25/02/2010

La fidélité d'Abraham à la promesse de Dieu

Chers amis, bonjour !


Voici les références bibliques des lectures que la liturgie nous propose en ce deuxième dimanche de carême:

Lecture du livre de la Genèse: 5. 12 à 18: "Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision."

Psaume 26: "C'est ta face, Seigneur que je cherche."

Lettre de saint Paul aux Philippiens: 3. 17 à 4. 1: "Nous sommes citoyens des cieux... nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ."

Évangile selon saint Luc: 9. 28 à 36: "Son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante."


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1ère lecture : L'Alliance de Dieu avec Abraham (Gn 15, 5-12.17-18a)


Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit: «Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux.. » Et il déclara: «Vois quelle descendance tu auras!»

Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu'il était juste.

Puis il dit: «Je suis le Seigneur, qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays.»

Abraham répondit: «Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j'en ai la possession?»

Le Seigneur lui dit: «Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe.»

Abraham prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l'autre; mais il ne partagea pas les oiseaux.

Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abraham les écarta.

Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s'empara d'Abraham, une sombre et profonde frayeur le saisit.

Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit: «Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara: «Vois quelle descendance tu auras!»

Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d'animaux.

Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abraham en ces termes: «A ta descendance je donne le pays que voici.»


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Dimanche dernier, comme autrefois le peuple de Dieu dans le désert éprouvé dans sa marche vers la Terre Promise, comme ce même peuple allant et revenant de ses nombreux exodes, le Christ nous a interpellés pour tenir ferme dans les tentations de consommation excessive, de pouvoirs tyranniques et d’idolâtries de toutes sortes… des tentations de notre temps. Déjà, Abraham nous a été présenté comme la référence de l’homme reconnaissant à l’égard du Dieu qui a libéré son peuple: «…Par la force de sa main et la vigueur de son bras, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges».

Dans la première lecture de ce deuxième dimanche de carême, nous découvrons un autre aspect du cheminement d’Abraham dans sa foi et sa relation à Dieu. Pour la première fois, en effet, Abraham répond à Dieu pour lui exprimer son inquiétude profonde: «Mon Seigneur Yavhé, que me donnerais-tu ? Je m’en vais sans enfant… Voici que tu ne m’as pas donné de descendance et qu’un des gens de ma maison héritera de moi». Le verset 3 de ce texte en donne le sens général, car la réponse de Dieu est claire et nette: «Celui-ci ne sera pas ton héritier, mais bien quelqu’un issu de ton sang». Nous découvrons alors la foi d’Abraham, une foi qui est en réalité une confiance sans limite en une promesse humainement irréalisable. Dieu le récompense de son acte de foi et le compte parmi les «justes», c’est-à-dire de ceux qui sont droits et qui lui sont soumis. Plus tard, l’apôtre Paul stigmatisera cette attitude d’Abraham comme caractéristique du vrai croyant: la justification par la foi et non pas par les œuvres [Nous savons le décalage des positions des apôtres Paul et Jacques sur ce point. Mais sur le fond, tous deux s’accordent à admettre que la foi ne doit pas être «morte», mais qu’elle doit plutôt « être » active et visible dans ses œuvres].

Par ailleurs, Dieu s’inscrit dans une démarche pédagogique qui puise dans les traditions en vigueur. Le rite d’alliance auquel il soumet Abraham emprunte beaucoup à ce qui se faisait à l’époque, rite que le prophète Jérémie reprendra dans «l’affaire de la libération des esclaves» (Jr 34, 18) : les contractants passaient entre les chairs sanglantes et appelaient sur eux-mêmes le sort qui avait été fait aux animaux (chèvre, bélier, tourterelle et pigeonneau) s’ils transgressaient leurs engagements. Or, ici, ce n’est pas Abraham qui passe entre les quartiers d’animaux, mais deux symboles divins: la lumière et le feu (rappelons-nous le «buisson ardent» et la «colonne de feu» sur le Sinaï, signes de la présence de Dieu face à Moïse). Oui, c’est Dieu lui-même qui prend l’initiative de l’alliance avec Abraham qu’il plonge dans un profonds sommeil, comme jadis Adam, pour accomplir un acte si fondamental, un acte dont lui seul a la puissance. C’est toujours ainsi lorsque Dieu fait œuvre de création: c’est lui le Maître de tout. Devant l’inquiétude d’Abraham, Dieu ne demande rien d’autre que la foi, car tout lui donné gratuitement: «Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara : « Vois quelle descendance tu auras!» […] :«A ta descendance je donne le pays que voici.» Une terre et une innombrable descendance: non seulement Dieu arrache Abraham de l’errance, mais de plus il lui fait la promesse d’une foi partagée universellement, c’est-à-dire bien au-delà du seul peuple d’Israël. «Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu'il était juste» (celui- qui fait la volonté de Dieu). Autrement dit, la foi qui fait irruption dans l’histoire de l’humanité place l’homme dans une tension (au sens de «tendre») confiance solidement affirmée dans l’instant présent et dans la durée… Croire, c’est tenir ferme quels que soient les embûches, quelles que soient les difficultés du chemin. Mais la joie est là, l’enthousiasme aussi de vivre de cette espérance d’un Dieu désormais présent dans notre vie, un Dieu qui fait œuvre de libération. Moïse rappellera sans cesse le fondement de l’alliance que Dieu avait pris l’initiative de sceller avec son peuple; le fameux «Shema, Israël» rappelle le passé (car l’homme est souvent amnésique) et nourrit le présent tout autant qu’il irrigue l’avenir de l‘humanité tout entière: «…Tu es un peuple consacré au Seigneur ton Dieu : c’est toi qu’il a choisi pour être son peuple particulier, parmi tous les peuples de la terre. C’est par amour pour vous, et par fidélité au serment fait à vos pères, que le Seigneur vous a fait sortir par la force de sa main, et vous a délivrés de la maison d’esclavage et de la main de Pharaon, roi d’Égypte. Vous saurez donc que le Seigneur votre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son Alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements» (Dt 7, 6. 8-9). Le cheminement d’Abraham nous est donné en exemple pour nous éveiller à la lumière de la foi par le feu de l’Esprit de Dieu.

Cette confiance absolue dans ce Dieu qui sauve et qui ibère transparaît dans le Psaume 26 qui nous est proposé en méditation: «Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je? … C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face… J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants».


Aujourd’hui, le GPS permet de localiser toute personne en tout lieu et tout temps (à condition que le lieu soit répertorié dans une base de données régulièrement mise à jour). Avec la webcam, nous apprécions de dialoguer et de visualiser notre interlocuteur à distance. Chose également possible avec certains téléphones portables. Nous savons donc tous combien il est important de localiser la personne avec laquelle on échange. L’entendre seulement ne suffit plus, la voir en plus est hautement appréciable. Il en est de même de notre relation à Dieu dont le psalmiste dit «rechercher la face». Les exemples sont nombreux dans la bible dépeignant Dieu en courroux contre son peuple et détournant de lui sa face comme pour le punir de son infidélité et de son incrédulité. Il en faisait de même, pendant les guerres, lorsqu’il baissait son bras fort et puissant. Mais pouvons-vous concrètement voir Dieu avec nos yeux d’humains ? Nous connaissons tous cette merveilleuse scène où Moïse supplie Dieu de lui faire voir sa face. Le Seigneur lui répondit: «Tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne saurait me voir et vivre... Voici un lieu près de moi. Tu te tiendras sur le rocher. Alors, quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et, de ma main, je t'abriterai tant que je passerai. Puis, j'écarterai ma main et tu me verras de dos ; mais ma face, on ne peut la voir» (Ex 33, 18... 23). Oui ! Dieu apparaît dans la nuée et manifeste sa présence par bien d’autres signes. Il nous parle comme à Moïse, mais nous ne pouvons voir sa face. Et pourtant, il est si inaccessible et proche à la fois. Créés à son image, nous sommes le visage de Dieu lorsque nous sommes des hommes justes, c’est-à-dire des croyants qui ont mis en lui leur confiance, des artisans de la foi qui se plaisent à faire sa volonté. C’est alors que tout est possible pour ceux dont l’espérance et le courage permet de clamer: «J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants», autrement dit des ressuscités. Car le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est le Dieu des vivants et non des morts. La mort, vaincue par le Christ ressuscité, nous ouvre les portes de la gloire de Dieu que nous pourrons alors voir face à face…


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Psaume : Ps 26 - 1, 7-8, 9abcd, 13-14


Le Seigneur est ma lumière et mon salut,

de qui aurais-je crainte ?

Le Seigneur est le rempart de ma vie,

devant qui tremblerais-je ?

Écoute, Seigneur, je t’appelle !

Pitié ! Réponds-moi !

Mon cœur m’a redit ta parole :

« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :

ne me cache pas ta face.

N’écarte pas ton serviteur avec colère,

tu restes mon secours.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur

sur la terre des vivants.

« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;

espère le Seigneur. »


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