Chers
amis, bonjour !
La
messe du Jour du Seigneur retransmise ce dimanche 22 janvier à la télévision était en réalité la
célébration œcuménique qui a eu lieu le vendredi 20 janvier en l’ Église
Saint-Bonaventure de Lyon. Un rassemblement riche par la diversité des messages
et des témoignages des représentants de plusieurs confessions, un moment de
partage intense de la Parole de Dieu.
Monseigneur Philippe Barbarin, Cardinal de Lyon, a livré une réflexion circonstanciée sur l’unité des chrétiens à partir des textes de Jean (12, 23-26) et Paul (Cor 15, 51-58) que nous nous faisons le plaisir de porter à votre connaissance. «Consolation et Résurrection sont un même mot hébreu dans nos Bibles», dit-il en substance : «L’unité des chrétiens ne sera pas le fruit de recherches savantes, encore moins de négociations habiles. Nous l’attendons comme un événement de grâce…».
Monseigneur Philippe Barbarin, Cardinal de Lyon, a livré une réflexion circonstanciée sur l’unité des chrétiens à partir des textes de Jean (12, 23-26) et Paul (Cor 15, 51-58) que nous nous faisons le plaisir de porter à votre connaissance. «Consolation et Résurrection sont un même mot hébreu dans nos Bibles», dit-il en substance : «L’unité des chrétiens ne sera pas le fruit de recherches savantes, encore moins de négociations habiles. Nous l’attendons comme un événement de grâce…».
Texte de l'homélie
Tous nous serons
transformés
Mille questions habitent le cœur des hommes. Avec émerveillement, nous les
voyons venir très tôt sur les lèvres des enfants, des interrogations profondes
sur la vie, l’avenir et le monde, toujours exprimées avec une clarté qui ne
laisse pas d’échappatoire.
Avec les adultes, quand la discussion se prolonge, ces difficultés
s’estompent, et il n’en reste plus qu’une, essentielle. Derrière le mal, la
misère et la violence se profile la plus cruelle de toutes les souffrances,
celle de la mort. Elle est perçue comme la plus grande énigme ou la pire
injustice. C’est d’elle que viennent tous les doutes. La disparition d’un être
cher provoque en nous comme un effondrement intérieur, qui, parfois, remet tout
en cause. Au fond, les hommes ne portent en eux qu’une seule question : Est-il vrai que la mort n’est pas l’horizon
ultime ? Est-il certain que la vie triomphera ?
Ni les philosophes, ni les hommes politiques, aussi intelligents ou dévoués
soient-ils, n’ont pu chasser cette angoisse, ni ne parviendront jamais à donner
une réponse satisfaisante. Qu’il fasse attention, celui qui voudrait se hâter
de réconforter autrui par des formules faciles : « C’est Rachel qui pleure ses enfants et elle ne veut pas qu’on la
console. » (Mt 2, 18)
C’est pour ne
pas nous laisser dans cette tragique impasse que Dieu a fait le grand voyage de
l’Incarnation. La toute-puissante Parole d’amour,
qui est la source de la vie, est venue jusqu’à nous. Elle est entrée dans la
fragilité de notre chair à Nazareth, pour refaire et parfaire l’homme, ainsi
que tout le monde créé. Dès le début, les attaques ont déferlé, à commencer par
la rage meurtrière d’Hérode, dès qu’il a appris la naissance du Roi. «Pourquoi
as-tu peur, Hérode ? Le Christ n’est pas venu pour ravir la gloire d’autrui,
mais pour nous faire don de la sienne. Tu commandes d’assassiner ces faibles
corps, car la peur assassine ton cœur! »
Tout au long de sa vie, Jésus a parcouru le monde en faisant le bien (cf.
Ac 10, 38).Mais comment a-t-on pu lui vouloir tant de mal ? Quand il monte au
Golgotha, nous avons l’impression que son histoire résume toutes les
contradictions de notre humanité. Quand il rend son dernier souffle, nous
l’entendons prier : «Père, entre tes
mains, je remets mon esprit.» (Lc 23, 46) Et de ces mains nous viendra la
lumière. La résurrection de Jésus est la réponse de Dieu à toutes les questions
des hommes. Lui seul pouvait nous la donner : « Avec la mort, la vie n’est pas détruite, elle est transformée. »
Voilà qui nous permet de comprendre enfin que la vocation de l’homme se résume dans le verbe aimer. Comme nos
divergences entre chrétiens paraissent dérisoires tout d’un coup ! Et
révoltants, nos conflits historiques, sans parler de la division des églises
qui nous fait honte, puisque nous proclamons tous que l’Eglise est une et
sainte. Mais pourquoi donc n’en donnons-nous pas le témoignage ? Ce qui est
sûr, et vraiment joyeux, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes unis par un amour
fraternel qui traverse allègrement les prétendues frontières de nos églises.
Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour travailler à l’unité,
convaincus de l’importance de cet enjeu, selon la parole du Seigneur: «A ceci tous reconnaîtront que vous êtes
mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,
35)
Même si nous n’arrivons pas à démêler les nœuds accumulés par l’histoire,
nous sommes sûrs que le Seigneur nous fera ce cadeau quand il voudra. L’unité des chrétiens ne sera pas le
fruit de recherches savantes, encore moins de négociations habiles. Nous
l’attendons comme un événement de grâce. Ne perdons pas de temps à nous
lamenter sur les divisions du passé ou du présent, et faisons tout pour en
éviter de nouvelles dans le futur… Lançons-nous hardiment dans l’œuvre de
transformation que la Résurrection rend possible: «Tous, nous serons
transformés.» Il s’agit de notre propre conversion à mettre en œuvre tout de
suite. «Il faut que ce qui est
périssable en nous devienne impérissable » (1 Co 15, 51 et 53)
Mais puisque l’Apôtre avertit que: «La chair et le sang ne sont pas
capables d’avoir part au Royaume de Dieu», où donc allons-nous en trouver la
force ? Dans le pain vivant de l’Eucharistie, comme nous l’a enseigné Jésus: «Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra
éternellement (…) Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle
; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.» (Jn 6, 51-54) Le Nouveau Testament lie la Résurrection à
l’Eucharistie. Et celle-ci est encore le lieu douloureux de notre division,
alors qu’elle porte le nom de « communion ». Quand ce pain devient le corps du
Christ, il se trouve entraîné dans l’aventure du mystère pascal et nous ouvre à
la lumière de la Résurrection. Voilà le levier de toutes les transformations et
de la transfiguration du monde. Nous sommes envoyés pour proclamer ce message
de consolation aux hommes, car ils méritent plus d’amour que le monde ne peut
leur en donner: «Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu (…) et
criez-lui» (Is 40, 1), la victoire de notre Seigneur Jésus Christ.
Consolation et
Résurrection sont un même mot hébreu dans nos Bibles. Que la puissance de ce Mystère nous illumine et nous convertisse. Alors,
nous saurons comment travailler ensemble à transformer le monde, pour que son
Règne vienne !
Et
pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de suivre cette célébration et l’homélie
du Cardinal Philippe Barbarin de vive voix, vous pouvez revivre cette
prédication en cliquant sur ce lien : homélie
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