01/07/2012

« Ne crains pas, crois seulement. »


Dimanche 1er juillet


Chers amis, bonjour !

La liturgie de ce dimanche nous propose trois textes autour de la vie comprise comme un don permanent de Dieu, comme un attribut consubstantiel à sa propre nature. Dieu qui est vie ne peut que donner la vie. L’expérience de la mort est à mettre au compte de l’orgueil de l’homme dans sa folie de vouloir égaler et surpasser son créateur; en tout cas, c’est à cette fausse promesse qu’il succombe lorsqu’il est séduit et finalement trompé et abuse par le démon.

Dans le Livre de le Genèse, le récit de la Création est un manifeste d’amour. Dieu entreprend de « faire exister » dans un monde et un environnement appropriés l’homme qu’il crée à sa ressemblance : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1, 27). L’homme et la femme sont donc situés dans au milieu d’une création « bonne » que Dieu leur demande de dominer, de transformer, de maîtriser. Autrement dit, à l’être par lui créé, Dieu donne un pouvoir démiurgique de transformation et de continuation de cette œuvre de création; c’est bien la raison pour laquelle « il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il a créé toutes choses pour qu'elles subsistent » (Sg 1, 14), c’est-à-dire que toutes ses créatures sont installées dans la vie qui subsiste et se perpétue. La mort est donc le fait du démon et tous ceux qui se laissent prendre dans le « filet de l’oiseleur » sont à plaindre.


Bien entendu, il ne s’agit pas ici de la mort biologique car toute créature en fera l’expérience. L’auteur du Livre de la Sagesse parle ici de la mort spirituelle, c’est-à-dire de la privation de Dieu. Mais si pour ce même auteur la résurrection n’était promise qu’aux justes de Dieu, nous verrons que le texte de l’Évangile de Marc place le projet de la résurrection et de la vie éternelle par et en Christ au cœur de l’alliance nouvelle. D’ailleurs, Paul, dans sa deuxième Lettre aux Corinthiens le soulignera encore; parlant de l’organisation et du partage de la collecte, il fait allusion à l’expérience des enfants d’Israël dans le désert où ils avaient reçu du ciel la manne du Seigneur: «  (…) Celui qui en avait ramassé beaucoup n'a rien eu de plus, et celui qui en avait ramassé peu, n'a manqué de rien ». C’est là une illustration de la justice de Dieu envers tous ses enfants sans distinction aucune, les bons et les méchants, les fidèles et les infidèles, les obéissants et les récalcitrants, etc. Chacun reçoit à la mesure de ses besoins, chacun vit dans la plénitude des dons de Dieu.

Ainsi du Christ, le Messie de Dieu emblématique de la Nouvelle Alliance, Paul écrit : « Lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » Et l’on peut ajouter, avec le psalmiste : « Lui dont la colère ne dure qu’un instant, et la bonté toute la vie » (Ps 29/30, 6).

Nous disions dès le début de notre propos que les trois textes que la liturgie nous propose de méditer ce dimanche ont un fil conducteur commun: la vie éternelle donnée en Dieu par la résurrection de son Fils.

« Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de la synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. Il ne laissa personne l'accompagner, sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère. » Nous savons que Jésus accompli tune première guérison de la femme souffrant d’hémorragies : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée, » se dit-elle. Après avoir consulté tous les médecins de la contrée, elle est résignée (elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ». Notons que la perte de sang était considérée comme une infirmité qui mettait la femme en état d’impureté légale permanente. Et sa foi la sauve gratuitement et efficacement au sens où elle produit de l’effet. D’ailleurs, Jésus le lui dit puisqu’il a senti qu’une personne avait touché la frange de son manteau et sa puissance s’en était dégagée ; car en effet, cette force est conçue comme un effluve physique qui opère les guérisons par le moyen d’un contact… Mais pour ce qui concerne la fille de Jaïre, le chef de synagogue, on a l’impression que Jésus fait exprès de ne pas répondre immédiatement à la demande qui lui est adressée. Il décide de finir ce qu’il prévu de faire et, après seulement, il se rend chez le chef de synagogue.

Arrivé sur place, son interjection étonne ceux qui sont là : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L'enfant n'est pas morte : elle dort. » Jésus connaît bien la douleur occasionnée par la perte d’un être cher… Lui-même d’ailleurs ne cachera pas ses larmes lorsqu’il apprit la mort de son ami Lazare ! Pourtant, cet épisode est une occasion donnée à Jésus pour montrer qu’il est le maître de la vie, et que jamais la mort ne l’emportera sur cette vie qu’il donne comme inscrite en permanence dans l’existence de tout homme. Jésus réalise ici ce que sera sa propre expérience résurrectionnelle. Seule la vie triomphe, la mort n’est qu’un passage vers l’éternité et la plénitude. Sont témoins de ce miracle les trois mêmes disciples qui seront avec lui sur le Mont Thabor lors de la Transfiguration (Mc 9, 2) ainsi qu’à l’heure de son agonie (Mc 14, 33). Mais Jésus initie à leur égard une sorte d’éducation à la foi.

Pour nous chrétiens, qui sommes confrontés à toutes sortes de situations de mort, ces trois textes doivent nous rappeler la suprématie de la vie sur la mort. Dieu, dans son infinie miséricorde, nous pardonne toujours. Toute de situation de péché est en quelque sorte une situation de mort. Et donc chaque fois que nous accueillons son pardon, nous faisons déjà l’expérience de la résurrection puisqu’il nous tire de la mort à la vie, puisqu’il nous réhabilite dans sa bonté.
D’aucuns pourraient dire, en effet, que les chrétiens sont malins pour avoir créé cette idée d’un dieu qui pardonne et ressuscite de la mort; une idée tellement arrangeante ! Bien entendu que la foi du chrétien est portée par tout son être, au sens où elle est chargée de tous ses affects, de ses doutes aussi… et c’est bien humain ainsi ! Seulement, la foi, qui n’est pas une certitude qui relèverait du savoir rationnel ou scientifique, est un engagement à accueillir la parole du Christ et essayer de la vivre le plus sincèrement et le plus intensément possible. Lorsqu’un chrétien dit « je crois », il ne dit pas « je sais ». Le chrétien s’inscrit dans une démarche d’humilité dans laquelle il fait place à la présence du Christ dans sa vie de tous les jours. Christ qui sera témoin de ses hésitations, de ses doutes et parfois même de ses reniements… mais Christ qui sera là comme un ferment, une levure qui montera et agira au cœur de la vie qui se transforme. La présence du Christ dans nos vies est gratuite car Dieu toujours se donne aux hommes de bonne volonté, il éveille ceux qui dorment de la mort du péché pour les inviter à vivre de sa lumière.

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• Première lecture - Sagesse 1, 13 - 15 ; 2, 23 - 24


1, 13 Dieu n'a pas fait la mort,
il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.
14 Il a créé toutes choses pour qu'elles subsistent ;
ce qui naît dans le monde est bienfaisant,
et l'on n'y trouve pas le poison qui fait mourir.
La puissance de la mort ne règne pas sur la terre,
15 car la justice est immortelle.
2, 23 Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable,
il a fait de lui une image
de ce qu'il est en lui-même.
24 La mort est entrée dans le monde
par la jalousie du démon,
et ceux qui se rangent dans son parti
en font l'expérience.
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• Psaume 29 (30), 3-4. 5-6. 12-13


3 Quand j'ai crié vers toi, SEIGNEUR,
mon Dieu, tu m'as guéri ;
4 SEIGNEUR, tu m'as fait remonter de l'abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

5 Fêtez le SEIGNEUR, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
6 Sa colère ne dure qu'un instant,
sa bonté, toute la vie.

Avec le soir viennent les larmes,
mais au matin les cris de joie !
12 Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !

13 Que mon cœur ne se taise pas,
qu'il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, SEIGNEUR, mon Dieu,
je te rende
grâce !
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• Deuxième lecture- Deuxième Lettre de Paul aux Corinthiens 8, 7. 9. 13-15


Frères,
7 puisque vous avez reçu largement tous les dons :
la foi, la Parole et la connaissance de Dieu,
cette ardeur et cet amour que vous tenez de nous,
que votre geste de générosité soit large, lui aussi.
9 Vous connaissez en effet la générosité
de notre Seigneur Jésus Christ :
lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous,
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
13 Il ne s'agit pas de vous mettre dans la gêne,
en soulageant les autres,
il s'agit d'égalité.
14 En cette occasion,
ce que vous avez en trop compensera ce qu'ils ont en moins,
pour qu'un jour ce qu'ils auront en trop
compense ce que vous aurez en moins,
15 et cela fera l'égalité,
comme dit l'Écriture à propos de la manne :
celui qui en avait ramassé beaucoup n'a rien eu de plus,
et celui qui en avait ramassé peu,
n'a manqué de rien.


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• Évangile - Marc 5, 21 - 43


Jésus regagna en barque l'autre rive,
et une grande foule s'assembla autour de lui.
Il était au bord du lac.
22 Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre.
Voyant Jésus, il tombe à ses pieds
et le supplie instamment :
23 « Ma petite fille est à toute extrémité.
Viens lui imposer les mains,
pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. »
24 Jésus partit avec lui,
et la foule qui le suivait
était si nombreuse qu'elle l'écrasait.
25 Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans...
26 - elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins,
et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ;
au contraire, son état avait plutôt empiré -
27 ... cette femme donc, ayant appris ce qu'on disait de Jésus,
vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement.
28 Car elle se disait :
« Si je parviens à toucher seulement son vêtement,
je serai sauvée. »
29 A l'instant, l'hémorragie s'arrêta,
et elle ressentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal.
30 Aussitôt Jésus se rendit compte qu'une force était sortie de lui.
Il se retourna dans la foule, et il demandait :
« Qui a touché mes vêtements ? »
31 Ses disciples lui répondaient :
« Tu vois bien la foule qui t'écrase,
et tu demandes : Qui m'a touché ? »
32 Mais lui regardait tout autour
pour voir celle qui avait fait ce geste.
33 Alors la femme, craintive et tremblante,
sachant ce qui lui était arrivé,
vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
34 Mais Jésus reprit :
« Ma fille, ta foi t'a sauvée.
Va en paix et sois guérie de ton mal. »
35 Comme il parlait encore,
des gens arrivent de la maison de Jaïre
pour annoncer à celui-ci :
« Ta fille vient de mourir.
A quoi bon déranger encore le maître ? »
36 Jésus, surprenant ces mots,
dit au chef de la synagogue :
« Ne crains pas, crois seulement. »
37 Il ne laissa personne l'accompagner,
sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère.
38 Ils arrivent à la maison du chef de la synagogue.
Jésus voit l'agitation,
et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
39 Il entre et leur dit :
« Pourquoi cette agitation et ces pleurs ?
L'enfant n'est pas morte : elle dort. »
40 Mais on se moquait de lui.
Alors il met tout le monde dehors,
prend avec lui le père et la mère de l'enfant,
et ceux qui l'accompagnent.
Puis il pénètre là où reposait la jeune fille.
41 Il saisit la main de l'enfant, et lui dit :
« Talitha koum » ;
ce qui signifie :
« Jeune fille, je te le dis, lève-toi. »
42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher
- elle avait douze ans -.
Ils en furent complètement bouleversés.
43 Mais Jésus leur recommanda avec insistance
que personne ne le sache ;
puis il leur dit de la faire manger.

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