22/02/2008

3ème dimanche de Carême : sous le signe de l'eau et du don !

Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. »
(extr. Jn 4, 10)


Chers amis,
Sur notre route vers Pâques, trois textes aujourd'hui nous sont proposés en méditation qui portent sur la symbolique de l'eau et la force capitale du don.
Le premier est tiré du Livre de l'Exode (Ex. 17, 3-7). Sous la chaleur du désert à Réphidim, les enfants d'Israël s'emportent contre Moïse : ils ont soif et il n'y a point d'eau. Moïse parle à Dieu qui lui ordonne : "...Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira ! ". Et c'est qu'il advint. Dans cet épisode, Dieu est mis au défi de prouver sa toute puissance et Il le montre. La foi des enfants d'Israël est chancelante, mais réconfortée a posteriori, au vu du miracle. Dieu, c'est le Rocher qui sauve (Ps. 94). Dieu est source de toute bonté, Il est d'abord Amour.

Notons que Moïse donna au lieu précis du jaillissement de l'eau le nom de massa (qui signifie en hébreu "défi"; en lari, kituba ou lingala- des dialectes du Congo - ce mot résonne comme mamba, masa ou mayi i.e. eau)

Dans sa Lettre aux Romains (Rm 5, 1-2.5-8) au contraire, Saint Paul apôtre insiste sur la gratuité du don de Dieu aux hommes en dépit de leur vie pécheresse : "… notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné, par la foi, l'accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c'est d'espérer avoir part à la gloire de Dieu" (2).

L'Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 4, 5-42) relate la rencontre de Jésus avec la samaritaine autour d'un puits. Ici également, il est question d'eau et de don. Mais alors que d'habitude c'est l'homme qui demande à Dieu, c'est le contraire qui se produit : "donne-moi à boire" (7), dit-il... et la femme de s'étonner de la requête d'un homme qu'elle ne connaît pas, d'un étranger. Jésus lui répond : " Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive... " (10). Puis Il ajoute, "Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle"(13-14). Et devant la foi réactive de cette femme, devant la puissance de son attente, Jésus se révèle comme le Messie dont la nourriture est de "faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre". Hors de la Montagne et de Jérusalem, Jésus manifeste son universalité.

Quant aux apôtres, l'essentiel a déjà été dit lorsqu'ils rentrent des courses. Mais ils comprennent qu'ils ne sont plus les seuls à moissonner ce que leur Maître va semer dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Jésus ne leur révèle pas encore l'ampleur de la moisson à récolter ni celle de la mission à accomplir. Mais chacun, y compris la samaritaine, doit désormais, à son rythme et selon ses propres dispositions, cheminer vers cette connaissance de Dieu Amour, vers cette reconnaissance du don de Dieu comme source de vie.

Cet échange entre Jésus et la samaritaine est un véritable bouquet. Dieu se montre, Dieu se propose, Dieu s'incruste, Dieu dérange, Dieu laisse du temps pour la maturation, Dieu s'offre, Dieu se donne enfin. De la manifestation extraordinaire et presque "externalisée" de sa puissance dans le désert, Il est devenu un Dieu qui appelle de l'intérieur, un Dieu qui parle au coeur des hommes. Mais en même temps un Dieu qui convie les hommes à participer activement à l'œuvre de son Père, non seulement en moissonnant, mais aussi en semant. Et cette eau, symbole de l'Esprit, dont Il est la source même qui donne vie à la semence, il nous la donne en abondance dan son amour intarissable.

Mais nous, qu'avons-nous fait de cette eau dans laquelle nous avons été lavés lors de notre baptême? Irrigue-t-elle notre vie chrétienne de tous les jours? S'assèche-t-elle dans le désert de nos cœurs ou au contraire en déborde-t-elle pour faire germer en nos frères la semence de l'amour divin? L'image est si belle de considérer que Jésus dans ma vie est cette eau vivifiante que je dois, à chaque instant et autant que faire se peut, rechercher, recueillir, partager et bien "gérer" pour une spiritualité durable et vraie... avec son aide et sa grâce.


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