Chers amis, bonjour !
En ce troisième Dimanche de
Carême, la liturgie nous propose de méditer sur les textes suivants :
• Première lecture Exode
(20, 1-17)
• Psaume 18 (19), 8-11
• Deuxième lecture Première Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1, 22-25)
• Évangile Jean (2, 13-25)
• Psaume 18 (19), 8-11
• Deuxième lecture Première Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1, 22-25)
• Évangile Jean (2, 13-25)
• Première lecture Exode (20, 1-17)
Sur le Sinaï,
1 Dieu prononça toutes les paroles que voici :
2 « Je suis le SEIGNEUR ton Dieu,
qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage.
3 Tu n'auras pas d'autres dieux que moi.
4 Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux,
ou en-bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
5 Tu ne te prosterneras pas devant ces images,
pour leur rendre un culte.
Car moi, le SEIGNEUR ton Dieu, je suis un Dieu jaloux :
chez ceux qui me haïssent,
je punis la faute des pères sur les fils,
jusqu'à la troisième et la quatrième génération ;
6 mais ceux qui m'aiment et observent mes commandements,
je leur garde ma fidélité jusqu'à la millième génération.
7 Tu n'invoqueras pas le nom du SEIGNEUR ton Dieu pour le mal,
car le SEIGNEUR ne laissera pas impuni
celui qui invoque son nom
pour le mal.
8 Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré.
9 Pendant six jours tu travailleras
et tu feras tout ton ouvrage ;
10 Mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l'honneur du SEIGNEUR ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes,
ni l'immigré qui réside dans ta ville.
11 Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel,
la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent,
mais il s'est reposé le septième jour.
C'est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat
et l'a consacré.
12 Honore ton père et ta mère, afin d'avoir longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu.
13 Tu ne commettras pas de meurtre.
14 Tu ne commettras pas d'adultère.
15 Tu ne commettras pas de vol.
16 Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ;
tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain,
ni son serviteur, ni sa servante,
ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »
1 Dieu prononça toutes les paroles que voici :
2 « Je suis le SEIGNEUR ton Dieu,
qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage.
3 Tu n'auras pas d'autres dieux que moi.
4 Tu ne feras aucune idole,
aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux,
ou en-bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
5 Tu ne te prosterneras pas devant ces images,
pour leur rendre un culte.
Car moi, le SEIGNEUR ton Dieu, je suis un Dieu jaloux :
chez ceux qui me haïssent,
je punis la faute des pères sur les fils,
jusqu'à la troisième et la quatrième génération ;
6 mais ceux qui m'aiment et observent mes commandements,
je leur garde ma fidélité jusqu'à la millième génération.
7 Tu n'invoqueras pas le nom du SEIGNEUR ton Dieu pour le mal,
car le SEIGNEUR ne laissera pas impuni
celui qui invoque son nom
pour le mal.
8 Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré.
9 Pendant six jours tu travailleras
et tu feras tout ton ouvrage ;
10 Mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l'honneur du SEIGNEUR ton Dieu :
tu ne feras aucun ouvrage,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille,
ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes,
ni l'immigré qui réside dans ta ville.
11 Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel,
la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent,
mais il s'est reposé le septième jour.
C'est pourquoi le SEIGNEUR a béni le jour du sabbat
et l'a consacré.
12 Honore ton père et ta mère, afin d'avoir longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu.
13 Tu ne commettras pas de meurtre.
14 Tu ne commettras pas d'adultère.
15 Tu ne commettras pas de vol.
16 Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ;
tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain,
ni son serviteur, ni sa servante,
ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »
Ce texte que l’on appelle le Décalogue (ou les Dix Paroles) nous a
été conservé sous deux formes concise (dite sacerdotale) et développée (dite
deutéronomique, dont Saint Augustin a organisé la structuration en deux
divisions. C’est celle-là qui a été adoptée par l’Église— voir Dt 5, 6-21). Il s’agit ici de ce qui constitue la base, le fondement sur
lequel s’organise la vie religieuse et morale du Peuple choisi. Le Décalogue
est le cœur même de la Loi mosaïque que le Christ rappellera la valeur dans le
cadre de la Nouvelle Loi en l’enrichissant des «conseils évangéliques» (Matthieu,
au chapitre 10, 17-21, présente les recommandations de Jésus à ses
disciples, un ensemble qui constituera en quelque sorte le « bréviaire du
missionnaire »).
Nous n’allons pas commenter les dix commandements, et nous nous en
tiendrons donc à quelques-uns. Tout d’abord le premier d’entre eux, celui qui
raisonne à l’évocation du shema
Israël (Écoute, Israël) : «Tu
n’auras pas d’autres dieux que moi». Dans le Deutéronome, cela est plus
explicite encore et c’est la forme retenue et gravée dans la tradition
juive : «Écoute, Israël : Yahvé
notre Dieu est le seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout
ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te
dicte aujourd’hui restent gravées dans ton cœur ! Tu les répéteras à tes fils,
tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route,
couché aussi bien que debout ; tu les attacheras à ta main comme un signe,
sur ton front comme un bandeau ; tu les écriras sur les poteaux de ta
maison et sur tes portes.» (Dt 6, 4-9). Sans aucun doute, il
s’agit ici d’un commandement à double lecture : affirmation du monothéisme
en Israël où Yahvé est présent — donc pas d’autres dieux devant sa face —,
affirmation de la présence immédiate, sans intermédiaire de Dieu dans son peuple.
Nous savons que plus tard Jésus nous apprendra cette prière du Notre Père pour
celui qui veut parler à Dieu. La seconde prescription découle logiquement du
premier : pas d’idolâtrie, cette tare d’un peuple impatient et infidèle.
« Ne vous tournez pas vers les idoles et ne vous faites pas fondre des
dieux de métal. Je suis Yahvé votre Dieu » (Lv 19, 4).
Dans
Matthieu 22, 37, Jésus citera Dt 6, 5 pour donner le plus grand
commandement, à savoir l’amour de Dieu qui crainte filiale et non pas servile.
Mais le second, dira-t-il, qui lui ressemble est : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (id). Et il précise :
«A ces deux commandements se rattachent
toute la Loi, ainsi que les Prophètes» (id). Si donc les premiers
commandements concernent la relation de l’homme au Dieu unique, les suivants portent sur les relations à autrui. Ce double
bordage vertical et horizontal à travers ces dix Paroles manifeste en réalité
l’amour de Dieu pour son peuple et pour chacun de ses enfants ; il veut
nous éviter de nous égarer, de suivre le mauvais chemin, celui du Mal. Car la
récompense du SEIGNEUR est immense pour qui se nourrit et agit selon sa
Loi : «… ceux qui m'aiment et observent mes commandements, je
leur garde ma fidélité jusqu'à la millième génération». Le monde de
Dieu ne se construit pas sans l’homme et avec des pierres… le nouveau monde de
Dieu se construit avec et dans le cœur de l’homme. C’est pourquoi Jean le
Baptiste puis Jésus lui-même se sont attachés à appeler
les peuples à la conversion : «Convertissez-vous,
car le Royaume de Dieu est proche». Un cœur nouveau… telle est la prophétie
d’Ézéchiel (Ez 11, 19-21) : «Je leur donnerai un même cœur. Et je mettrai en vous un esprit
nouveau; J’ôterai de leur chair le cœur de pierre et Je leur donnerai un cœur de
chair, afin qu’ils suivent mes prescriptions et qu’ils observent et pratiquent
mes ordonnances; Ils seront mon peuple et Je serai leur Dieu. Mais pour ceux
qui dont le cœur se plait à leurs abominations et leurs horreurs, je
ferai retomber leurs œuvres sur leur têtes, -- Oracle du Seigneur, l’Éternel», de
Jérémie (Jr 9, 24-25) : «J’interviendrai contre tous les circoncis
qui ne le sont pas vraiment….Car toutes les nations sont incirconcises, et
toute la maison d’Israël est incirconcise de cœur». La Loi qu’annonce Jésus
est celle de la Nouvelle Alliance, celle de l’Amour infini de Dieu envers toute
l’humanité et qui nous justifie désormais par la foi. Paul s’en fera le chantre
inépuisable dans la Lettre aux Galates
(3, 24) et celle aux Hébreux (8,
6-10) : «Mais maintenant, Christ a
obtenu un ministère d’autant supérieur qu’il est médiateur d’une alliance
meilleure, fondée sur des meilleures promesses. Si, en effet, la première
alliance avait été irréprochable, il n’y aurait pas lieu d’en chercher une
seconde. C’est sous formes de reproche que Dieu dit : voici que les jours
viennent, dit le Seigneur, où je conclurai une alliance nouvelle avec la maison
d’Israël, et la maison de Juda. Ce ne sera pas comme l’alliance que j’ai
traitée avec leurs pères… Or voici l’alliance que j’établirai avec la maison
d’Israël, après ces jours là, dit le Seigneur; je mettrai mes lois dans leur
intelligence, Je les inscrirai dans leur cœur…».
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• Psaume 18 (19),
8-11
La loi du SEIGNEUR est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du SEIGNEUR est sûre,
qui rend sages les simples.
9 Les préceptes du SEIGNEUR sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du SEIGNEUR est limpide,
il clarifie le regard.
10 La crainte qu'il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du SEIGNEUR sont justes
et vraiment équitables :
11 plus désirables que l'or,
qu'une masse d'or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.
qui redonne vie ;
la charte du SEIGNEUR est sûre,
qui rend sages les simples.
9 Les préceptes du SEIGNEUR sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du SEIGNEUR est limpide,
il clarifie le regard.
10 La crainte qu'il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du SEIGNEUR sont justes
et vraiment équitables :
11 plus désirables que l'or,
qu'une masse d'or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.
Ce psaume de confiance fait écho à l’extrait du Décalogue
ci-dessus ; il est un véritable hymne du Dieu créateur du ciel et de la
terre, spécialement du soleil… mais aussi du Dieu créateur de la Loi. Nature et
loi étant les marques de la perfection divine. Dans l’ancien Orient, le Soleil est le symbole de la
justice. C’est pourquoi la liturgie de Noël applique ce symbole au Verbe de
Dieu. Le Messie de Dieu est Soleil de justice.
Logiquement
composé de deux parties distinctes. La première (versets 2 à 7) célèbre la
gloire de Dieu dans le firmament de sa gloire ; la seconde (versets 8 à
15) qui fait l’éloge de la loi et de la lumière de Dieu révélée en sa Parole.
Une Parole dont la clarté est plus étincelante que celle du Soleil. Le
commandement de Dieu est droit, pur et sa parole est permanente (au sens où son
contenu est inaltérable). Elle est riche comme l’or et douce comme le miel.
L’homme qui respecte la Loi du Seigneur s’humilie et, de ce fait même, est
récompensé de sa démarche par la justice de Celui qui est son rocher et son
rédempteur.
Ce
psaume peut être mis en miroir avec le psaume 119 (118), un psaume alphabétique
dans lequel le psalmiste fait l’éloge de la loi divine en la différemment
nommée : volonté, précepte, commandement, parole, témoignage, promesse,
jugement, voie, chemin, route… autrement dit « enseignement révélé » tel qu’il a été transmis pas les
prophètes.
« Heureux, impeccables en leur
voie, | ceux qui marchent dans la loi de Yahvé. | Heureux, gardant son
témoignage, | ceux qui le cherchent de tout cœur, | et qui, sans commettre de
mal, | marchent dans ses voies » (Ps 119, 1-3).
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• Deuxième
lecture : Première Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1, 22-25)
Frères,
22 alors que les Juifs réclament les signes du Messie,
et que le monde grec recherche une sagesse,
23 nous, nous proclamons un Messie crucifié,
scandale pour les Juifs,
folie pour les peuples païens.
24 Mais pour ceux que Dieu appelle,
qu'ils soient Juifs ou Grecs,
ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
25 Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme,
et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme.
22 alors que les Juifs réclament les signes du Messie,
et que le monde grec recherche une sagesse,
23 nous, nous proclamons un Messie crucifié,
scandale pour les Juifs,
folie pour les peuples païens.
24 Mais pour ceux que Dieu appelle,
qu'ils soient Juifs ou Grecs,
ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
25 Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme,
et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme.
Sagesse
du monde ou sagesse chrétienne, Paul recentre l’enjeu de la foi pour le
chrétien. En effet, nous savons que le monde grec s’est illustré par la
richesse et la diversité d’une pensée philosophique qui a irrigué
principalement la civilisation occidentale et orientale. Un essor qui a été
facilité par l’hégémonie politique et militaire de la puissance hellénique de l’époque. Une Raison dont les
Grecs pensaient qu’elle était le principe actif de l’univers. Mais une Raison
qui était elle-même nourrie par d’innombrables divinités cosmogoniques. Car
dans sa soif de s’expliquer les origines et la finalité du monde, la Raison
philosophique cédait le pas à la mythologie. Et bien entendu la rencontre de
cette culture grecque avec l’Évangile de Jésus-Christ en réinterroge les
fondements. Voici qu’est révélé aux Grecs ce Jésus qui est venu vivre notre
humanité, prendre sur lui tous les péchés des hommes et, par sa mort et sa
résurrection, nous dire l’espérance du salut dans son royaume de gloire.
De
leur côté, les Juifs — dont on peut penser qu’ils sont en proximité culturelle
et spirituelle avec le message du Christ — demandent des signes visibles du
Messie. Car ils sont en retard sur les événements qui se (se sont déroulés) et
qui continuent d’irradier le monde sous leurs yeux. Les Juifs attendent des
signes d’un pouvoir politique qui les libère de la domination romaine. Or
l’Évangile annoncé par les Apôtres est une autre sagesse : celle-ci
procède d’un langage nouveau, le langage de la croix du Christ, véritable signe
de la puissance de Dieu.
Paul
proclame que l’Évangile du Christ fait appel non pas à la pure intelligence ni
à la sagesse ordinaire mais à la folie de l’amour et du cœur. Isaïe l’avait
déjà prophétisé en son temps : «Yahvé
a dit : Parce que ce peuple ne m’approche qu’en paroles, qu’il ne me
glorifie que des lèvres, tandis que son cœur reste loin de moi, et que sa
religion envers moi n’est que commandements humains, leçons apprises ! Eh
bien ! Je vais continuer à lui prodiguer mes prodigieux prodiges. La
sagesse de ses sages tournera court, l’intelligence de ses intelligences
s’éclipsera», tel est l’oracle du Seigneur Dieu contre le culte hypocrite.
Oui,
Juifs et Grecs font comme s’il ne s’était rien passé d’extraordinaire, ils
semblent ignorer ou tout au moins minimiser le fait majeur qui s’est produit à
Jérusalem : la mort et la résurrection du Christ. Devant l’Aréopage, Paul
était profondément choqué de lire sur certains monuments d’Athènes
l’inscription : AU DIEU INCONNU. La connaissance de Dieu, telle est la
mission qu’il s’assigne : «Ce que
vous adorez sans le connaître, je viens, moi, vous l’annoncer» (Ac 17, 23). Car dans la propagande
du judaïsme hellénistique, les païens ne connaissent pas Dieu puisqu’ils
adorent des idoles et dédient leurs autels « aux dieux inconnus ».
Paul donne un contenu inédit à leurs dédicaces en leur annonçant la Bonne
Nouvelle du Christ ressuscité. Ce Christ qui, dans l’annonce de sa
glorification par sa mort (il y avait des Grecs dans la foule) : «J’attirerai tous les hommes à moi» (Jn 12, 32). Élevé sur la croix,
Jésus apparaîtra comme le Sauveur du monde. Telle est la réponse qu’il fait aux
Grecs pieux qui cherchent à le voir. Et, par la même occasion, il exhorte les
Juifs à croire en lui avant qu’il soit trop tard. Mais hélas ! Même après
sa mort, il s’en trouve toujours qui doutent. Alors résonnent encore les
paroles du prophète Isaïe, rappelés par Jésus en personne : «Il a rendu leurs yeux aveugles, il a
endurci leurs cœurs ; pour que leurs yeux ne voient pas, que leur cœur ne
comprenne pas, qu’ils ne se convertissent pas et que je ne les guérisse pas» (Jn 12, 40). Il n’est pas anodin que Jésus prononce ces paroles avant le
dernier repas qu’il partagera avec ses disciples… avant sa passion : «Qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il
croit mais en celui qui m’a envoyé, et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé.»
(Jn
12, 44)
Le
Christ nous a ouvert de nouveaux horizons, il nous invite à partager sa folie,
celle de la puissance de la croix. Avec sa résurrection, le monde et l’homme ne
sont plus couchés, ils sont redressés, debout pour aller annoncer les fameuses
Dix Paroles (Décalogue) synthétisées désormais en Une seule Parole, à savoir
son Évangile d’AMOUR. Ce secret-là, il a été révélé aux petits, aux faibles,
aux humbles de cœur, aux captifs, aux affligés… ce secret-là, c’est celui de la
délivrance du péché, de la joie et de l’espérance. C’est le sens profond
de la mission pour laquelle il
rend grâce à son Père : «Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre,
d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux
tout-petits» (Mt 11, 25).
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• Évangile de Jésus christ selon
saint Jean (2, 13-25)
Comme la Pâque des Juifs approchait,
Jésus monta à Jérusalem.
14 Il trouva installés dans le Temple
les marchands de bœufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.
15 Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs,
il jeta par terre la monnaie des changeurs,
renversa leurs comptoirs,
16 et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d'ici.
Ne faites pas de la maison de mon Père
une maison de trafic. »
17 Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Ecriture :
L'amour de ta maison fera mon tourment.
18 Les Juifs l'interpellèrent :
« Quel signe peux-tu nous donner
pour justifier ce que tu fais là ? »
19 Jésus leur répondit :
« Détruisez ce Temple,
et en trois jours je le relèverai ! »
20 Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple,
et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
21 Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.
22 Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ;
ils crurent aux prophéties de l'Ecriture
et à la parole que Jésus avait dite.
23 Pendant qu'il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque,
beaucoup crurent en lui,
à la vue des signes qu'il accomplissait.
24 Mais Jésus n'avait pas confiance en eux,
parce qu'il les connaissait tous
25 et n'avait besoin d'aucun témoignage sur l'homme :
il connaissait par lui-même ce qu'il y a dans l'homme.
Jésus monta à Jérusalem.
14 Il trouva installés dans le Temple
les marchands de bœufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.
15 Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs,
il jeta par terre la monnaie des changeurs,
renversa leurs comptoirs,
16 et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d'ici.
Ne faites pas de la maison de mon Père
une maison de trafic. »
17 Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Ecriture :
L'amour de ta maison fera mon tourment.
18 Les Juifs l'interpellèrent :
« Quel signe peux-tu nous donner
pour justifier ce que tu fais là ? »
19 Jésus leur répondit :
« Détruisez ce Temple,
et en trois jours je le relèverai ! »
20 Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple,
et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
21 Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.
22 Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ;
ils crurent aux prophéties de l'Ecriture
et à la parole que Jésus avait dite.
23 Pendant qu'il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque,
beaucoup crurent en lui,
à la vue des signes qu'il accomplissait.
24 Mais Jésus n'avait pas confiance en eux,
parce qu'il les connaissait tous
25 et n'avait besoin d'aucun témoignage sur l'homme :
il connaissait par lui-même ce qu'il y a dans l'homme.
Ce
merveilleux texte de la prophétie du Temple relevé en trois jours nous fait
entrer dans le style johannique dont les mots ont toujours un double sens qui
donne à Jésus l’occasion de développer sa pensée. Ainsi, derrière des mots
simples en apparence, il nous est demandé de rechercher un autre sens caché,
surnaturel. Et les exemples sont nombreux : Temple, servitude,
renaissance, pain vivant, eau vive, partir, réveiller, élever, laver, se
manifester, etc.
Jean
situe cette scène après le premier miracle de Jésus, la transformation de l’eau
en vin aux noces de Cana. Autrement dit, relativement tôt dans son ministère.
On parle de purification car le Temple de Jérusalem, c’est bien le lieu où
réside le SEIGNEUR. Le geste de purification du Temple par Jésus en chassant
les marchands n’est pas qu’un signe d’autorité par lequel il proclame sa
filiation directe à Dieu («Otez cela
d’ici. Ne faites plus de la maison de mon Père une maison de commerce »).
D’ailleurs, les Juifs ne tardent pas à le lui faire savoir : «Quel signe nous montres-tu pour agir
ainsi ?». Et la réponse de Jésus n’en est pas moins cinglante : «Détruisez ce sanctuaire : en trois
jours je le relèverai». Mais ils ne comprennent pas encore le véritable
sens de son propos. Jésus annonce l’actualité des temps messianiques qui sont
ceux de la purification et de la sacralisation de toutes choses en pays
d’Israël. Le Messie de Dieu rappelle ainsi la prophétie d’Ézéchiel et celle de
Zacharie. En effet, nous savons que Ezéchiel est un prêtre ; le
Temple est donc sa préoccupation majeure, qu’il s’agisse du Temple de Jérusalem
souillé par des rites impurs que du Temple futur qu’il décrit si minutieusement
les plans de reconstruction (Ez 40 à 44),
ce Temple où il voit, en même temps que les péchés de Jérusalem, revenir Dieu
dans sa grandeur: «… Et il me dit :
As-tu vu, fils d’homme ? N’est-ce pas assez pour la maison de Juda de se
livrer aux pratiques abominables auxquelles ils se livrent ici ?» (Ez 8, 17). Mais aussi la prophétie
de Zacharie : «En ce jour, il y aura
sur les clochettes des chevaux : “Sainte propriété de Yahvé“, et dans
le Temple de Yahvé les marmites seront comme les coupes d’aspersion devant
l’autel. Et toute marmite, à Jérusalem et en Juda, deviendra une sainte
propriété de Yahvé Sabaot ; tous ceux qui veulent offrir un sacrifice
viendront en prendre et s’en serviront pour cuisine ; et il n’y aura plus
de marchands dans le Temple de Yahvé Sabaot, en ce jour-là » (Za, 14, 20-21).
Mais
l’autre temple dont parle Jésus n’est autre que son propre corps qui sera
brutalisé par le pouvoir politique romain et l’incompréhension du peuple juif.
Oui, Yahvé qui, par la voix de son Ange, avait arrêté la main d’Abraham alors
qu’il allait sacrifier son propre fils en obéissant à l’ordre de son Dieu,
Yahvé laissera la main barbare des bourreaux romains transpercer d’une lance le
corps de son Fils… pour le magnifier davantage par sa spectaculaire
résurrection le troisième jour après sa mort et sa mise au tombeau.
Sacrilège
donc pour les membres du sanhédrin que d’entendre Jésus se présenter à eux
comme le Fils de Dieu. Et le faux témoignage contre lui se résumera dans ces
mots : «Cet homme a dit :
Je puis détruire le Temple de Dieu et le rebâtir en trois jours» (Mt 26, 61). Ce que tout le monde n’a pas compris, c’est que Jésus annonce
ainsi la destruction du Temple et du culte juif qu’il symbolise… un monde
ancien auquel il substitue un Temple nouveau, son propre corps ressuscité après
trois jours et, ultérieurement, l’Eglise vivante qui le manifeste et le
perpétue.
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