29/07/2012

« Où pourrions-nous acheter du pain
pour qu'ils aient à manger ? »


Dimanche 29 juillet 2012

Chers amis, bonjour !

E
 n ce dimanche 29 juillet, j’ai décidé de partager avec vous la parole délivrée par le RP Alain MOUNIER, prêtre Jésuite  exerçant dans le Diocèse de LYON.  Au cœur de l’été, il a bien voulu pallier l’absence de l’équipe pastorale « titulaire » prise dans de multiples autres occupations, ou simplement partie de reposer pour reprendre des forces. Tiens ! Cela fait penser à l’Évangile de dimanche dernier.
Une cérémonie dominicale en l'église ND de la Paix qui a été riche et dense de la prédication du RP Alain MOUNIER, et des intentions de prières préparées par l’équipe paroissiale de préparation liturgique. L’office de ce matin a débuté avec ce texte de SERVEL publié dans la revue « Propositions d’animations », une introduction à l’Eucharistie.


« Comme l’enfant reçoit le pain, comme l’oiseau l’espace avec le grain :
Donne-nous, Seigneur, d’accueillir ta Parole !
Comme l’ami reçoit l’ami, comme la nuit reçoit l’aurore et le soleil :
Donne-nous, Seigneur, d’accueillir ta Parole !
Comme le soleil reçoit semence, comme la sève monte aux branches et porte fruit :
Donne-nous, Seigneur, d’accueillir ta Parole ! »



Voici les trois textes que la liturgie nous propose de méditer en ce dimanche. Ils sont suivis de l’homélie du RP Alain MOUNIER que je remercie vivement pour la simplicité avec laquelle il a daigné comblé ma demande de publier sa prédication sur mon blog.


PREMIERE LECTURE - Deuxième Livre des Rois, 4, 42 - 44
42 Il y avait alors une famine dans le pays. Sur la récolte nouvelle,
quelqu'un offrit à Elisée, l'homme de Dieu,
vingt pains d'orge et du grain frais dans un sac.
Elisée dit alors :
« Donne-le à tous ces gens pour qu'ils mangent. »
43 Son serviteur répondit :
« Comment donner cela à cent personnes ? »
Elisée reprit:
« Donne-le à tous ces gens pour qu'ils mangent,
car ainsi parle le SEIGNEUR :
On mangera et il en restera. »
44 Alors il les servit, ils mangèrent,
et il en resta, selon la parole du SEIGNEUR.

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PSAUME 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18
10 Que tes oeuvres, SEIGNEUR, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
11 Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

15 Les yeux sur toi, tous ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
16 Tu ouvres ta main ;
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

17 Le SEIGNEUR est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu'il fait.
18 Il est proche de ceux qui l'invoquent,
de tous ceux qui l'invoquent en vérité.

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DEUXIEME LECTURE - Ephésiens 4, 1 - 6
Frères,
1 moi qui suis en prison à cause du Seigneur,
je vous encourage à suivre fidèlement
l'appel que vous avez reçu de Dieu :
2 ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience,
supportez-vous les uns les autres avec amour ;
3 ayez à coeur de garder l'unité dans l'Esprit
par le lien de la paix.
4 Comme votre vocation vous a tous appelés
à une seule espérance,
de même, il n'y a qu'un seul Corps et un seul Esprit.
5 Il n'y a qu'un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,
6 un seul Dieu et Père de tous,
qui règne au-dessus de tous,
par tous, et en tous.
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EVANGILE - Jean 6, 1 - 15
1 Après cela, Jésus passa de l'autre côté du lac de Tibériade
(appelé aussi mer de Galilée).
2 Une grande foule le suivait,
parce qu'elle avait vu les signes qu'il accomplissait
en guérissant les malades.
3 Jésus gagna la montagne, et là, il s'assit avec ses disciples.
4 C'était un peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs.
5 Jésus leva les yeux et vit qu'une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe :
« Où pourrions-nous acheter du pain pour qu'ils aient à manger ? »
6 Il disait cela pour le mettre à l'épreuve,
car lui-même savait bien ce qu'il allait faire.
7 Philippe lui répondit :
« Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas
pour que chacun ait un petit morceau de pain. »
8 Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
9 « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d'orge
et deux poissons,
mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ! »
10 Jésus dit : « Faites-les asseoir. »
Il y avait beaucoup d'herbe à cet endroit.
Ils s'assirent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes.
11 Alors Jésus prit les pains,
et, après avoir rendu grâce,
les leur distribua ;
il leur donna aussi du poisson, autant qu'ils en voulaient.
12 Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Ramassez les morceaux qui restent,
pour que rien ne soit perdu. »
13 Ils les ramassèrent, et ils remplirent douze paniers
avec les morceaux qui restaient des cinq pains d'orge
après le repas.
14 A la vue du signe que Jésus avait accompli,
les gens disaient :
« C'est vraiment lui le grand Prophète,
celui qui vient dans le monde. »
15 Mais Jésus savait
qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force
et faire de lui leur roi ;
alors de nouveau il se retira, tout seul, dans la montagne.




HOMÉLIE DU RP ALAIN MOUNIER

Le texte d’aujourd’hui nous est bien connu. Spontanément nous en retenons l’attention que le Seigneur dans sa compassion porte à une population qui a faim et sa volonté de mettre ce qu’il est auservice de cette population. Sans qu’on sache comment — l’évangile ne décrit rien — le constat est fait que les pains ont été multiplies. Cette approche qui occupe notre mémoire n’est pas fausse; cependant, il faut en expliquer un peu le contenu, surtout parce que cet événement est considéré comme très important par les rédacteurs des évangiles puisqu’on le trouve dans les quatre évangiles; et même chez Matthieu et Marc, deux fois. La lecture que nous avons faite est la rédaction de St Jean. Saint Jean pour lequel nous savons que si la narration des événements a de l’importance, le sens de ces événements est plus important encore. Le texte d’aujourd’hui n’échappe pas à cette règle et s’inscrit tout à fait dans le sens de notre foi en Jésus-Christ à la fois homme et Dieu.
Le propre de ce texte est de raconter un événement matériel, verifiable, et d’avoir un sens profond; d’être à la foi concret et prophétique, charnel et spirituel. Si bien que ce texte nous parle sous ses trois aspects : le récit, le message, la signification symbolique.

Nous pouvons donc évoquer ‘événement et cela déjà n’est poas rien, ce doit être l’occasion de ce que les auteurs spirituels, les mystiques appellent une contemplation.
La scène: une foule fatiguée après une journée passée à écouter la Parole du Christ, une foule séduite, semble-t-il, par les guérisons qui ont eu lieu et qui veut le suivre, suffisamment séduite pour en oublier qu’elle a peut-être faim et n’a pas de quoi manger. On voit parfois de ces foules prêtes à subir des conditions inconfortables pour voir ou entendre leur star, leur idole. Dans le texte de Saint Jean, les disciples ne soulèvent pas les premiers, le problème. C’est le Christ qui est attentif, prend et va poser la question de leur repas. Questionnés, les disciples font état d’une situation devant laquelle ils sont impuissants.  Sans comprendre, comme à Cana, quand Marie dit aux disciples  “faites ce qu’il va vous dire”, à partir du peu qu’ils avaient (les pains ne viennent pas directement du ciel, mais sont multipliés à partir de ce don’t ils disposainet), le Christ se met donc à servir des pains dont le stock ne s’épuise.

L’Évangile dit : "Quand ils eurent mangé à leur faim, le Christ demande qu'on ramasse les restes, et il y eut de qui en remplir douze paniers", preuve de la surabondance de l'œuvre de Dieu. Reprise de ce que nous avait annoncé la première lecture: "Il les servit, ils mangèrent et il en resta".
Voilà pour les faits… Qu'en est-il des implications, du message? D'abord que le Christ est attentif aux besoins de ceux qui le suivent, mais que devant ces besoins les disciples traduisent leur désarroi, leur impuissance au point qu'ils n'osent rien. Et nous pouvons nous poser la question: sommes-nous attentifs aux besoins des autres? Ne nous abritons-nous pas derrière notre désarroi, pour ne pas agir chaque fois que nous nous sentons dépassés? N'affichons-nous pas trop vite notre absence de moyens, alors qu'ici les Christ avec peu fait beaucoup? Ne sommes-nous pas parfois enclins à ne pas nous engager parce que nous pensons ne pas avoir les moyens? Enfin, mesurons-nous l'importance de ce repas? Une foule qui a été touchée par les miracles du Christ concernant quelques individus guéris se retrouve autour d'une table et se trouve concernée dans son ensemble, établissant au-delà de la foule une communauté d'hommes et de femmes. Sommes-nous soucieux sur nos lieux de travail, de loisirs, en famille, de créer au-delà de la juxtaposition des personnes une solidarité, une communauté?

Après ce qu'on peut appeler le côté matériel, charnel de ce texte, il y a derrière, dessous, entre les lignes ou si l'on préfère au-delà du texte une portée spirituelle d'une autre nature, une portée qu'on dirait — pour employer un grand mot —  "symbolique" ou encore prophétique; et cette portée, loin de nous éloigner du message va nous y ramener. Saint Jean dans la rédaction de son évangile est coutumier de ce type d'expression. Qu'est-ce qui nous met sur la voie?
Le premier : "c'était peu avant la Pâque, qui est la grande fête des Juifs". Peu avant la Pâque… Quand Jésus a-t-il pris son dernier repas avec les disciples avant la crucifixion? Juste avant Pâques. Le deuxième élément qui nous oriente dans la compréhension profonde du texte est : "Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, les leur distribua". Les autres évangélistes ajoutent "qu'il rompît le pain". Nous reconnaissons là les paroles dites par le Christ le Jeudi Saint, lors du dernier repas pris avec ses disciples, lorsqu'il ajoutait : " faites ceci en mémoire de moi".

Si nous entendons le message direct de l'histoire qui nous est racontée, nous pouvons nous demander : d'abord, sommes-nous, comme le Christ, attentifs aux besoins des autres et conscients que nous avons toujours les moyens, ceux-ci fussent-ils modestes, de nous mobiliser à leur service? Savons-nous aussi nous situer dans cette foule? et avons-nous faim du pain que Dieu nous propose, à savoir sa Parole et son pain donné ici à la messe, son pain eucharistique? Sommes-nous à côté des disciples témoins de cette distribution de pain? Ou mieux, allons-nous en communiant au pain qu'est son corps, comme nous dit Saint Paul: "revêtir le Christ", et alors pouvoir dire: " ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi", et donc agir comme lui? Et alors comme lui, distribuer la pain, qu'il s'agisse de la Parole de Dieu et de l'annonce de sa mort et de sa résurrection? Et donner du pain peut revêtir de nombreuses formes: c'est, en famille, faire attention à celui qui pendant l'été est seul pi malade; c'est, au travail, avoir une attitude de solidarité à l'égard de celui qui est menacé d'un licenciement; c'est, entre voisins, donner de sa présence à telle personne âgée malade; c'est, à l'égard d'une voisine qui travaille pendant les vacances et qui a du mal à faire garder ses enfants, proposer ses services. Voilà, à partir de ce qu'on l'on est ou de ce que l'on a, de multiples manières de donner du pain à ceux qui sont pour nous non seulement des hommes que le Christ nous recommande d'aimer, mais d'autres Christ à honorer.

Oui, nous venons ici, fatigués par la semaine écoulée et ayant faim de forces nouvelles pour la semaine qui vient au service des autres. Forts de la grâce du Christ, c'est avec lui et pour lui que nous allons vers la rencontre et l'aide de tous ceux qui ont faim.


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