24/07/2012

« Dans le Christ, vous aussi, vous avez écouté la parole de vérité,
la bonne nouvelle de votre salut »


Dimanche 15 juillet


Chers amis, bonjour !


Ce dimanche 15 juillet, la liturgie nous proposé trois textes qui prolongent la thématique du prophète, de l’envoyé de Dieu investi d’une mission particulière : celle d’annoncer la Parole de Dieu à ses frères, de les «inquiéter» lorsqu’ils se laissent aller dans le train-train quotidien, dans la facilité et la commodité du plaisir et de l’insouciance. Or tous ces prophètes ont ceci de commun qu’ils ont été appelés, choisis par le Seigneur lui-même. Oui, c’est Dieu qui choisit, qui fait le premier pas…



• Première Lecture - Amos 7, 12 - 15
12 Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos :
« Va-t-en d'ici avec tes visions,
enfuis-toi au pays de Juda ;
c'est là-bas que tu pourras gagner ta vie
en faisant ton métier de prophète.
13 Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ;
car c'est un sanctuaire royal,
un temple du royaume. »
14 Amos répondit à Amazias :
« Je n'étais pas prophète
ni fils de prophète ;
j'étais bouvier, et je soignais les figuiers.
15 Mais le SEIGNEUR m'a saisi quand j'étais derrière le troupeau,
et c'est lui qui m'a dit :
Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. »

• Contexte d’émergence de la vocation prophétique d’Amos
Dans le groupe de prophètes dits postérieurs dans lequel on compte Isaïe, Jérémie et Ézeéchiel, Amos fait partie d’un sous-groupe de douze prophètes avec Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq, Aggée, Zacharie, Malachie, Abdias, Joël et Jonas. Amos était un simple berger totalement étranger au cercle des prophètes. Or Yahvé le prit (le saisit derrière son troupeau) et l’envoya prophétiser à Israël, essentiellement à Béthel (littéralement «la maison de Dieu») dans le sanctuaire schismatique. Son ministère fut très bref puisque rapidement il fut expulsé d’Israël. Il regagna alors ses terres natales. Bethel est situé dans le Royaume du Nord qui, sous le règne de Jéroboam, s’enrichit, se développe et s’étend considérablement. Or l’opulence des uns côtoie la misère de la grande majorité et les apparats des rites religieux cachent difficilement l’hypocrisie et l’insincérité des membres d’une société corrompue. Il condamne Israël au nom de Dieu et annonce le châtiment de ce dernier pour tous ceux qui  ne s’engagent pas dans une justice morale et une foi véritable, et comme du roc, solide contre toute épreuve. Ses paroles sont dures, rudes ; elles annoncent l’imminence du «Jour de Yahvé» (c’est la première fois que cette expression apparaît),  un jour non pas de lumière mais de ténèbres, un jour de châtiment qui viendra de la main armée d’un peuple voisin. Mais Amos ne ferme pas l’horizon du message de Yahvé qui est une parole d’espérance pour tous ceux qui se convertissent. Car rien n’est perdu définitivement aux yeux de Yahvé tout-puissant et tout miséricordieux.
• L’extrait de ce dimanche
Dans l’extrait de cette troisième vision d’Amos, Amasias (le prêtre de Béthel) qui considère Amos comme un petit prophète de carrière (c’est-à-dire qui vivote de ses divinations) et qui, de surcroît, médit sur le roi Jéroboam (car voici ce que rapporte Amasias au roi : Amos dit que «Jéroboam périra par l’épée, et Israël sera reléguée en exil loin de son pays»). Tel est le motif (en réalité le prétexte) de l’éloignement d’Amos. Amos n’est pas un prophète «professionnel» ni le continuateur d’une activité exercée en famille ; il a été choisi par Dieu et reçoit donc sa légitimité de sa seule puissance et non de la volonté des hommes.
Du « Jour de Yahvé » : Amos exhorte les enfants d’Israël à se convertir vers Yavhé non pas en changeant de personnalité du tout au tout, mais orientant différemment leurs cœurs, en les tournant vers lui avant que survienne le «Jour de Yahvé». A ce propos, si pour Israël, ce «Jour de Yahvé» a toujours annoncé une intervention forcément favorable de Dieu à son égard (car il est confiant en sa prérogative de peuple choisi), pour Amos ce jour est un jour de colère de Dieu contre Israël endurci dans son péché. Telle est la conception prophétique de ce Jour. Pendant l’exil, il deviendra Jour d’espérance, le début de la restauration d’Israël, le Jour du jugement qui assurera le triomphe des justes et la ruine des pécheurs.

 
• Psaume 84 (85), 9-10, 11-12, 13-14
9 J'écoute : que dira le SEIGNEUR Dieu ?
Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple.
10 Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

11 Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s'embrassent ;
12 la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

13 Le SEIGNEUR donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
14 La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.
Jamais le psalmiste n’aura été aussi anthropomorphique à propos de Dieu. En effet, dans ce psaume écrit après le retour de l’exil, le Seigneur est présenté comme un homme, comme quelqu’un qui a plein d’idées et qui peut en changer à loisir. Les attributs divins sont personnifiés et mis en évidence : amour et vérité, justice et paix. En quelque sorte, dans ce psaume sont décrites celles des vertus auxquelles les enfants d’Israël tourné le dos… Aux rapatriés qui rentrent d’exil, cette prière promet la paix messianique jadis annoncée par Isaïe et Zacharie.  «La vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice» : ici encore on peut voir en filigrane l’image de la Vierge qui, telle une terre fertile, portera en elle la plus sainte des semences, le Fils de Dieu qu’elle enfantera… celui-là même qui déclarera être « la vie, le chemin et la vérité », et (cela va de soi) la paix. Cette paix participe de la Gloire de Yahvé qui avait quitté le Temple et la Ville sainte et qui revient dans le Temple restauré. Et c’est cette même paix que plus tard Jésus nous laissera comme le plus précieux héritage : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix ».

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• Deuxième Lecture - Ephésiens 1, 3 - 14
3 Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Dans les cieux, il nous a comblés
de sa bénédiction spirituelle en Jésus-Christ.
4 En lui, il nous a choisis avant la création du monde,
pour que nous soyons, dans l'amour,
saints et irréprochables sous son regard.
5 Il nous a d'avance destinés
à devenir pour lui des fils par Jésus Christ :
voilà ce qu'il a voulu dans sa bienveillance
6 à la louange de sa gloire,
de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé,
7 qui nous obtient par son sang la rédemption,
le pardon de nos fautes.
Elle est inépuisable, la grâce
8 par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d'intelligence
9 en nous dévoilant le mystère de sa volonté,
de ce qu'il prévoyait dans le Christ
pour le moment où les temps seraient accomplis ;
dans sa bienveillance,
10 il projetait de saisir l'univers entier
ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre,
en réunissant tout sous un seul chef, le Christ.
11 En lui,
Dieu nous a d'avance destinés à devenir son peuple ;
car lui, qui réalise tout ce qu'il a décidé,
12 il a voulu que nous soyons
ceux qui d'avance avaient espéré dans le Christ
à la louange de sa gloire.
13 Dans le Christ, vous aussi, vous avez écouté la parole de vérité,
la bonne nouvelle de votre salut ;
en lui, devenus croyants,
vous avez reçu la marque de l'Esprit Saint.
Et l'Esprit que Dieu avait promis,
14 c'est la première avance qu'il nous a faite
sur l'héritage dont nous prendrons possession,
au jour de la délivrance finale,
à la louange de sa gloire.
D
ans ce merveilleux texte, Paul décrit comme dans une fresque le projet de Dieu pour les hommes ; il expose et partage avec ses frères le socle fondateur de sa foi, ce qu’on peut appeler « le mystère du salut et de l’Église ». Du ciel s’originent les bénédictions spirituelles, et c’est au ciel qu’elles se réaliseront pour les hommes élevés au rang de « fils de Dieu » et, par la grâce de l’Esprit, rendus dignes de prendre part à la gloire du Christ auprès de son Père. Ces bénédictions sont au nombre de six :
1.L’appel des élus à la vie béatifique déjà commencée à travers l’union mystique des fidèles au Christ glorieux, c’est-à-dire l’amour réciproque de Dieu pour le fidèle et de ce dernier pour Dieu.
2.La filiation divine dont le Christ est la source et le modèle et qui nous donne de mériter sa grâce, c’est-à-dire ses dons sanctifiants. La liberté de Dieu à nous dispenser sa grâce n’a pas d’autre finalité que sa plus grande gloire. Qu’il nous souvienne : pendant la prière eucharistique, nous proclamons « À toi le règne, à toi la puissance et la gloire pour les siècles des siècles ». En effet, Dieu alpha et Oméga est l’origine et la finalité de toute glorification.
3.L’œuvre historique de la rédemption par la sainte croix du Christ Sauveur.
4.La révélation du Mystère, ce « secret » plein de sagesse, longtemps caché en Dieu et aujourd’hui révélé aux hommes : le plan du salut dans son étape suprême qui est la restauration de l’univers tout en entier dans le Christ comme son seul chef.
5.L’élection d’Israël, la « part de Dieu » comme témoin, dans le monde, de l’attente messianique.
6.L’appel des païens à partager le salut autrefois réservé à Israël. Ce partage se réalise par le don de l’Esprit qui ouvre à l’intelligence de ce qui était jusqu’ici impénétrable. Cette connaissance deviendra, à la Parousie, véritable et totale, glorieuse et définitive, pour ceux qui l’auront accueilli corps et sang dans la communion eucharistique et Parole vivante en leurs cœurs.


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• Évangile - Marc 6, 7 - 13
7 Jésus appelle les Douze,
et pour la première fois il les envoie deux par deux.
Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais,
8 et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route,
si ce n'est un bâton ;
de n'avoir ni pain, ni sac,
ni pièces de monnaie dans leur ceinture.
9 « Mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
10 Il leur disait encore :
« Quand vous avez trouvé l'hospitalité dans une maison,
restez-y jusqu'à votre départ.
11 Si, dans une localité,
on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez en secouant la poussière de vos pieds :
ce sera pour eux un témoignage. »
12 Ils partirent, et proclamèrent qu'il fallait se convertir.
13 Ils chassaient beaucoup de démons,
faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades,
et les guérissaient.


L
’envoi en mission : un moment crucial du parcours de formation des douze. Jésus les « lâche » dans le monde avec tous les risques possibles de rejet, de raillerie, d’agression, de stigmatisation… Pourtant c’est aussi une opportunité pour tester par eux-mêmes l’effet de l’enseignement du Maître sur les populations qu’ils vont rencontrer ; une chance pour vivre en binôme, c’est-à-dire « deux par deux », cette expérience d’ambassadeur de Jésus, d’être en quelque sorte des prophètes, des éclaireurs des temps nouveaux. Jésus leur donne le pouvoir de chasser les démons et de guérir les malades, et les envoie avec des recommandations particulières :
-  N’emporter que le strict nécessaire : pas de pain, ni de sac, ni de pièces de monnaie dans la ceinture ; justes des sandales, mais pas de tunique de rechange. Une seule chose est tolérée, à savoir « un bâton » (de pèlerin »). Cette tradition sera perpétuée à travers les siècles lors de certains pèlerinages comme à Saint Jacques de Compostelle.
- Ne pas se formaliser d’un accueil éventuellement médiocre : passer son chemin en secouant ses sandales en signe de réprobation à l’encontre des habitants de maisons inhospitalières.
-  Ne pas se laisser impressionner par des paroles méchantes et ne pas répondre à la persécution par l’invective mais plutôt afficher sérénité et détermination dans la foi.

Toutes ces recommandations nous sont adressées aussi à nous autres apôtres et missionnaires des temps modernes. De nos jours, les agressions, les persécutions, les tribulations sont nombreuses sur ceux qui prennent leur bâton de pèlerin pour aller porter la Bonne Nouvelle sur leurs lieux de travail, dans la rue auprès de gens laissés pour compte, sur les espaces publics, partout où des hommes et des femmes se trouvent pris dans des questionnements lourds sur le sens de leur existence, de la mort, de la misère, de la haine des uns pour les autres, des discriminations de toutes natures… mais aussi sur les espaces de liberté (les médias, l‘école…), là où se forment et se nourrissent les opinions. Oui, partout dans ces espaces, Jésus nous missionne chaque jour pour témoigner de son Amour miséricordieux. Porter la Parole de Jésus est aujourd’hui un pari de plus en plus osé. Des jeunes s’engagent, d’autres s’esquivent, arguant que c’est un propos inadapté aux défis de notre temps, un « opium » (comme disait Marx). Or si l’annonce de la Parole de Jésus est l’objet d’attaques et de mépris de la part de certains, c’est bien parce que cette Parole contient un message révolutionnaire aujourd’hui, demain et toujours : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. » (Jn 3, 16-21)

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