ».
Néanmoins, alors que dimanche dernier nous célébrions
l’épiphanie de l’Enfant Jésus, voici qu’aujourd’hui nous faisons un saut dans
le futur… puisque l’Évangile qui nous est proposé se situe dans la trentième
année de Jésus. Celui-ci commence en effet son ministère, sa mission. Cela veut
dire aussi que ce Jésus a grandi au milieu des siens comme tous les autres
enfants de son âge, particulièrement en aidant ses parents dans les tâches de
la vie quotidienne. En même temps, comme l’écrit Luc à propos de la vie cachée
de Jésus après sa circoncision et sa présentation au Temple :
« Lorsqu’ils (ses parents) eurent accompli ce qui était conforme à la Loi
du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. Cependant,
l’enfant grandissait, se développait et se remplissait de sagesse. Et la grâce
de Dieu reposait sur lui » (Lc 2, 39-40). Il était sûrement à l’écoute
permanente de l’appel de son Père qu’il rencontrait dans la prière.
La liturgie de ce dimanche 15 janvier nous a proposé
les textes suivants :
•
Première
Lecture - Premier Livre de Samuel 3, 3b-10. 19
•
Psaume 39
(40), 2.4 7-11
•
Deuxième
Lecture : Première Lettre aux Corinthiens 6, 13... 20
• Évangile
- Jean 1, 35 - 42
___________________________________________
Première Lecture - Premier Livre de Samuel 3,
3b-10. 19
3 Le
jeune Samuel couchait dans le temple du SEIGNEUR,
où se trouvait l'arche de Dieu.
4 Le SEIGNEUR appela Samuel, qui répondit :
« Me voici ! »
5 Il courut vers le prêtre Eli, et il dit :
« Tu m'as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je ne t'ai pas appelé. Retourne te coucher. »
L'enfant alla se coucher.
6 De nouveau, le SEIGNEUR appela Samuel.
Et Samuel se leva. Il alla auprès d'Eli, et il dit :
« Tu m'as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je ne t'ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
7 Samuel ne connaissait pas encore le SEIGNEUR,
et la parole du SEIGNEUR ne lui avait pas encore été révélée.
8 Une troisième fois, le SEIGNEUR appela Samuel.
Celui-ci se leva. Il alla auprès d'Eli, et il dit :
« Tu m'as appelé, me voici. »
Alors Eli comprit que c'était le SEIGNEUR qui appelait l'enfant,
9 et il lui dit :
« Retourne te coucher,
et si l'on t'appelle, tu diras :
Parle, SEIGNEUR, ton serviteur écoute. »
Samuel retourna se coucher.
10 Le SEIGNEUR vint se placer près de lui
et il appela comme les autres fois :
« Samuel ! Samuel ! »
et Samuel répondit :
« Parle, ton serviteur écoute. »
19 Samuel grandit.
Le SEIGNEUR était avec lui,
et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.
où se trouvait l'arche de Dieu.
4 Le SEIGNEUR appela Samuel, qui répondit :
« Me voici ! »
5 Il courut vers le prêtre Eli, et il dit :
« Tu m'as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je ne t'ai pas appelé. Retourne te coucher. »
L'enfant alla se coucher.
6 De nouveau, le SEIGNEUR appela Samuel.
Et Samuel se leva. Il alla auprès d'Eli, et il dit :
« Tu m'as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je ne t'ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
7 Samuel ne connaissait pas encore le SEIGNEUR,
et la parole du SEIGNEUR ne lui avait pas encore été révélée.
8 Une troisième fois, le SEIGNEUR appela Samuel.
Celui-ci se leva. Il alla auprès d'Eli, et il dit :
« Tu m'as appelé, me voici. »
Alors Eli comprit que c'était le SEIGNEUR qui appelait l'enfant,
9 et il lui dit :
« Retourne te coucher,
et si l'on t'appelle, tu diras :
Parle, SEIGNEUR, ton serviteur écoute. »
Samuel retourna se coucher.
10 Le SEIGNEUR vint se placer près de lui
et il appela comme les autres fois :
« Samuel ! Samuel ! »
et Samuel répondit :
« Parle, ton serviteur écoute. »
19 Samuel grandit.
Le SEIGNEUR était avec lui,
et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.
Cet extrait du Premier Livre de Samuel fait
partie d’un écrit que l’on pourrait qualifier de romanesque avec des
personnages variés et des histoires mêlées. Celles des hommes et des femmes
pris dans un quotidien âpre et difficile, mais également enflammés par leurs
relations au Tout-Puissant qu’ils ne cessent d’aller prier dans son sanctuaire.
Samuel est le don que Dieu fait à Anne, sa mère inféconde. Celle-ci avait
promis, si le Seigneur exhaussait son vœu, de mettre l’enfant à son service
dans le temple. C’est qu’il advint : en effet, après qu’elle eut sevré
l’enfant, elle se présenta à Éli pour consacrer son enfant au Seigneur. Sa
prière est d’ailleurs annonciatrice de celle de Marie lorsqu’elle fut visitée
par l’Ange Gabriel :
« … C’est Yahvé qui appauvrit et
enrichit,
qui abaisse et aussi qui élève.
Il retire de la poussière le faible
du fumier il relève le pauvre,
pour le faire asseoir avec les nobles
et leur assigner un siège d’honneur… »
Le jeune Samuel servait donc le Seigneur sous
la gouverne d’Eli, le grand prêtre.
Ici, il est question d’appel de Dieu auquel Samuel n’est justement pas
préparé. Mais cette révélation qui le consacre comme prophète n’est pas un
songe, puisque la voix réveille l’enfant ; elle n’est pas non plus un rêve
ni une vision puisqu’il ne voit pas Yahvé mais entend sa voix. Laquelle voit
émane au-dessus de l’Arche de Dieu, le lieu où Yahvé se rend présent pour
communiquer ses ordres. Ce fut le cas lorsque, après la conclusion de
l’Alliance sur la Montage avec Moïse, Aaron, Nadab, Abihu et soixante-dix des
Anciens d’Israël, Yahvé énonça ses prescriptions relatives à la construction du
Sanctuaire et à ses Ministres et précisa : « Tu placeras le
propitiatoire sur la partie supérieure de l’arche et tu déposeras dans l’arche
le témoignage que je te donnerai. C’est là que je te rencontrerai ; c’est
du haut du propitiatoire, de l’espace compris entre les deux chérubins placés
sur l’arche du Témoignage, que je
te communiquerai les ordres destinés aux
enfants d’Israël. » (Ex. 25, 22).
De même, dans le Livre du Lévitique (Lv 24,
3), lorsque Yahvé énonce ses prescriptions rituelles complémentaires, il parle
ainsi à Moïse : « Commande aux enfants d’Israël d’apporter de l’huile
vierge pour le candélabre, et d’y faire monter une flamme permanente. C’est
devant le voile du Témoignage, dans le Tente de Réunion, qu’Aaron disposera
cette flamme. Elle sera là devant Yahvé du soir au matin, en permanence. Ceci
est une loi perpétuelle pour vos descendants : Aaron les lampes sur le
candélabre pur, devant Yahvé, en permanence. »
Plus tard, le scénario sera exactement le même
pour la narration de la vocation du prophète Isaïe : « … je vis le
Seigneur Yahvé assis sur un trône élevé ; sa traîne remplissait le
sanctuaire ; des séraphins se tenaient au-dessus de lui ayant chacun six
ailes : deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds et
deux pour voler ». (Is 6)
C’est donc dans son sanctuaire, là où se
trouvait son arche que Dieu appelle Samuel. Cela est d’autant plus exceptionnel
qu’à l’époque la voix de Dieu se faisait rare. Par deux fois, l’enfant pense
que c’est Éli qui l’appelle. Mais le grand prêtre sait qu’il s’agit là d’un
appel de Dieu lui-même. « Parle, ton serviteur écoute », lui
conseilla-t-il de répondre. Ce que fit l’enfant. Or, le message de Yahvé à
Samuel concernait justement la maison d’Éli : « … En ces jours-là, j’accomplirai
contre Éli tout ce que j’ai dit contre sa maison, du commencement à la fin. Tu
lui annonceras que je condamne sa maison pour toujours ; parce qu’il a su
que ses fils maudissaient DIEU et qu’il ne les a pas corrigés. C’est pourquoi …
ni sacrifice ni offrande n’effaceront jamais la faute de la maison d’Éli »
(12-14). C’est là une dure épreuve pour Samuel, une lourde charge, mais
également un moment d’exaltation parce que Dieu lui parle et lui assure
désormais une présence permanente : « Samuel grandit, le SEIGNEUR était
avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet. » Dieu avait agi de
la même manière avec le jeune
Joseph (vendu par ses frères) en Égypte : « … Or Yahvé assista
Joseph, à qui tout réussit, et il resta dans la maison de son maître, l’Égyptien. »
(Gn 39, 2).
Et nous, aujourd’hui, dans le tumulte de nos
sociétés de consommation et d’information surabondante, dans notre monde envahi
par les faux prophètes et les imposteurs de toutes sortes, sommes-nous
suffisamment attentifs à l’appel de Dieu, à le reconnaître avec
discernement ? Sommes-nous assez
éveillés pour capter l’appel de Dieu dans le regard, le silence ou la
souffrance de certains de nos frères ? Sommes-nous à la recherche ou dans
l’attente de cet appel qui résonne dans le sanctuaire de notre Dieu ?
Sommes-nous en disposition d’accueillir cet appel et de le laisser germer dans
l’humus de nos vies au quotidien afin qu’il porte du fruit, du bon fruit ?
Savons-nous dire « oui « au Seigneur pour lui faire une place dans
nos vies en permanence ? Sommes-nous prêts à accepter que Dieu nous
consacre « prophètes », c’est-à-dire porteurs et serviteurs de sa
Parole, cultivateurs de l’espérance ?
___________________________________________
Psaume 39 (40), 2.4 7-11
2 D'un
grand espoir, j'espérais le SEIGNEUR,
Il s'est penché vers moi
4 Dans ma bouche il a mis un chant nouveau
une louange à notre Dieu.
7 Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice
tu as ouvert mes oreilles
tu ne demandais ni holocauste ni victime
8 alors j'ai dit : « Voici, je viens. »
Dans le livre est écrit pour moi
9 ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j'aime :
Ta Loi me tient aux entrailles.
10 Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
SEIGNEUR, tu le sais.
11 J'ai dit ton amour et ta vérité
A la grande assemblée.
Il s'est penché vers moi
4 Dans ma bouche il a mis un chant nouveau
une louange à notre Dieu.
7 Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice
tu as ouvert mes oreilles
tu ne demandais ni holocauste ni victime
8 alors j'ai dit : « Voici, je viens. »
Dans le livre est écrit pour moi
9 ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j'aime :
Ta Loi me tient aux entrailles.
10 Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
SEIGNEUR, tu le sais.
11 J'ai dit ton amour et ta vérité
A la grande assemblée.
Ce long psaume est intitulé « Action de
grâce. Appel au secours ». Cela correspond à l’organisation de ce texte
dont la première partie est une sorte de retour sur le passé d’Israël opposé au
présent. Il est étonnant, pour qui connaît la culture rituelle et sacrificielle
d’Israël. Souvent elle était caractérisée par une offrande vivante : un
agneau. Cette culture s’est, au fil du temps, muée ; elle a évolué dans
ses formes… mais jamais elle n’a considéré que l’homme pouvait être offert en
sacrifice. Longtemps avant, Abraham en avait été dissuadé par l’ange…
Le sacrifice qui plaît au Seigneur est d’un
autre ordre. Le psalmiste lui-même l’évoque dans le psaume 50 (18-19) :
Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas,
tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c’est un esprit brisé ; *
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un cœur brisé et broyé.
tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c’est un esprit brisé ; *
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un cœur brisé et broyé.
Finalement, l’obéissance vaut mieux que le
sacrifice. Et celui que nous sommes encouragés à obéir, c’est justement
celui-là même qui s’offrira comme victime pascale par la mort sur la Croix pour
le salut de toute la création. Le vrai sacrifice par Jésus-Christ est
rédemption : car le sacrifice (sacrum fare = rendre sacré) ne consiste pas
à tuer mais à faire vivre. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est celui de
l’amour et de la fidélité dans sa Parole qu’il nous est demandé d’annoncer sans
relâche à la grande assemblée.
Il sera
utile d’élargir la compréhension de cet extrait de psaume avec les références
suivantes : Hébreux 10, 5-7 / Isaïe 50, 5 / Amos 5, 21 + / Ps 37, 31 / Ps
51, 18-19 / Ps 69, 31-32 / Jean 4, 34 et 8, 29.
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Deuxième Lecture : Première Lettre aux
Corinthiens 6, 13... 20
Frères,
13 Notre corps n'est pas fait pour l'impureté,
il est pour le Seigneur Jésus,
et le Seigneur est pour le corps.
14 Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur,
nous ressuscitera aussi, par sa puissance.
15 Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ?
17 Celui qui s'unit au Seigneur
n'est plus qu'un seul esprit avec lui.
18 Fuyez l'impureté.
Tous les péchés que l'homme peut commettre
sont extérieurs à son corps ;
mais l'impureté
est un péché contre le corps lui-même.
19 Ne le savez-vous pas ?
Votre corps est le temple de l'Esprit Saint,
qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ;
vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes,
20 car le Seigneur vous a achetés très cher.
Rendez gloire à Dieu dans votre corps.
13 Notre corps n'est pas fait pour l'impureté,
il est pour le Seigneur Jésus,
et le Seigneur est pour le corps.
14 Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur,
nous ressuscitera aussi, par sa puissance.
15 Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ?
17 Celui qui s'unit au Seigneur
n'est plus qu'un seul esprit avec lui.
18 Fuyez l'impureté.
Tous les péchés que l'homme peut commettre
sont extérieurs à son corps ;
mais l'impureté
est un péché contre le corps lui-même.
19 Ne le savez-vous pas ?
Votre corps est le temple de l'Esprit Saint,
qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ;
vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes,
20 car le Seigneur vous a achetés très cher.
Rendez gloire à Dieu dans votre corps.
Un discours de morale sur la thématique du
péché et de l’impureté (terme pudique pour parler en réalité de la vie sexuelle
quelque peu tumultueuse des Corinthiens) se placerait par facilité l’opposition
permis/défendu. C’est le chemin le plus commode, mais que Paul n’emprunte pas
ici. Dans d’autres versions, le mot « impureté » est traduit par
« fornication ». Car ce texte s’adresse aux libertins de Corinthe qui
pensaient que la fornication était un besoin légitime au même titre que le
boire et le manger. Paul rappelle ici l’essentiel de l’engagement chrétien.
Celui qui a été baptisé en Église du Christ a reçu son Esprit Saint. A ce titre
donc, son corps ne lui appartient plus, en tous cas il ne plus le
« traiter » avec légèreté. Son corps est désormais « temple de
l’Esprit Saint » de Dieu. Pour Paul, le corps n’est pas opposé à
l’âme : il est un TOUT qui englobe la vie de chaque personne l’affectif,
le social et le rationnel.
Paul présente ici des éléments fondamentaux
d’une théologie du corps dans laquelle le chrétien est appelé à prendre
conscience de la grandeur et de la sacralité de son corps qui, par le baptême,
fait partie du Corps du Christ, appelé à ressusciter avec lui au dernier jour.
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