01/01/2012

Noël, le printemps du monde… par Marie !

Chers amis, bonjour !



Nous sommes le premier dimanche de cette nouvelle année qui commence avec deux maîtres-mots qui traversent les trois textes que la liturgie nous propose en méditation : la bénédiction et la grâce. Et qui d'autre que MARIE symbolise et réunit le mieux ces deux réalités fondamentales de notre vie spirituelle ! « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur».


PREMIÈRE LECTURE - Nombres 6, 22-27

22 Le SEIGNEUR dit à Moïse :
23 « Voici comment Aaron et ses descendants
béniront les fils d'Israël :
24 Que le SEIGNEUR te bénisse et te garde !
25 Que le SEIGNEUR fasse briller sur toi son visage,
Qu'il se penche vers toi !
26 Que le SEIGNEUR tourne vers toi son visage,
qu'il t'apporte la paix !
27 C'est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d'Israël,
et moi, je les bénirai. »
Dieu a-t-il un nom ? Et si oui, quel est-il ? Nous sommes ici au cœur du fondement même d’une civilisation dans laquelle le nom exprime l’intimité profonde d’une personne, son identité propre. Rappelons-nous cet épisode du buisson ardent où Moïse s’entend dire de la bouche même de Yavhé : « Je suis celui qui suis ». Dans cet extrait, il se fait nommer « Le SEIGNEUR ». Et c’est ainsi que son « nom sera prononcé sur les fils d'Israël,
et moi, je les bénirai. » Il parle donc de tout le peuple d’Israël et, au-delà, de tous ceux sur lesquels il tournera son visage, car son regard apporte la paix.
En réalité, Dieu nous regarde sans cesse et nous bénit sans modération. C’est donc l’homme qui, dans son orgueil originel, s’éloigne de Dieu et se détourne de son regard. Ce regard qu’il est donné à tous de saisir et de laisser pénétrer notre être tout entier, ce regard dont il nous abreuve comme la lumière du soleil nourrit la croissance des plantes par l’activation de la fonction chlorophyllienne. Ce regard qui ruisselle dans nos vies pour éveiller et nourrir notre spiritualité. Quand on parle de spiritualité, il n’est pas question de quelque chose d’éthéré, de nébuleux ! Il s’agit tout simplement de cette communion avec le SEIGNEUR dans l’accueil et le vécu de sa Parole au milieu de nos frères. Voilà pourquoi ce regard du SEIGNEUR porte à la fois sur chaque personne, sur chaque communauté et sur tous les fils de Dieu.
Chacun de nous a déjà fait l’expérience de ce soleil suspendu dans le ciel. Visible de partout, il déverse sa chaleur et sa lumière sur tous les hommes, les bons et les méchants, les croyants et les athées… car le nom du SEIGNEUR est AMOUR et qu’en tant que tel il emplit l’univers entier. C’est ainsi que Dieu nous bénit, au sens étymologique de « bene dicere », c’est-à-dire « dire du bien ». Oui, si donc Dieu nous promet sa bénédiction, cela signifie qu’il ne peut en aucun cas nous destiner au Mal. S’il nous bénit, s’il dit du bien de nous, c’est parce qu’il nous appelle à l’accueillir, à nous laisser transformer par sa parole à l’instar de Marie qui aura plus tard cette merveilleuse réponse à l’Ange Gabriel : « Je suis la servante du SEIGNEUR, qu’il me soit fait selon sa parole ». C’est Dieu qui, dans son éternelle présence, nous appelle à nous tourner vers Lui, à rechercher son regard protecteur, son regard qui nous comble de grâces.

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A ce propos, le psaume 66 qui nous est proposé en méditation, résonne en parfait écho à cet extrait du Livre des Nombres. Il parle de la présence bienfaisante de Dieu qui nous comble de ses grâces et de ses bienfaits :

  
PSAUME 66 (67)

2 Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s'illumine pour nous ;
3 et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

4 Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce, tous ensemble !

5 Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.

6 Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce, tous ensemble !

7 La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l'adore !
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Dans le même esprit, le texte des Galates nous révèle la profondeur du projet de DIEU pour nous les hommes : Lui qui est « Le SEIGNEUR » est venu prendre chair en Marie pour témoigner de  l’AMOUR libérateur qui, désormais, nous affranchit de la Loi, c’est-à-dire de la servitude, et fait de nous les fils de DIEU vivant dans l’obéissance et la confiance du Père.


DEUXIÈME LECTURE - Galates 4, 4-7

Frères
4 lorsque les temps furent accomplis,
Dieu a envoyé son Fils ;
il est né d'une femme,
il a été sous la domination de la Loi de Moïse
5 pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi
et pour faire de nous des fils.
6 Et voici la preuve que vous êtes des fils :
envoyé par Dieu,
l'Esprit de son Fils est dans nos coeurs,
et il crie vers le Père
en l'appelant « Abba ! »
7 Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils,
et comme fils, tu es héritier
par la grâce de Dieu.
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ÉVANGILE - Luc 2, 16-21

16 Quand les bergers arrivèrent à Bethléem,
ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.
17 Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
18 Et tout le monde s'étonnait
de ce que racontaient les bergers.
19 Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
20 Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu
selon ce qui leur avait été annoncé.
21 Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l'enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l'Ange lui avait donné avant sa conception.
 

Ce merveilleux récit peut être relu en trois parties distinctes en apparence mais bien complémentaires. Les versets 16 à 19 posent le décor : le point d’arrivée des bergers ordinairement des gens marginaux et peu recommandables) , la narration des péripéties de leur parcours [et pour cela, ils ont un public relativement large — « Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les bergers » (v. 18)], puis la constatation de visu de l’existence du nouveau-né. En contraste de ces visiteurs qui parlent beaucoup, nous avons Marie (et Joseph, bien sûr !) qui sont observateurs des événements qui se déroulent sous leurs yeux depuis l’annonce de l’Ange Gabriel, à l’écoute de tout ce qui se dit, mais silencieux, plongés dans la méditation et l’action de grâce. C’est auprès d’eux que les bergers font l’expérience de cette attitude de prière puisqu’ils repartent en glorifiant et louant DIEU (v. 20).
La troisième partie nous rappelle que le nouveau-né est juif et que ses parents sont respectueux de leurs traditions et de la Loi de Moïse. C’est en effet au huitième jour après la naissance que l’enfant est circoncis et reçoit son nom. [Dieu se laisse « compter avec les pécheurs » (Lc 22, 37)] et c’est ainsi qu’il ancre son existence au milieu des hommes.  « Jésus » est le nom que l’Ange Gabriel avait annoncé. Jésus signifie « DIEU sauve ». Quand ils repartent, les bergers vont communiquer autour de l’événement : de fait, ils deviennent les tout premiers apôtres en ce qu’ils portent la nouvelle au-delà de l’étable de Bethléem, « la maison du pain ». Tout le monde savait que le Messie naîtrait à Bethléem dans la descendance de David. Mais le lieu est bien indiqué pour celui qui, avant sa mort, n’aura de cesse d’affirmer qu’il est « le Pain de vie » qui sera rompu et partagé entre les hommes en sa mémoire.


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Je vous propose, ainsi que je compte de faire tout au long de cette année 2012, de prolonger la méditation des textes de ce dimanche avec l’homélie d’un prêtre de ma paroisse. Aujourd’hui, je vous invite à lire attentivement l’homélie du Révérend Père Raymond Harguindéguy que je remercie de la confiance qu’il m’a faite de publier son texte.


 Sainte Marie, mère de Dieu – Luc 2, 16-21
 

Cet évangile oriente notre regard sur Marie, mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ. C’est que Marie est essentielle à notre foi. Sans Marie, nous aurions plus de difficulté à imaginer que Dieu puisse se compromettre à ce point avec notre humanité parfois si féroce, ignorant la fraternité et refusant toute tendresse.
Avec Marie, nous prenons plus facilement conscience de l’immense respect de Dieu pour nous. De son désir de dialogue, de la délicatesse infinie de son amour.

Lors de l’Annonciation, par l’intermédiaire d’un ange, Dieu a prévenu Marie. Il ne l’a pas mise devant le fait accompli. La politesse de Dieu est exemplaire. La toute-puissance divine s’incline devant la volonté d’une jeune fille. Et Marie a la hardiesse d’accepter une responsabilité qui va faire d’elle la femme la plus nécessaire de tous les temps pour le salut de l’humanité.

Ensuite tout se passe dans le fin silence d’une nuit étoilée. Dieu n’a pas choisi la publicité du grand jour pour la naissance de son Fils unique. Ce qui ne nous surprend pas. Car, depuis longtemps, Dieu a signifié qu’il préfère la brise légère à l’orage violent, à la tempête ou au feu (1 R 19,  11-15).

Un couple et leur nouveau­-né, couché dans une man­geoire... C'est tout ce que les bergers ont vu de la gloire divine annoncée par la chorale céleste. C'est peu, vraiment peu. Mais ils ont cru et espéré en la parole entendue. Et, dans cette étable, c'est le printemps du monde que leurs yeux voient et que leur cœur contemple. Bientôt ils l'an­noncent, au grand étonne­ment de tous. Dans l'histoire des hommes, dans notre histoire, Dieu ne prend jamais d'autre che­min pour venir à notre ren­contre et mettre en œuvre son salut que la banalité des événements, l'insignifiance des commencements, les lents processus de la crois­sance avec leurs étapes et leurs rites.
Mais l'impatience nous aveugle, la puissance nous  fascine. Et nous oublions de regarder et d'écouter ce qui naît et grandit. Marie, elle, savait écouter et voir. « Elle retenait tous ces événe­ments et les méditait dans son cœur» (v. 19). Comme l'enfant porté et mis au monde, la Parole aussi doit être portée, conservée, espé­rée et crue, pour grandir jusqu'à son accomplisse­ment.

Cet évangile nous présente le quotidien  qui suit la naissance de Jésus et la visite des bergers : la Sainte Famille est là, les bergers s’en vont, l’enfant est circoncis et on lui donne un nom,  Jésus. Mais ce quotidien est illu­miné par ce que les bergers ont dit, rapportant les pro­pos de l'ange : « Au­jourd'hui vous est né un Sauveur» (Lc 2, 11). Au mo­ment d'entrer en 2012, l'Évangile nous propose de découvrir, qu'à travers ombres et lumières, cette année nouvelle peut être, pour nous, une année de grâce. Car Dieu se révèle en nos histoires humaines.
A l'exemple et à la suite de Marie, accueillons avec sérénité les événe­ments de notre vie et de la vie du monde. Pour y décou­vrir comment notre his­toire peut être une histoire sainte, celle de Dieu avec nous, Emmanuel. Ne l’oublions pas, Dieu choisit toujours la faiblesse pour accomplir son dessein.
C’est là un encouragement et une consolation pour celles et ceux qui, aujourd’hui, se considèrent comme de piètres témoins, im­puissants à transmettre l’Évangile, parfois à leurs plus proches prochains. Or cette trans­mission ne passe pas forcément par des pro­clamations publiques tonitruantes. Elle appelle en premier lieu méditation et rumination intérieures. À l’image de Marie qui « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ».

Aujourd’hui, de Marie, la mère de Jésus, apprenons que Dieu ne peut venir chez nous que par la porte de notre oui. De Marie, apprenons aussi à méditer, dans la prière, les événements de notre vie, pour y discerner les passages du Seigneur et ses appels. Qu’elle nous apprenne aussi à faire les choix nécessaires pour ne pas succomber au bling-bling des apparences, et pour donner priorité à nos projets de fraternité avec les plus pauvres. Qu’elle nous aide à vivre dans la foi cette année nouvelle qui s’ouvre à nos pas. Et qu’elle bénisse tous ceux qui nous sont chers.


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