09/02/2010

« In tuo verbo, domine, laxabo rete »
(« Sur ta parole, Maître, je jetterai le filet »)

Chers amis, bonjour !

Après ces quelques semaines de repos (mérité), c'est avec grand plaisir que je reprends notre lecture hebdomadaire des textes que la liturgie nous propose à chaque messe. L’évangile de ce cinquième dimanche du temps ordinaire, tout comme les deux autres lectures, nous montrent deux sortes de témoignage en la force de la parole du Christ. Après avoir enseigné dans la barque, Jésus demande à Simon d’avancer au large. Sur son ordre, malgré son scepticisme, Simon jette les filets qui ramènent une grande quantité de poissons: «Sois sans crainte, dit Jésus, désormais ce sont des hommes que tu prendras…»
Dans la première lecture, Isaïe fait l’expérience de sa vocation, de l’appel de Dieu qui lui dit : J'entendis alors la voix du Seigneur qui disait:
«Qui enverrai-je? qui sera notre messager?» Et lui de répondre sans hésitation: «Moi, je serai ton messager: envoie-moi.» Isaïe qui a vu la splendeur et l’immensité de la gloire du Seigneur a dû se rappeler cette parole du psalmiste: «Qu'elle est grande, la gloire du Seigneur!» Cela nous rappelle également l’appel de Samuel qui, réveillé dans son sommeil par cette voix qui vient de l’au-delà et qu’il ne reconnaît pas d’emblée, répondra avec confiance (sur le conseil de Saül): «Parle, Seigneur, ton serviteur écoute!». Oui, il est important de se rendre attentif et disponible à entendre cet appel de Dieu qui se manifeste à nous de bien de manières.
L’apôtre Paul est une figure très emblématique de l’autre façon très violente et inattendue d’être saisi par l’appel de Dieu. En effet, sur le chemin de Damas, lui l’avorton, le persécuteur des chrétiens, est choisi par Dieu pour annoncer son Evangile au milieu des juifs et des païens. Nous savons combien sera difficile sa mission… Simon-Pierre et les autres sont «saisis» par le Seigneur toutes affaires cessantes: «Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.»

Nous avons du mal à comprendre cet appel, à saisir la protée des «eaux profondes» qui, au temps de Jésus, représentaient les forces du mal. En lui ordonnant d’avancer au large, Jésus veut indiquer à Simon que le pêcheur d’hommes qu’il fait de lui aura à annoncer sa Parole dans des conditions et dans des milieux difficiles, voire hostiles. Une œuvre qu’il ne pourra mener qu’avec la grâce du Seigneur en qui il place toute sa confiance. Car l’image du large trouve écho dans l’esprit de cet homme de la mer. Plus tard, en étant à la tête de l’Eglise, Pierre, par la «parole» et les «sacrements», annoncera la victoire du Christ sur le mal: il sera le témoin de la résurrection.

C’est justement cette résurrection que Paul place au cœur de notre foi chrétienne. Dans sa Lettre aux Corinthiens (1 Co 15, 1-10), l’Apôtre rappelle que la résurrection du Christ, dont les apôtres ont été les témoins, est la preuve décisive de la résurrection générale à venir (et dont l’Ancien testament contient déjà les prémisses et l’espérance). Pour Paul, la résurrection du Christ est donc le fondement de notre foi. Telle est la clé de voûte de son enseignement (voir par exemple 1 Co 11, 2 + — Rm 1, 1 + — Ep 3, 8 — 1 Tm 1, 15-16 — Ga 1, 13-14 ). Il concluera son propos par ce mot: «Bref, eux (c’est-à-dire les autres apôtres) et moi, voilà ce que nous prêchons. Et voilà ce que nous avons cru…».

Se laisser prendre dans les filets de la foi est une grâce de Dieu. Mais c’est aussi un appel qui nous est lancé à annoncer cette Bonne nouvelle à l’humanité tout entière. Mais pour nous chrétiens, c’est aussi à chaque messe, chaque sacrement, et dans toute notre vie de tous les jours au milieu de nos frères, ceux qui connaissent Dieu et ceux qui ne le connaissent pas encore, à annoncer une humanité saisie dans l’amour de Dieu pour être tirée vers la vie. Aucune force du mal ne peut écraser l’Homme ainsi habité par Dieu.

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• 1ère lecture : Révélation du Dieu saint et vocation d'Isaïe (Is 6, 1-2a.3-8)

L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé; les pans de son manteau remplissaient le Temple.
Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler.
Ils se criaient l'un à l'autre: «Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers. Toute la terre est remplie de sa gloire.»
Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée.
Je dis alors: «Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures: et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l'univers!»
L'un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu'il avait pris avec des pinces sur l'autel.
Il l'approcha de ma bouche et dit: «Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné.»
J'entendis alors la voix du Seigneur qui disait: «Qui enverrai-je? qui sera notre messager?» Et j'ai répondu: «Moi, je serai ton messager: envoie-moi.»

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• Psaume : Ps 137, 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce:
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Tous les rois de la terre te rendent grâce
quand ils entendent les paroles de ta bouche.
Ils chantent les chemins du Seigneur:
«Qu'elle est grande, la gloire du Seigneur!»

Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s'abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi!
Seigneur, éternel est ton amour: n'arrête pas l'œuvre de tes mains.

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• 2ème lecture : La tradition de la foi au Christ mort et ressuscité (brève: 1...11) (1Co 15, 1-11)

Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée; cet Évangile, vous l'avez reçu, et vous y restez attachés,
vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l'ai annoncé; autrement, c'est pour rien que vous êtes devenus croyants.
Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu :le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures,
et il a été mis au tombeau; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures,
et il est apparu à Pierre, puis aux Douze; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois - la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts - ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis.
Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé Apôtre, puisque j'ai persécuté l'Église de Dieu.
Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m'a comblé n'a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi.
Bref, qu'il s'agisse de moi ou des autres, voilà notre message, et voilà votre foi.

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• Evangile : La pêche miraculeuse. La vocation des Apôtres (Lc 5, 1-11)

La voix du Seigneur appelle :
«Venez, suivez-moi, je ferai de vous
des pêcheurs d'hommes.» Alléluia. (Mt 4, 19)

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu.
Il vit deux barques amarrées au bord du lac; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon: «Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson.»
Simon lui répondit: «Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets.»
Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient.
Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient.
A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant: «Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur.»
L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon: «Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.»
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

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