28/07/2012

« Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. »


Dimanche 22 juillet

 Chers amis, bonjour !

Dans les textes du dimanche 22 juillet 2012, l’image du Pasteur est mise en avant comme le symbole de celui qui a la charge de mener le troupeau “des âmes” à bon port et ce, en dépit des obstacles rencontrés sur le chemin, des tribulations subies tout au long du périple, de cet exode qui a commencé sous Moïse et qui se poursuit sous l’éclairage des nombreux apôtres que Dieu a appelés au sein même de son peuple.



PREMIERE LECTURE - Jérémie 23, 1 - 6
1 Parole du SEIGNEUR.
Misérables bergers, qui laissent périr et se disperser
les brebis de mon pâturage !
2 C'est pourquoi - ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël
contre les pasteurs qui conduisent mon peuple - :
à cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées,
et vous ne vous êtes pas occupés d'elles.
Eh bien ! Moi je vais m'occuper de vous,
à cause de vos méfaits,
déclare le SEIGNEUR.
3 Puis je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis
de tous les pays où je les ai dispersées.
Je les ramènerai dans leurs pâturages,
elles seront fécondes et se multiplieront.
4 Je leur donnerai des pasteurs
qui les conduiront ;
elles ne seront plus apeurées et accablées,
et aucune ne sera perdue, déclare le SEIGNEUR.
5 Voici venir des jours, déclare le SEIGNEUR,
où je donnerai à David un Germe juste :
il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence,
il exercera dans le pays le droit et la justice.
6 Sous son règne, le royaume de Juda sera sauvé,
et Israël habitera sur sa terre en sécurité.
Voici le nom qu'on lui donnera :
« Le SEIGNEUR est notre justice. »
« Des pommes d’or sur des ciselures d’argent, telle est la parole dite à propos. Un anneau d’or ou un joyau d’or fin, telle une sage réprimande à l’oreille attentive » (Proverbes 25, 11) toute une théorie herméneutique : derrière le sens littéral (le premier sens), la réalité métaphysique. Ainsi la métaphore, l’allégorie ou la parabole sont-ils des modes d’expression ou d’enseignement. Les métaphores sont nécessaires pour tenter d’expliquer tant soit peu rationnellement nos expériences quotidiennes, car elles ont le pouvoir de définir la réalité : une métaphore peut parfois générer une nouvelle compréhension et approfondir une notion ou une situation en changeant les relations, entre le figurant et le figuré. Dans la première lecture, Jérémie parle de mauvais bergers qui ne savent pas protéger leurs troupeaux, laissant se disperser toutes leurs brebis et les abandonnant au péril ou aux agressions des méchants. De même, le prophète utilisera d’autres  termes pour signifier la relation d’affection que Dieu entretient avec le peuple d’Israël en dépit de ses infidélités à son égard : « ma vigne (= mon temple), mon héritage (= mon peuple), mon héritage de délices (= Jérusalem), etc. Ainsi que l’explicite H. HOCHNER : « De nombreux bergers ont détruit ma vigne, foulé mon héritage, réduit mon héritage délicieux en désert de désolation ». Les nombreux bergers sont les nombreux rois des peuples païens, venus avec leurs troupeaux, quils ont fait paître dans ma vigne, et quils ont endommagée (voir Jr 6, 3) Les ennemis ont détruit et ruiné le pays, qui est devenu désert et abandonné. Le prophète, dans cette métaphore de la vigne ravagée, utilise par trois fois des termes de destruction. Ce que les troupeaux nont pas détruit par la dent, la été par le piétinement, pour aboutir à tout réduire en désolation ; les champs de mes délices, ma vigne et mon héritage. Le vigneron a son vignoble ravagé, vandalisé, par des bergers étrangers avec leurs troupeaux dévastateurs : cest le châtiment infligé pour les fautes commises. Celui qui a permis ce désastre nest que le vigneron lui même, qui nhésite pas à abandonner sa vigne et à ne plus sen occuper. »


Le texte du RP Thomas ROSICA revisite avec une grande simplicité cette métaphore du berger qui sera reprise par Jésus lui-même qui se déclarera le Bon Berger du peuple d’Israël… et de l’humanité tout entière.

 

Le bon berger amène paix et unité

par le père Thomas ROSICA, c.s.b.

Qu’avons-nous vu et entendu à-propos de la résurrection au cours des dernières semaines? Nous avons vu la nouvelle création, la marche au désert, l’arche traversant les eaux, de verts pâturages, le jardin d’un amoureux, le temple céleste, la ville qui attend depuis longtemps notre retour: la Nouvelle Jérusalem. Vivre en ressuscité signifie alors d’être baptisés et re-créés en Jésus, venir à la table, survivre le déluge, entendre la voix du berger, être le bien-aimé de Dieu, être l’héritier du trône, prêtre du temple et citoyen de la cité céleste.
En ce quatrième dimanche de pâques, nous retrouvons le Bon Berger qui connaît intimement son troupeau. Jésus s’appuie sur l’une de ses métaphores préférées pour nous faire comprendre que nous pouvons avoir confiance en lui.
S’occuper d’un troupeau était l’un des éléments importants de l’économie palestinienne au temps de la bible. Dans l’ancien testament, Dieu est appelé le Berger d’Israël qui va devant le troupeau, le guide (Ps 22, 3), le mène vers la nourriture et l’eau (Ps 22, 2), le protège et porte ses petits (Is 40, 11). Imprégnant ainsi la piété des croyants, la métaphore démontre que tout le peuple est sous la protection de Dieu. Le Nouveau Testament ne juge pas les bergers autrement : ils connaissent leurs brebis (Jn 10,3), cherchent celle qui s’est égarée (Lc 15, 4ss.), et sont prêts à risquer leur vie pour leur troupeau (Jn 10, 11-12).
Le berger est donc une figure pour représenter Dieu lui-même (Lc 15, 4ss). Jésus connaissait des bergers et éprouvait de la sympathie à leur égard. Le Nouveau Testament ne qualifie jamais Dieu de berger et c’est seulement dans la parabole de la brebis perdue que l’auteur établit la comparaison (Lc 15, 4ss et Mt 18, 12ss). Dieu, comme l’heureux berger de la parabole, se réjouit du pardon et du rétablissement du pécheur. Le choix de l’image du berger reflète clairement le contraste entre l’amour de Jésus pour les pécheurs et le mépris des Pharisiens envers ces derniers. Nous pouvons dire en fait que le récit des disciples d’Emmaüs d’après Luc que nous avons lu la semaine dernière est un aspect de la mission de Jésus qui se continue : la poursuite des disciples entêtés était déjà préfigurée dans la parabole du berger qui va à la recherche de la brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve et la ramène au troupeau (15, 3-7).
La métaphore du bon berger est l’une des métaphores les plus belles et les plus fortes de toute la bible : notre Dieu et son Fils sont les bergers qui se soucient de nous, nous connaissent et nous aiment, même dans nos entêtements, nos manques d’écoute et nos doutes. Les anthropologues nous disent que les bergers ont traversé les âges. Ils ont, en fait, établi un pont entre l’ère de la chasse et l’ère de l’agriculture, ou l’ère agraire. C’est pour cette raison que les bergers apparaissent dans les mythes anciens et les récits, comme symbole de l’unité divine entre les éléments opposés.
Les anciens païens ont effleuré là quelque chose que les chrétiens ont réalisé pleinement : Jésus Christ est le grand réconciliateur. C’est Lui le Bon berger qui vient au cœur de chaque grand conflit pour y établir l’unité et la paix. L’expression de l’évangile de Jean qualifiant Jésus de ‘Bon Berger’ nous invite à porter un regard attentif sur la racine grecque du mot que nous avons traduit par ‘bon’. En fait, l’expression du Nouveau Testament en grec qualifie le berger est beau et noble. Sa noblesse et sa beauté extérieures reflètent une réalité intérieure de beauté et de noblesse.
Aujourd’hui, que Jésus notre Bon Berger nous guide vers ces pâturages de paix et de joie. Lorsque nous suivons le Seigneur Ressuscité et écoutons sa voix, la bonté et la bienveillance nous suivrons et nous pourrons ainsi vivre à jamais dans sa demeure.



 
PSAUME 22 (23), 1-6
1 Le Seigneur est mon berger:
je ne manque de rien.
2 Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
3 et me fait revivre;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.
4 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi,
ton bâton me guide et me rassure.
5 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
6 Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
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DEUXIEME LECTURE - Ephésiens 2, 13 - 18
Frères,
13 Vous qui autrefois étiez loin du Dieu de l'Alliance,
vous êtes devenus proches par le sang du Christ.
14 C'est lui, le Christ, qui est notre paix :
des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ;
par sa chair crucifiée,
il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine,
15 en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse.
Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix,
et créer en lui un seul Homme nouveau.
16 Les uns comme les autres, réunis en un seul corps,
il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix :
en sa personne, il a tué la haine.
17 Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix,
la paix pour vous qui étiez loin,
la paix pour ceux qui étaient proches.
18 Par lui, en effet, les uns et les autres,
nous avons accès auprès du Père,
dans un seul Esprit.
Paul, apôtre de la reconciliation des Juifs et des païens entre eux et avec Dieu. Nous savons tous que c’est l’un des axes fondamentaux de son apostolat : en effet, il consiédère comme une réalité déjà acquise chez les Juifs comme chez les Païens la résurrection et le triomphe céleste des chrétiens, c’est-à-dire de ceux qui ont été unis au Christ par le baptême de l’Esprit. Ce projet, selon lui, s’inscrit dans une tradition qui a été initiée depuis les temps anciens. Ainsi, les alliances successives que Dieu a conclues avec Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David et bien d’autres encore contenaient déjà la promesse du salut messianique. Le Christ, premier-né d’entre les morts, a réconcilié par la croix tous les peuples des croyants. Réunis en un seul corps, il nous élève au rang d’enfants de Dieu et nous donne en héritage  la paix, sa paix.
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"Reposez-vous un peu" … Ces mots nous indiquent combien Jésus était soucieux de la santé physique et morale de ses disciples. Il les connaissait si bien pour leur proposer de se poser un peu, à l'écart de la foule pour reprendre des forces. Pour la plupart, les disciples sont des gens plutôt solides, costauds, des travailleurs durs à l'ouvrage: on ne se hasarde pas en pleine mer, on ne remonte pas un filet rempli des poissons dans une barque ballotée par la tempête si l'on n'a pas de courage à toute épreuve. Pourtant, Jésus leur demande de se poser.
Très souvent, dans nos propres vies, nous ne prenons pas assez le temps de faire des pauses pour nous ressourcer physiquement et spirituellement pour nous être plus forts et reprendre nos occupations. Il ne s'agit pas simplement de vacances instituées, comme c'est la période actuellement; il est question de ces moments de retraite pour se lire de l'intérieur et chercher de Dieu le sens et la lumière pour continuer la route. Mais soyons lucides: il ne s'agit pas de se couper du monde, au contraire ! De toutes les façons, le monde est toujours là qui nous réveillera sans cesse de ses sollicitations multiples et variées. Ou que ses faims sont toujours là qui attendent de notre générosité et de notre humanité. Jésus lui-même en a fait l'expérience dans l'extrait de l'Évangile ci-après.


ÉVANGILE - Marc 6, 30 - 34
Après leur première mission,
30 les apôtres se réunissent auprès de Jésus,
et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné.
31 Il leur dit:
« Venez à l'écart dans un endroit désert,
et reposez-vous un peu. »
De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux
qu'on n'avait même pas le temps de manger.
32 Ils partirent donc dans la barque, pour un endroit désert, à l'écart.
33 Les gens les virent s'éloigner et beaucoup les reconnurent.
Alors, à pied, de toutes les villes,
ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.
34 En débarquant, Jésus vit une grande foule.
Il fut saisi de pitié envers eux
parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger.
Alors, il se mit à les instruire longuement.
 




Pour prolonger la compréhension de cet extrait de l’Évangile de Marc, je vous propose ce texte de Bernadette ESCAFFRE paru dans la Revue Cahier Évangile n° 145 en Septembre 2008 (p. 47-49) qui est une méditation du texte pendant de Jean.

La métaphore du berger et des brebis est fréquente dans la Bible. Dieu est présenté comme le berger qui a conduit son troupeau à travers le désert (Ps 77,21 ; 78,52) qui prend soin de chaque personne (Ps 23). Les prophètes vont critiquer les responsables du peuple qui ne s’occupent pas des brebis, mais les exploitent (Ez 34).
L’espérance des temps messianiques est associée avec la venue d’un berger fidèle à Dieu. Les paroles de Jésus se base sur cette espérance, et le don de la vie de la part du pasteur rappelle David qui risquait sa vie pour sauver les brebis (1S 17,34-35).

On peut proposer une division du texte différente de celle du Lectionnaire. Le discours de Jésus est formé d’une première partie (v. 1-6) qui parle en général du troupeau, du brigand et du portier. Cette partie se termine au v. 6 sur l’incompréhension de l’auditoire. Ensuite s’enchaînent deux sections en " je " : dans la première, Jésus se présente comme la porte (v. 7-10), et dans la deuxième, comme le berger (v. 11-18).
1) Le discours de Jésus commence de façon négative : celui qui ne passe pas par la porte est " un voleur et un bandit ". La pensée avance par opposition : celui qui entre par la porte est alors identifié comme le berger des brebis. Puis Jésus précise la relation personnelle qui les unit : les brebis écoutent, le berger les connaît " chacune par son nom ". Il marche devant elles et elles le suivent. Le berger n’est pas un négociant d’animaux.
2) Pour parler de la bergerie, Jean utilise le mot " cour " (grec " aulê "). Dans la Septante, traduction grecque de la Bible, ce terme désigne la cour du Temple (1R 6,36, etc.) et celle de la Tente de la réunion du désert (Ex 27,9, etc.). Un rapport s’établit donc avec le lieu même où Jésus se trouve avec ses auditeurs. Au-delà de l’image bucolique, on aurait donc l’image du Temple, et Jésus se présenterait non seulement comme le berger des " brebis ", mais aussi comme le gardien et protecteur des fidèles et comme la porte qui donne accès au Temple. Sa dénonciation des voleurs et brigands s’adresserait ainsi aux responsables religieux.
3) Devant l’incompréhension des auditeurs (v. 6), Jésus reprend son discours pour l’expliciter par les métaphores de la porte (v. 7) et du bon berger (v. 11), qui ne peuvent s’appliquer à personne d’autre que lui-même.
4) Jésus qualifie de voleurs ceux qui sont intervenus avant lui. Cette affirmation ne vise pas Abraham, Moïse, David, Isaïe, etc. Aussitôt, il précise que celui qui passe par lui sera sauvé, aura la vie et même " en abondance ". Ici, il révèle donc que lui seul peut conduire à la vie de la même manière qu’ailleurs il se dévoile comme le Fils qui transmet ce qu’il a reçu du Père. Tout autre personne qui se présenterait comme la porte d’accès à Dieu, à la place de Jésus, ne peut être qu’un " voleur ".
5) Le berger ne reçoit pas le qualificatif de " vrai " comme c’est le cas pour la lumière (Jn 1,9), le pain (6,32) ou la vigne (15,1), mais celui de " bon " (grec " kalos "). Cet adjectif signifie qu’il remplit pleinement son rôle : celui de garder les brebis en vie et de les défendre de tous les dangers. Le " bon " berger n’est pas un gardien rémunéré avec pour objectif de rendre en bon état une marchandise ; il a une relation personnelle avec chaque brebis. Il les connaît, elles le connaissent. Il y a entre elles et lui la même relation qu’entre lui et son Père.


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