Dimanche 14 octobre
28e dimanche du temps
ordinaire
Chers amis, bonjour !
Il
faut relire le Livre des Rois pour bien comprendre l'expérience de Salomon
dans ce qu'elle sert d'exemple de confiance et d'humilité de l'homme devant
Dieu. Salomon prie et demande à la Sagesse l'intelligence des choses de la vie,
y compris dans l'exercice du pouvoir (puisqu'il est appelé à monter sur le
trône). A contrario, le jeune homme riche croit se suffire à lui-même dans ce
qu'il pense être son observance parfaite de la loi de Moïse. Pourtant, Jésus
est bien plus exigeant encore qui pose comme condition nécessaire pour le
suivre le détachement des richesses matérielles et le service de sa Parole à
travers l'amour de ses frères dans la liberté totale.
(Les trésors de la Sagesse)
7 J'ai prié,
et l'intelligence m'a été donnée.
J'ai supplié,
et l'esprit de la Sagesse est venu en moi.
8 Je l'ai préférée aux trônes et aux sceptres ;
à côté d'elle, j'ai tenu pour rien la richesse ;
9 je ne l'ai pas mise en comparaison
avec les pierres précieuses ;
tout l'or du monde auprès d'elle n'est qu'un peu de sable,
et, en face d'elle, l'argent sera regardé comme de la boue.
10 Je l'ai aimée plus que la santé et que la beauté ;
je l'ai choisie de préférence à la lumière,
parce que sa clarté ne s'éteint pas.
11 Tous les biens me sont venus avec elle,
et par ses mains une richesse incalculable.
et l'intelligence m'a été donnée.
J'ai supplié,
et l'esprit de la Sagesse est venu en moi.
8 Je l'ai préférée aux trônes et aux sceptres ;
à côté d'elle, j'ai tenu pour rien la richesse ;
9 je ne l'ai pas mise en comparaison
avec les pierres précieuses ;
tout l'or du monde auprès d'elle n'est qu'un peu de sable,
et, en face d'elle, l'argent sera regardé comme de la boue.
10 Je l'ai aimée plus que la santé et que la beauté ;
je l'ai choisie de préférence à la lumière,
parce que sa clarté ne s'éteint pas.
11 Tous les biens me sont venus avec elle,
et par ses mains une richesse incalculable.
Pour bien comprendre le
sens de ce texte, il faut se rappeler le contexte de l’arrivée mouvementée du
roi Salomon au trône et des premiers moments de règne : intrigues,
retournements de toutes sortes, éliminations des concurrents politiques… Or le
roi Salomon est jeune, inexpérimenté dans la gestion de la chose sociale et
politique, et tous l’attendent au tournant pour profiter de sa moindre
faiblesse. C’est alors que dans son sommeil il fait un rêve exceptionnel. Dieu
lui apparut et lui dit : «
Demande-moi tout ce que tu voudras ». Salomon lui répondit : « Je suis un tout jeune homme, je ne sais
pas agir en chef... Je suis au milieu du peuple que tu as choisi, un peuple
nombreux, si nombreux qu'on ne peut pas le compter... Donne-moi, je t'en prie,
un cœur plein de jugement pour discerner entre le bien et le mal. Car, qui
pourrait gouverner ton peuple qui est si grand ? » Nous savons tous la
réponse de Yahvé au jeune homme : « Puisque
tu as demandé cela et que tu n'as pas demandé pour toi une longue vie, que tu
n'as pas demandé pour toi la richesse, que tu n'as pas demandé la mort de tes ennemis,
mais que tu as demandé le discernement pour gouverner avec droiture, voici,
j'agis selon tes paroles : je te donne un cœur sage et perspicace, de telle
sorte qu'il n'y a eu personne comme toi avant toi et qu'après toi, il n'y aura
personne comme toi. Et même ce que tu n'as pas demandé, je te le donne : et la
richesse et la gloire, de telle sorte que durant toute ta vie, il n'y aura
personne comme toi parmi les rois. » (1 R 3, 4-13 ; 2 Ch 1, 7-13)
Plusieurs de ceux qui
dirigent ce monde devraient s’inspirer du message de ce texte, ceux d’entre eux
qui, en tout cas, pensent détenir la vérité, la sagesse et ainsi s’affranchir
de toute humilité en s’acharnant à imposer leurs points de vue, leur seule
volonté. Non ! L’exemple du roi Salomon est là pour rappeler que la
sagesse n’est pas une qualité innée et transmissible par quelque gène : « J'ai prié, et l'intelligence m'a été
donnée. J'ai supplié, et l'esprit de la Sagesse est venu en moi ». En
effet, la Sagesse nous est toujours donnée comme une intelligence, une lumière
qui nous permet de nous poser en collectivité ou d’accompagner et de stimuler
la puissance créatrice enfouie ou inhibée en nous. Cette capacité d’agir dans
la clairvoyance du bien et du mal est le signe particulier de la Sagesse.
L’homme dans finitude ne peut prétendre à la maîtrise de l’infinie diversité de
la puissance créatrice de ses semblables. Cette sagesse qui est Esprit vivant
anime celui qui, en toute humilité, la demande à Dieu dans la prière. Elle est
donnée gratuitement car justement « … tout l'or du monde auprès
d'elle n'est qu'un peu de sable, et, en face d'elle, l'argent sera regardé
comme de la boue ».
Pour
Salomon, la Sagesse personnifiée, c’est la figure anticipée du Christ lui-même.
Empruntant à la philosophie grecque souplesse et rigueur, l’auteur du Livre de
la Sagesse nous instruit des attributs spécifiquement divins de celle-ci :
toute-puissance, sainteté et immutabilité. Cette Sagesse a une mission auprès
de hommes : « pénétrer tous les
esprits » et « se répandre
dans toutes les âmes saintes » parce qu’ « elle renouvelle toute chose ». Aimée de Dieu comme une
épouse, la Sagesse a part à la création du monde, à sa gouvernance et à son
destin. Saint Paul et surtout saint Jean reprendront cette représentation de la
Sagesse pour caractériser les attributs caractéristiques du Messie de
Dieu : « Verbe incarné »,
« Sagesse de Dieu », « Parole
vivante ». Paul se saisira de cette doctrine de la Sagesse pour
nourrir une théologie du Verbe, de l’Esprit inspirateur et sanctificateur des
prophètes et des artisans de la Bonne Nouvelle de Dieu : « Ah ! Qu’ils sont beaux sur la
montagne, les pas de ceux qui portent la Bonne Nouvelle, qui annoncent le salut
et la Paix » (chantera le RP Deiss).
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PSAUME 89 (90), 12-17
12 Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
13 Reviens, SEIGNEUR, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
14 Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
15 Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.
16 Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs
et ta splendeur à leurs fils.
17 Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l'ouvrage de nos mains.
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
13 Reviens, SEIGNEUR, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
14 Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
15 Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.
16 Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs
et ta splendeur à leurs fils.
17 Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l'ouvrage de nos mains.
Nous retrouvons dans le
psaume 89 (90), cette prière de Moïse, homme de Dieu, cette méditation sur la
brièveté de la vie humaine, écourtée par le péché et donc l’absence de sagesse.
En effet, ici également le psalmiste implore de Dieu cette intelligence,
lumière dans la vie, pour sans cesse maîtriser sa vie en pensées, en paroles et
en actes. Dominer respectivement le monde et le peuple de Dieu non pas à
l’image d’Adam mais de Salomon. Le premier a voulu défier Dieu en se coupant de
lui, en sortant de sa condition d’être créé pour s’identifier au Créateur dans
un accès d’orgueil… le second est conscient de sa finitude et, dans l’humilité
et la simplicité, il a prié Dieu, lui a demandé sa sagesse et s’est laissé
habiter par elle pour conduire les hommes et le monde. L’homme qui se place
sous l’égide de Dieu demande à chaque instant de sa vie d’agir en et par lui et
de « consolider l’ouvrage de ses
mains ». Car c’est Dieu qui lui donne d‘agir avec force et intelligence.
Ainsi, l’œuvre de ce dernier devient exaltation de la puissance de Dieu
cependant que celle d’Adam était devenue labeur pénible, une entreprise de
souffrance à la sueur de son front.
DEUXIÈME LECTURE - Hébreux 4, 12
- 13
(Elle est vivante, la parole de
Dieu »
12 Elle est vivante, la parole de Dieu,
énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ;
elle pénètre au plus profond de l'âme,
jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur.
Pas une créature n'échappe à ses yeux,
13 tout est nu devant elle, dominé par son regard ;
nous aurons à lui rendre des comptes
énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ;
elle pénètre au plus profond de l'âme,
jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur.
Pas une créature n'échappe à ses yeux,
13 tout est nu devant elle, dominé par son regard ;
nous aurons à lui rendre des comptes
Déjà dans le Deutéronome
fleurissent de belles pages à propos de cette parole vivante que Moïse et ses
assesseurs ne cessaient de porter à la connaissance des fils d’Israël, la
comparant souvent à la vie même, c’est-à-dire comme une source nécessaire
d’épanouissement : « La Parole est
toute proche de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, pour que tu la
mettes en pratique. Vois : je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur,
la mort et le malheur, moi qui te commande aujourd'hui d'aimer le SEIGNEUR ton
Dieu, de suivre ses chemins, de garder ses commandements, ses lois et ses
coutumes... Si tu n'écoutes pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner
devant d'autres dieux et à les servir, je vous le déclare aujourd'hui : vous
disparaîtrez totalement... Tu choisiras la vie, pour que tu vives, toi et ta
descendance, en aimant le SEIGNEUR ton Dieu, en écoutant sa voix, et en
t'attachant à lui. » (Dt 30, 14 - 20). Car en effet, si Dieu créa le monde
et tout ce qui y vit par la puissance de sa Parole, c’est également par la
force de celle-ci que grandit et prospère quiconque l’accueille en lui, dans
son âme et à chaque instant de sa vie. C’est en cela qu’elle est juge et
qu’elle tranche dans le vif pour séparer la ténèbre de la lumière, le bien du mal… en réalité non pas pour sévir
mais pour nous convier à servir DIEU,
PAROLE D’AMOUR. Écouter la Parole de Dieu, la laisser pénétrer en nous
pour la vivre et la porter à nos frères tous les jours, telle est la mission
prophétique de chacun de nous. La Parole de Dieu nous appelle donc à devenir
des prêtres à l’image et à la suite du Christ, Verbe de Dieu fait chair et
envers lequel seul nous avons à rendre compte.
__________________________________________________
(Tout abandonner pour suivre
Jésus)
17 Jésus se mettait en route
quand un homme accourut vers lui,
se mit à genoux et lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
18 Jésus lui dit :
« Pourquoi m'appelles-tu bon ?
Personne n'est bon, sinon Dieu seul.
19 Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d'adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »
20 L'homme répondit :
« Maître, j'ai observé tous ces commandements
depuis ma jeunesse. »
21 Posant alors son regard sur lui,
Jésus se mit à l'aimer.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends tout ce que tu as,
donne-le aux pauvres
et tu auras un trésor au ciel ;
puis viens et suis-moi. »
22 Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s'en alla tout triste,
car il avait de grands biens.
23 Alors Jésus regarde tout autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d'entrer dans le royaume de Dieu ! »
24 Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Mais Jésus reprend :
« Mes enfants, comme il est difficile
d'entrer dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d'une aiguille
qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »
26 De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
27 Jésus les regarde et répond :
« Pour les hommes, cela est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »
28 Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voilà que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
29 Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
personne n'aura quitté,
à cause de moi et de l'Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants
ou une terre,
30 sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle. »
quand un homme accourut vers lui,
se mit à genoux et lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
18 Jésus lui dit :
« Pourquoi m'appelles-tu bon ?
Personne n'est bon, sinon Dieu seul.
19 Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d'adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »
20 L'homme répondit :
« Maître, j'ai observé tous ces commandements
depuis ma jeunesse. »
21 Posant alors son regard sur lui,
Jésus se mit à l'aimer.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends tout ce que tu as,
donne-le aux pauvres
et tu auras un trésor au ciel ;
puis viens et suis-moi. »
22 Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s'en alla tout triste,
car il avait de grands biens.
23 Alors Jésus regarde tout autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d'entrer dans le royaume de Dieu ! »
24 Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Mais Jésus reprend :
« Mes enfants, comme il est difficile
d'entrer dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d'une aiguille
qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »
26 De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
27 Jésus les regarde et répond :
« Pour les hommes, cela est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »
28 Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voilà que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
29 Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
personne n'aura quitté,
à cause de moi et de l'Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants
ou une terre,
30 sans qu'il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle. »
Dans cet
extrait de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, tout part d’une question
simple voire sincère de la part d’un jeune homme qui a vu cet homme, Jésus de
Nazareth, parlant aux foules avec autorité ; il a certainement eu écho des
miracles extraordinaires qu’il accomplit à son passage. Il veut suivre cet
homme, faire partie de « son équipe » : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie
éternelle? ».
Jésus le
renvoie d’abord à l’observance de la loi («
Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne tromperas pas, tu ne feras de tort à
personne, tu honoreras ton père et ta mère »), ce à quoi il répond : « Maître, j'ai observé tous ces
commandements depuis ma jeunesse. » On pourrait penser que cela suffit,
mais non ! Cela est certes nécessaire mais pas suffisant. Le jeune
homme espère être récompensé, primé pour ses bonnes actions ; il
pense que la vie éternelle est une promesse qui tient à ces choses-là. Alors
Jésus, qui lit dans la vie du jeune homme comme dans un livre ouvert va toucher
à quelque chose de fondamental : ses biens matériels, ses richesses avec lesquels
il assure son train de vie : « Une
seule chose te manque, va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu
auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Cela, le jeune homme ne
peut le réaliser tellement il est accroché à ses biens matériels.
On sait
qu’auparavant richesse et prospérité passaient pour des signes de la
bénédiction divine. En ce sens, le jeune homme croyait avoir fait tout le
chemin pour mériter de faire partie de la « Christ Team ».
Hélas ! … que non ! Jésus vient renverser l’ordre des choses et des
valeurs : « Heureux, vous les
pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ». La pauvreté dont il est
question ici n’est pas exaltation du dénuement ou incitation à la disette. La
pauvreté dont parle Jésus est avant tout « pauvreté de cœur »,
c’est-à-dire humilité et conversion totale à Dieu qui est la source des vraies
richesses, celles qui procèdent de l’AMOUR, celles dont il n’a eu de cesse
d’instruire les foules par son enseignement et son propre exemple. La pauvreté
dont parle Jésus est celle qui est partie liée avec le détachement,
c’est-à-dire la liberté. Le jeune homme n’a pas la foi de Salomon qui est
foncièrement convaincu de l’inestimable valeur de la Sagesse de Dieu face à
tout l’or, à tout l’argent et à tous les biens matériels et immatériels qui
constituent le socle du pouvoir des hommes, le ferment de la convoitise des uns
envers les autres, et parfois la justification des actes les plus barbares de
domination, de mise sous tutelle, d’embrigadement, de corsetage des personnes
et des peuples. Les richesses du jeune homme sont érigées en idoles qu’il sert
corps et âme et dont il ne peut se détacher : « Leurs idoles, or et argent, une œuvre de main d’homme »,
criait déjà le psalmiste (Ps 115 (113 B).
Cet extrait
de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Marc met en lumière trois
particularités essentielles de la relation de l’homme à Dieu :
1)- Dieu laisse l’homme libre dans sa
relation avec lui : libre de penser, libre d’agir et de s’engager. Dieu
n’impose rien, il ne s’impose pas non plus. Par contre, il rend accessible et
ouvert le chemin des valeurs nouvelles jaillies de sa Parole d’amour et de son
propre exemple de vie. Son engagement jusqu’à la mort sur la croix est le gage
de son amour total et gratuit pour les hommes de toutes races et de tous
horizons.
2)- Le chemin que Dieu et dans lequel il
convie l’homme à marcher à sa suite exige un détachement total et sincère de la
domination de richesses matérielles pour se mettre au service de sa Parole
vivante et de ses frères. En cela, le détachement est un acte permanent de
conversion pour se laisser habiter par ses valeurs nouvelles synthétisées dans
l’AMOUR de Dieu et de ses frères.
3)- Le projet de Dieu pour
l’homme est un élan qui rassemble les croyants et les non-croyants, les
craignant-Dieu et les païens, les bons et les méchants, car tous conviés à un
même festin que le Seigneur lui-même a préparé dans son infinie bonté. Car le
royaume de liberté et de paix qu’il annonce est déjà commencé ; ce n’est
pas une lubie, une hypothétique promesse, une chimère… non ! Le Royaume
des Cieux est là au cœur de notre monde, il nous est proposé à travers
l’accueil et la mise en pratique de sa Parole vivante. Seule cette Parole nous
jugera à chaque instant de notre vie, chaque fois que nous nous serons
réconciliés avec le Christ en nous détachant de l’emprise des richesses
matérielles, des prisons idéologiques et de la brutalité de nos ambitions de
pouvoir et de domination. Le Royaume des Cieux est accessible avec l’humilité
et la sagesse : « Il y aura
plus de joie pour un pécheur qui demande pardon que pour quatre-vingt-dix-neuf
justes qui n’ont pas besoin de changer leur cœur ». Oui, en effet,
l’AMOUR est l’énergie même de notre vie, il est aussi la mesure du jugement que
Dieu portera sur nous. Mais Dieu est bon, infiniment bon… au point d’en choquer
plus d’un lorsque, avant de rendre son âme, il promet au « bon
larron » (« Jésus, souviens-toi
de moi, quand tu viendras dans ton royaume ») : « En vérité, je
te le dis, dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,
39-43).
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