26/10/2012

Le Fils de l’homme est venu pour servir…


Dimanche 21 octobre
29e dimanche du temps ordinaire
(Année liturgique B)


Chers amis, bonjour !


« (…) Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Par ces paroles qui concluent l’extrait de l’évangile de ce dimanche, Jésus veut nous indiquer la figure du véritable prêtre de Dieu qui doit s’inscrire dans une posture d’humilité et d’obéissance, d’amour au service des autres. Peuple de prêtres, nous le sommes parce que le Christ lui-même nous en a rendus dignes : i nous invite à mettre nos pas dans les siens pour le suivre sur les chemins de la vie nouvelle qu’il trace pour l’humanité tout entière.


Liturgie de la Parole
Lecture du livre d’Isaïe (53, 10-11)

« Mon serviteur justifiera les multitudes. »

BROYÉ par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur.
Mais s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa
descendance, il prolongera ses jours : par lui s’accomplira
la volonté du Seigneur. À cause de ses souffrances, il verra la
lumière, il sera comblé. Parce qu’il a connu la souffrance, le juste,
mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs
péchés.


PSAUME 32 (33)

Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !

LECTURE DE LA LETTRE AUX HÉBREUX (4, 14-16)
Le grand prêtre compatissant

FRÈRES, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre
par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux ; tenons
donc ferme dans l’affirmation de notre foi.
En effet, le grand prêtre que nous avons n’est pas incapable, lui,
de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l’épreuve
comme nous, et il n’a pas péché.
Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant
qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en
temps voulu, la grâce de son secours.


ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST selon saint Marc (10, 35-45)
Le Fils de l’homme est venu pour servir

JACQUES ET JEAN, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus
et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre
demande. » Il leur dit : « Que voudriez-vous que je fasse pour
vous ? » Ils lui répondent : « Accorde-nous de siéger,
l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à
la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais
être plongé ? » Ils lui disaient : « Nous le pouvons. »
Il répond : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le
baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. Quant
à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de
l’accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées. »
Les dix autres avaient entendu, et ils s’indignaient contre Jacques
et Jean. Jésus les appelle et leur dit :
« Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations
païennes commandent en maîtres ; les grands font sentir leur
pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut
devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier
sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour
être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la
multitude. »


À la lecture de l’extrait du quatrième chant du « Serviteur souffrant » d’Isaïe, on est surpris voire troublé par le statut de ce serviteur de Dieu, voué à la souffrance et offrant sa vie en expiation. Pire encore – pourrait-on se dire -, «  par ses souffrance (ce) serviteur justifiera des multitudes ». Or, ce n’est pas avec  l’éclairage de la raison qu’il convient de lire de texte « révoltant », mais avec la lumière de la foi qui, seule, nous permet de lire dans ces lignes les traits fondamentaux du parfait disciple de Yahvé, qui prêche la vraie foi, souffre pour expier les fautes de son peuple et est en cela glorifié par dieu lui-même. Car en effet telle est sa récompense. Même si l’Église reconnaîtra dans ce chant l’annonce mystérieuse de la vie et de la mort rédemptrice de Jésus, le vrai Serviteur de Dieu, il n’en demeure pas moins que cette même figure nous est donnée en exemple, à la mesure de chacun de nous.
Comme le proclame saint Paul dans sa Lettre aux Hébreux, le Christ, Parole vivante et Grand prêtre, a été parmi nous, humain parmi les humains, compatissant à nos misères et les partageant jusqu’à sa mort sur la croix. Cette humanité de chair attestée par sa vie terrestre a fait de lui le plus grand prêtre, le seul à même de nous représenter devant son Père. En effet, dans sa passion, il n’aura jamais été soustrait ni à la souffrance ni à la mort pour laquelle Dieu l’avait envoyé dans le monde. Par contre, Dieu l’a arraché au pouvoir de cette mort et transformé celle-ci en une exaltation de gloire. Ainsi que nous le lisions chez Isaïe, la finalité du projet de Dieu pour l’homme à travers son Fils n’est pas la souffrance pour elle-même mais plutôt le salut de la multitude des hommes pécheurs.
Avouons-le, cette mission n’est pas chose facile. Comment peut-on accepter d’être serviteur de Dieu et endosser coûte que coûte les habits du souffrant ? Et pourtant tel est le fond de la Parole de Dieu dont le Christ lui-même donnera l’exemple sa vie durant. On peut comprendre la demande des fils de Zébédée. Depuis trois ils suivent Jésus, écoutent ses enseignements, sont donc témoins des miracles qu’il opère, des tribulations dont il fait de plus en plus l’objet, de la jalousie qu’il suscite auprès des Pharisiens et des Scribes, tant sa connaissance des Écritures est parfaite (ils n’arrivent pas à le prendre en défaut)… Et pourtant, avec les autres disciples, ils n’ont pas encore compris la mission première de leur Maître qui, pour la troisième fois, vient de leur annoncer sa passion avec une description froide des tribulations qu’il vivra [comme la coupe à boire, le baptême à recevoir est une image de la passion prochaine (en grec, le sens premier de « baptiser » es : « plonger dans un abîme de souffrance »]. Mais rien n’y fait : les apôtres se refusent (ou plutôt ils en sont incapables) de comprendre que le projet de Dieu pour les hommes à travers son Fils n’a rien d’une prise de pouvoir politique : quand ils lui demandent de leur accorder de siéger l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, dans sa gloire, Jacques et Jean (les fils de Zébédée) veulent dire : « quand tu triompheras comme roi messianique », celui qu’attendent les Fils d’Israël depuis des siècles. Peut-être que les autres disciples se sont sentis frustrés par les deux frères qui leur ont grillé la politesse… ils espéraient peut-être faire part de la même demande en temps opportun !
Que les apôtres ne comprennent pas encore la vraie mission de Jésus, c’est dire à quel point ils étaient sur un plan fondamentalement politique. Quand on construit un parti politique ou qu’on y adhère, c’est bien en vue de conquérir le pouvoir politique dans le but de changer les choses, en tout cas selon les valeurs que l’on défend. Cette aspiration « aux premières places », « aux places les plus élevées » est somme toute légitime. Cependant, le pouvoir de Jésus n’est pas de ce registre-là : il leur décrit portant un avenir prochain dur, sombre… une fresque qui devrait les faire réfléchir ou du moins réagir plus énergiquement ! Il n’en est rien, et il faudra d’autres moments, d’autres expériences à Jésus pour faire œuvre de pédagogie : le vrai pouvoir ne se fait pas sentir, il n’oppresse pas, il n’écrase pas, il ne place pas les autres dans des situations où ils vous seraient redevables. Le vrai pouvoir, celui de l’amour, est grâce et liberté. Oui, la figure de Jésus, Grand-Prêtre, est celle d’un pasteur aimant, à tel point qu’il accepte de souffrir pour le salut de la multitude, il accepte de porter le fardeau de ceux qui ploient sous le poids du péché. Cette figure, c’est celle du serviteur souffrant et aimant : « (…) le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.»

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