21/03/2012

« … tout homme qui croit en lui ne périra pas,
mais il obtiendra la vie éternelle ».



Chers amis, bonjour !

En ce quatrième dimanche de Carême, la liturgie nous propose des textes qui révèle l’infinie miséricorde de Dieu face aux infidélités des hommes.
La première lecture, extraite de 2 Chroniques 36, 14-16. 19-23 s’articule en trois moments : la dénonciation des infidélités du peuple juif ; l’annonce de la chute de Jérusalem et de la déportation à Babylone, sanction de cette conduite mauvaise.
Le contexte : Cyrus règne, qui sur tout le Moyen-Orient, a fait de Babylone la capitale de son empire. Fort de son pouvoir, il laisse la vie sauve à tous les vaincus des États à l’intérieur des terres, garantit leurs biens et leur liberté de culte. C’est dans ce contexte qu’il décrète le retour des Juifs déportés à Babylone sur la terre de leurs pères, la reconstruction du Temple de Jérusalem et la restitution de tous les objets de valeur pillés par le roi Nabuchodonosor. «Puissent tous les dieux que j’ai réinstallés dans leurs cités saintes, demander chaque jour pour moi longue vie», écrira Cyrus dans l’un de ses «cylindres»). Un propos qui prolonge sa décision: «… Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le SEIGNEUR, le Dieu du ciel,  m'a donné tous les royaumes de la terre ;  et il m'a chargé de lui bâtir un temple  à Jérusalem, en Judée. Tous ceux d'entre vous qui font partie de son peuple,  que le SEIGNEUR leur Dieu soit avec eux, et qu'ils montent à Jérusalem !». Ceci vient en écho de la prophétie de Jérémie par laquelle ce denier avertissait son peuple sur les malheurs qui s’abattraient sur lui avec la souillure et la destruction du Temple, puis sa reconstruction.
Ce texte est, parmi tant d’autres, un exemple de la présence de Dieu de miséricorde qui tend la main à son peuple quelles que soient ses infidélités. Le psalmiste ne s’y trompe pas lorsqu’il rend grâce à Celui qui sait tout ; non pas pour s’en effrayer comme Job, mais pour se sentir aimé et protégé de vivre sous le regard de Dieu: «Yahvé, tu me sondes et me connais ; que je me lève ou m’assoie, tu le sais, tu perces de loin mes pensées ; que je marche ou me couche, tu le sens, mes voies te sont toutes familières». [Ps 139 (138), 1-3].


Première Lecture - 2 Chroniques 36, 14-16. 19-23
Sous le règne de Sédécias,
14 tous les chefs des prêtres et le peuple
multipliaient les infidélités,
en imitant toutes les pratiques sacrilèges des nations païennes,
et ils profanaient le temple de Jérusalem consacré par le SEIGNEUR.
15 Le Dieu de leurs pères,
sans attendre et sans se lasser,
leur envoyait des messagers,
car il avait pitié de sa Demeure et de son peuple.
16 Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu,
méprisaient ses paroles,
et se moquaient de ses prophètes ;
finalement, il n'y eut plus de remède
à la colère grandissante du SEIGNEUR contre son peuple.
19 Les Babyloniens brûlèrent le temple de Dieu,
abattirent les murailles de Jérusalem,
incendièrent et détruisirent ses palais,
avec tous leurs objets précieux.
20 Nabuchodonosor déporta à Babylone
ceux qui avaient échappé au massacre ;
ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils
jusqu'au temps de la domination des Perses.
21 Ainsi s'accomplit la parole du SEIGNEUR
proclamée par Jérémie :
« La terre sera dévastée et elle se reposera
durant soixante-dix ans,
jusqu'à ce qu'elle ait compensé par ce repos
tous les sabbats profanés. »
22 Or, la première année de Cyrus, roi de Perse,
pour que soit accomplie la parole proclamée par Jérémie,
le SEIGNEUR inspira Cyrus, roi de Perse.
Et celui-ci fit publier dans tout son royaume,
- et même consigner par écrit- :
23 « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse :
Le SEIGNEUR, le Dieu du ciel,
m'a donné tous les royaumes de la terre ;
et il m'a chargé de lui bâtir un temple
à Jérusalem, en Judée.
Tous ceux d'entre vous qui font partie de son peuple,
que le SEIGNEUR leur Dieu soit avec eux,
et qu'ils montent à Jérusalem ! »
 
Le Psaume 136 (137), appelé aussi « Ballade de l’exilé » évoque justement le souvenir de la chute de Jérusalem en 587 et la destruction du Temple, et de l’exil d’une partie du peuple juif à Babylone. Isaïe s’en souviendra lorsqu’il écrira : « Le vin est en deuil, la vigne languit, tous les cœurs joyeux gémissent. La joie des tambourins a cessé, le bruit des plaisirs est fini ; le son des cithares a cessé. On ne boit plus de vin en chantant, les boissons fortes sont amères aux ivrognes » (Is 24, 7-9).
Mais il faut noter que tout le psaume est écrit au passé, c’est-à-dire qu’il évoque une situation douloureuse à laquelle tout le peuple des exilés avait été confrontée. Brutalité et cynisme sont quelques qualificatifs de l’attitude des dominateurs qui ont exigé aux juifs de chanter des chants de louange en terre étrangère et à la gloire de dieux païens. Véritable chant de deuil et de pénitence à la fois, à la date anniversaire de cet exil. Profession d’espérance de tout un peuple qui sait que son Dieu, plein de miséricorde, ne peut jamais les abandonner et détourner sa face. L’espérance, c’est celle de repartir en Terre promise et de rebâtir le Temple du SEIGNEUR sur les hauteurs de Sion, de Jérusalem la belle et grande ville solidement plantée sur les hauteurs. Le prophète disait : « Jérusalem, oublie tes larmes, et vous tous qui l’aimez, consolez-vous dans sa tendresse ». Les larmes qui coulent à l’instar des eaux des fleuves de Babylone sont des larmes de remords aussi face aux propres infidélités du peuple juif. Mais le SEIGNEUR appelle tout le peuple des rachetés à partager le festin qu’il offre à tous. Jérusalem est le lieu du rassemblement de tous les peuples : « Le SEIGNEUR, le tout-puissant va donner, sur cette montagne, un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux, de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés… » (Is 25, 6-12). Oui, une invite à partager ce festin messianique qui rassasie, délivre, épanouit et sanctifie…


Psaume - 136 (137), 1 - 6
1 Au bord des fleuves de Babylone
nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion ;
2 aux saules des alentours
nous avions pendu nos harpes.

3 C'est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons,
et nos bourreaux, des airs joyeux :
« Chantez-nous, disaient-ils,
quelque chant de Sion. »

4 Comment chanterions-nous
un chant du SEIGNEUR
sur une terre étrangère ?
5 Si je t'oublie, Jérusalem,
que ma main droite m'oublie !

6 Je veux que ma langue
s'attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
si je n'élève Jérusalem,
au sommet de ma joie.

L’extrait de cette deuxième épître de saint Paul aux Éphésiens parle de la gratuité du salut dans le Christ, gratuité pour tous, juifs et païens. Ici également, l’apôtre parle au passé pour tout ce qui nous rendait captifs : le péché. De même, il parle au passé de la résurrection du Christ et du triomphe céleste comme des réalités déjà acquises et établies comme des piliers de notre foi et de notre espérance. Nous sommes donc sauvés non pas par le mérite de nos actes mais par pure grâce : le salut est don de Dieu. Comme il s’est donné lui-même en holocauste vivante pour le salut de tous les hommes, tel il se donne comme espérance et richesse vivantes. La richesse de sa bonté, le SEIGNEUR l’a promise au juste, ainsi que l’a chanté le psalmiste : « Et mon âme vivra pour lui, ma race le servira ; on annoncera le SEIGNEUR aux âges à venir, sa justice aux peuples à naître. Telle est son œuvre » (Ps 22, 31-32).


Deuxième Lecture - Éphésiens 2, 4 - 10
Frères,
4 Dieu est riche en miséricorde ;
à cause du grand amour dont il nous a aimés,
5 nous qui étions des morts par suite de nos fautes,
il nous a fait revivre avec le Christ :
c'est bien par grâce que vous êtes sauvés.
6 Avec lui, il nous a ressuscités ;
avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus.
Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus,
7 il voulait montrer, au long des âges futurs,
la richesse infinie de sa grâce.
8 C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés,
à cause de votre foi.
Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.
9 Cela ne vient pas de vos actes, il n'y a pas à en tirer orgueil.
C'est Dieu qui nous a faits,
10 il nous a créés en Jésus Christ,
pour que nos actes soient vraiment bons,
conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous
et que nous devons suivre.

«Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus, il (Dieu) voulait montrer, au long des âges futurs, la richesse de sa grâce». A l’image du peuple juif errant et souffrant dans le désert, à l’image des exilés pleurant sur les rives des fleuves de Babylone, le Christ, Serviteur souffrant prospérera, s’élèvera et grandira… Alors que des multitudes avaient été épouvantés à sa vue, tant son aspect était défiguré, il n’avait d’apparence humaine, de même des multitudes de nations s’en étonneront… (Is 52, 12-15). Le prophète continuait: «S’il offre sa vie en expiation, il verra une postérité, il prolongera ses jours et ce qui plaît à Yahvé s’accomplira par lui. Après les épreuves de son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par ses souffrances mon Serviteur justifiera des multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes.» (Is 53, 10-11). Oui, telle est la richesse de la gratuité de la grâce du SEIGNEUR. Telle est la folie de l’amour en Christ, cet amour par lequel il nous ramène sans cesse à lui pour faire de nous des hommes nouveaux et libres.

Dans l’extrait de l’Évangile de Jean (3, 14-21), le don absolu de Dieu s’est manifesté à travers son Fils unique qu’il a envoyé au milieu des hommes, vivre la condition humaine et rassembler tous les hommes en un seul corps pour la perfection en son royaume. Dans le désert, à cause de leur rébellion contre Dieu, celui-ci envoya des serpents brûlants dont la morsure fit périr beaucoup de monde en Israël (Nb 21, 6). Mais Dieu ne demeura pas sourd à leur repentir ; il ordonna à Moïse: «Façonne-toi un Brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie» (id. 8). En effet, ceux qui avaient été mordus par des serpents et qui étaient condamnés à mourir revivaient lorsqu’ils fixaient leur regard sur le serpent d’airain que Moïse avait fait dresser. Avec le Christ, ce sera une croix qui sera dressée sur le Golgotha ; désormais, pour être sauvé, tout homme devra regarder le Christ élevé sur cette croix, c’est-à-dire croire qu’il est le fils unique de Dieu. Qui croit en Christ ne périra plus, il aura la vie éternelle. Jean racontera la passion du Christ et mentionnera: «Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé» (Jn 19, 37) ; en réalité, il cite là une phrase de Zacharie qui déjà décrivait le salut que Jésus nous apporte: «Ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur l'habitant de Jérusalem, un esprit de bonne volonté et de supplication. Alors ils regarderont vers moi, celui qu'ils ont transpercé» (Za 12, 10). Alors, le salut c’est de croire que Christ est le Fils unique de Dieu, qu’il est la lumière du monde et que par sa mort et sa résurrection il nous «…a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.» (Jn 1, 9-12).
 

Évangile - Jean 3, 14 - 21
14 De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé,
15 afin que tout homme qui croit
obtienne par lui la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le monde
qu'il a donné son Fils unique :
ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas,
mais il obtiendra la vie éternelle.
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
18 Celui qui croit en lui échappe au jugement,
celui qui ne veut pas croire est déjà jugé,
parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
19 Et le jugement, le voici :
quand la lumière est venue dans le monde,
les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
20 En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière :
il ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ;
21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière,
afin que ses œuvres soient reconnues
comme des œuvres de Dieu.
 

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