Nous sommes le premier dimanche de cette nouvelle année qui commence avec deux maîtres-mots qui traversent les trois textes que la liturgie nous propose en méditation : la bénédiction et la grâce. Et qui d'autre que MARIE symbolise et réunit le mieux ces deux réalités fondamentales de notre vie spirituelle ! « Marie, cependant, retenait tous
ces événements et les méditait dans son cœur».
• PREMIÈRE
LECTURE - Nombres 6, 22-27
22 Le SEIGNEUR dit à Moïse :
23 « Voici comment Aaron et ses descendants
béniront les fils d'Israël :
24 Que le SEIGNEUR te bénisse et te garde !
25 Que le SEIGNEUR fasse briller sur toi son visage,
Qu'il se penche vers toi !
26 Que le SEIGNEUR tourne vers toi son visage,
qu'il t'apporte la paix !
27 C'est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d'Israël,
et moi, je les bénirai. »
23 « Voici comment Aaron et ses descendants
béniront les fils d'Israël :
24 Que le SEIGNEUR te bénisse et te garde !
25 Que le SEIGNEUR fasse briller sur toi son visage,
Qu'il se penche vers toi !
26 Que le SEIGNEUR tourne vers toi son visage,
qu'il t'apporte la paix !
27 C'est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d'Israël,
et moi, je les bénirai. »
Dieu a-t-il un
nom ? Et si oui, quel est-il ? Nous sommes ici au cœur du fondement
même d’une civilisation dans laquelle le nom exprime l’intimité profonde d’une
personne, son identité propre. Rappelons-nous cet épisode du buisson ardent où
Moïse s’entend dire de la bouche même de Yavhé : « Je suis celui qui
suis ». Dans cet extrait, il se fait nommer « Le SEIGNEUR ». Et
c’est ainsi que son « nom sera prononcé sur les fils d'Israël,
et moi, je les bénirai. » Il parle donc de tout le peuple d’Israël et, au-delà, de tous ceux sur lesquels il tournera son visage, car son regard apporte la paix.
et moi, je les bénirai. » Il parle donc de tout le peuple d’Israël et, au-delà, de tous ceux sur lesquels il tournera son visage, car son regard apporte la paix.
En réalité,
Dieu nous regarde sans cesse et nous bénit sans modération. C’est donc l’homme
qui, dans son orgueil originel, s’éloigne de Dieu et se détourne de son regard.
Ce regard qu’il est donné à tous de saisir et de laisser pénétrer notre être
tout entier, ce regard dont il nous abreuve comme la lumière du soleil nourrit
la croissance des plantes par l’activation de la fonction chlorophyllienne. Ce
regard qui ruisselle dans nos vies pour éveiller et nourrir notre spiritualité.
Quand on parle de spiritualité, il n’est pas question de quelque chose
d’éthéré, de nébuleux ! Il s’agit tout simplement de cette communion avec
le SEIGNEUR dans l’accueil et le vécu de sa Parole au milieu de nos frères.
Voilà pourquoi ce regard du SEIGNEUR porte à la fois sur chaque personne, sur
chaque communauté et sur tous les fils de Dieu.
Chacun de nous
a déjà fait l’expérience de ce soleil suspendu dans le ciel. Visible de
partout, il déverse sa chaleur et sa lumière sur tous les hommes, les bons et
les méchants, les croyants et les athées… car le nom du SEIGNEUR est AMOUR et
qu’en tant que tel il emplit l’univers entier. C’est ainsi que Dieu nous bénit,
au sens étymologique de « bene dicere », c’est-à-dire « dire du
bien ». Oui, si donc Dieu nous promet sa bénédiction, cela signifie qu’il
ne peut en aucun cas nous destiner au Mal. S’il nous bénit, s’il dit du bien de
nous, c’est parce qu’il nous appelle à l’accueillir, à nous laisser transformer
par sa parole à l’instar de Marie qui aura plus tard cette merveilleuse réponse
à l’Ange Gabriel : « Je suis la servante du SEIGNEUR, qu’il me soit
fait selon sa parole ». C’est Dieu qui, dans son éternelle présence, nous
appelle à nous tourner vers Lui, à rechercher son regard protecteur, son regard
qui nous comble de grâces.
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A ce propos,
le psaume 66 qui nous est proposé en méditation, résonne en parfait écho à cet
extrait du Livre des Nombres. Il parle de la présence bienfaisante de Dieu qui
nous comble de ses grâces et de ses bienfaits :
2 Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s'illumine pour nous ;
3 et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
4 Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce, tous ensemble !
5 Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
6 Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce, tous ensemble !
7 La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l'adore !
que son visage s'illumine pour nous ;
3 et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
4 Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce, tous ensemble !
5 Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
6 Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce, tous ensemble !
7 La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l'adore !
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Dans le même
esprit, le texte des Galates nous révèle la profondeur du projet de DIEU pour
nous les hommes : Lui qui est « Le SEIGNEUR » est venu
prendre chair en Marie pour témoigner de
l’AMOUR libérateur qui, désormais, nous affranchit de la Loi,
c’est-à-dire de la servitude, et fait de nous les fils de DIEU vivant dans
l’obéissance et la confiance du Père.
Frères
4 lorsque les temps furent accomplis,
Dieu a envoyé son Fils ;
il est né d'une femme,
il a été sous la domination de la Loi de Moïse
5 pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi
et pour faire de nous des fils.
6 Et voici la preuve que vous êtes des fils :
envoyé par Dieu,
l'Esprit de son Fils est dans nos coeurs,
et il crie vers le Père
en l'appelant « Abba ! »
7 Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils,
et comme fils, tu es héritier
par la grâce de Dieu.
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16 Quand
les bergers arrivèrent à Bethléem,
ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.
17 Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
18 Et tout le monde s'étonnait
de ce que racontaient les bergers.
19 Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
20 Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu
selon ce qui leur avait été annoncé.
21 Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l'enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l'Ange lui avait donné avant sa conception.
ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.
17 Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
18 Et tout le monde s'étonnait
de ce que racontaient les bergers.
19 Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
20 Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu
selon ce qui leur avait été annoncé.
21 Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l'enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l'Ange lui avait donné avant sa conception.
Ce merveilleux
récit peut être relu en trois parties distinctes en apparence mais bien
complémentaires. Les versets 16 à 19 posent le décor : le point d’arrivée
des bergers ordinairement des gens marginaux et peu recommandables) , la
narration des péripéties de leur parcours [et pour cela, ils ont un public relativement
large — « Et tout le monde s'étonnait de ce que racontaient les
bergers » (v. 18)], puis la constatation de visu de l’existence du
nouveau-né. En contraste de ces visiteurs qui parlent beaucoup, nous avons
Marie (et Joseph, bien sûr !) qui sont observateurs des événements qui se
déroulent sous leurs yeux depuis l’annonce de l’Ange Gabriel, à l’écoute de
tout ce qui se dit, mais silencieux, plongés dans la méditation et l’action de
grâce. C’est auprès d’eux que les bergers font l’expérience de cette attitude
de prière puisqu’ils repartent en glorifiant et louant DIEU (v. 20).
La troisième
partie nous rappelle que le nouveau-né est juif et que ses parents sont
respectueux de leurs traditions et de la Loi de Moïse. C’est en effet au
huitième jour après la naissance que l’enfant est circoncis et reçoit son nom.
[Dieu se laisse « compter avec les pécheurs » (Lc 22, 37)] et c’est
ainsi qu’il ancre son existence au milieu des hommes. « Jésus » est le nom que l’Ange Gabriel avait
annoncé. Jésus signifie « DIEU sauve ». Quand ils repartent, les
bergers vont communiquer autour de l’événement : de fait, ils deviennent
les tout premiers apôtres en ce qu’ils portent la nouvelle au-delà de l’étable
de Bethléem, « la maison du pain ». Tout le monde savait que le
Messie naîtrait à Bethléem dans la descendance de David. Mais le lieu est bien
indiqué pour celui qui, avant sa mort, n’aura de cesse d’affirmer qu’il est
« le Pain de vie » qui sera rompu et partagé entre les hommes en sa
mémoire.
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Je vous
propose, ainsi que je compte de faire tout au long de cette année 2012, de
prolonger la méditation des textes de ce dimanche avec l’homélie d’un prêtre de
ma paroisse. Aujourd’hui, je vous invite à lire attentivement l’homélie du Révérend Père Raymond
Harguindéguy que je remercie de la
confiance qu’il m’a faite de publier son texte.
Sainte Marie, mère de Dieu – Luc 2, 16-21
Cet évangile
oriente notre regard sur Marie, mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ. C’est que
Marie est essentielle à notre foi. Sans Marie,
nous aurions plus de difficulté à imaginer que Dieu puisse se compromettre à ce
point avec notre humanité parfois si féroce, ignorant la fraternité et refusant
toute tendresse.
Avec Marie,
nous prenons plus facilement conscience de l’immense respect de Dieu pour nous.
De son désir de dialogue, de la délicatesse infinie de son amour.
Lors de
l’Annonciation, par l’intermédiaire d’un ange, Dieu a prévenu Marie. Il ne l’a pas
mise devant le fait accompli. La politesse de Dieu est exemplaire. La
toute-puissance divine s’incline devant la volonté d’une jeune fille. Et Marie a la
hardiesse d’accepter une responsabilité qui va faire d’elle la femme la plus
nécessaire de tous les temps pour le salut de l’humanité.
Ensuite tout
se passe dans le fin silence d’une nuit étoilée. Dieu n’a pas choisi la
publicité du grand jour pour la naissance de son Fils unique. Ce qui ne
nous surprend pas. Car, depuis longtemps, Dieu a signifié qu’il préfère la
brise légère à l’orage violent, à la tempête ou au feu (1 R 19, 11-15).
Un
couple et leur nouveau-né, couché dans une mangeoire... C'est tout ce que les
bergers ont vu de la gloire divine annoncée par la chorale céleste. C'est peu,
vraiment peu. Mais
ils ont cru et espéré en la parole entendue. Et, dans cette étable, c'est le
printemps du monde que leurs yeux voient et que leur cœur contemple. Bientôt
ils l'annoncent, au grand étonnement de tous. Dans
l'histoire des hommes, dans notre histoire, Dieu ne prend jamais d'autre chemin
pour venir à notre rencontre et mettre en œuvre son salut que la banalité des
événements, l'insignifiance des commencements, les lents processus de la croissance
avec leurs étapes et leurs rites.
Mais
l'impatience nous aveugle, la puissance nous fascine. Et nous oublions de regarder et d'écouter ce qui
naît et grandit. Marie, elle, savait écouter et voir. « Elle retenait tous
ces événements et les méditait dans son cœur» (v. 19). Comme
l'enfant porté et mis au monde, la Parole aussi doit être portée, conservée,
espérée et crue, pour grandir jusqu'à son accomplissement.
Cet
évangile nous présente le quotidien
qui suit la naissance de Jésus et la visite des bergers : la Sainte
Famille est là, les bergers s’en vont, l’enfant est circoncis et on lui donne
un nom, Jésus. Mais
ce quotidien est illuminé par ce que les bergers ont dit, rapportant les propos
de l'ange : « Aujourd'hui vous est né un Sauveur» (Lc 2, 11). Au
moment d'entrer en 2012, l'Évangile nous propose de découvrir, qu'à travers
ombres et lumières, cette année nouvelle peut être, pour nous, une année de
grâce. Car
Dieu se révèle en nos histoires humaines.
A
l'exemple et à la suite de Marie, accueillons avec sérénité les événements de
notre vie et de la vie du monde. Pour y découvrir comment notre histoire peut
être une histoire sainte, celle de Dieu avec nous, Emmanuel. Ne l’oublions pas, Dieu choisit toujours
la faiblesse pour accomplir son dessein.
C’est là un encouragement et une
consolation pour celles et ceux qui, aujourd’hui, se considèrent comme de
piètres témoins, impuissants à transmettre l’Évangile, parfois à leurs plus
proches prochains. Or cette transmission ne passe pas
forcément par des proclamations publiques tonitruantes. Elle appelle en premier lieu méditation et
rumination intérieures. À l’image de Marie qui « retenait tous
ces événements et les méditait dans son cœur ».
Aujourd’hui, de Marie, la mère de
Jésus, apprenons que Dieu ne peut venir chez nous que par la porte de notre
oui. De Marie, apprenons aussi à méditer,
dans la prière, les événements de notre vie, pour y discerner les passages du
Seigneur et ses appels. Qu’elle nous apprenne aussi à faire les
choix nécessaires pour ne pas succomber au bling-bling des apparences, et pour
donner priorité à nos projets de fraternité avec les plus pauvres. Qu’elle nous aide à vivre dans la foi
cette année nouvelle qui s’ouvre à nos pas. Et qu’elle bénisse tous ceux qui nous
sont chers.
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