21/05/2012

Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.

Dimanche 20 mai, septième dimanche de Pâques


Chers amis, bonjour !

En ce septième dimanche de Pâques, un seul message: DIEU EST AMOUR; il est fidèle dans son projet de salut pour l’homme; sa fidélité est la marque de sa grandeur infinie pour toute l’humanité. Avant d’entrer dans sa passion, son Fils bien-aimé le prie de garder dans l’unité les quelques hommes qui ont cru en lui et l’ont suivi au long de son séjour sur la terre. Le monde, il le connaît dans toute sa splendeur puisque œuvre de création du Père, mais le monde des hommes peut-être aussi enthousiasmant que violent. Mais Jésus ne demande pas à son Père de les extraire de ce monde: il voudrait pour eux la délivrance du mal et l’unité à travers toutes les épreuves qu’ils auront à vivre au cœur du monde.


• Première Lecture - Actes 1, 15... 26
En ces jours-là,
les frères étaient réunis au nombre d'environ cent vingt.
Pierre se leva au milieu de l'assemblée et dit :
16 « Frères, il fallait que l'Écriture s'accomplisse :
Par la bouche de David,
l'Esprit Saint avait d'avance parlé de Judas,
qui en est venu à servir de guide
aux gens qui ont arrêté Jésus,
17 ce Judas qui pourtant était l'un de nous
et avait reçu sa part de notre ministère.
20 Il est écrit au livre des Psaumes :
Que sa charge passe à un autre.
21 Voici ce qu'il faut faire :
il y a des hommes qui nous ont accompagnés
durant tout le temps où le Seigneur Jésus
a vécu parmi nous,
22 depuis son baptême par Jean
jusqu'au jour où il nous a été enlevé.
Il faut donc que l'un d'entre eux devienne avec nous
témoin de sa résurrection. »
23 On en présenta deux :
Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias.
24 Puis l'assemblée fit cette prière :
« Toi, Seigneur, qui connais le cœur de tous les hommes,
montre-nous lequel des deux tu as choisi
25 pour prendre place dans le ministère des Apôtres,
que Judas a déserté
en partant vers son destin. »
26 On tira au sort, et le sort tomba sur Matthias,
qui fut dès lors associé aux onze Apôtres.


  
Cet épisode se passe certainement entre la résurrection et l’ascension du Christ. Les apôtres ne se laissent pas abattre, d’autant que l’ange de Dieu les avait quelque peu secoués, eux qui étaient restés longtemps hébétés devant le spectacle de l’ascension de Jésus. Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à admirer le ciel comme si vous espériez quelque signe visible pour vous consoler ? Comme enjoignent les policiers aux passants curieux qui s’attardent devant une scène d’accident sur la voie publique: «Circulez ! Il n’y a rien à voir». En réalité, cette parole de l’ange est un appel à l’éveil, car l’ascension du Christ marque la fin de sa visibilité physique et le début de sa visibilité spirituelle. Seul le mode change : sa présence est toujours réelle. Alors, les apôtres sont (r)éveillés à leur responsabilité. Il faut se bouger, il faut entrer en mission puisque telle a été la volonté du Seigneur.
Mais depuis la trahison et le suicide de Judas, le groupe  des apôtres est réduit à onze. Il s’agit donc de remplacer Judas. Et c’est Pierre qui prend naturellement les choses en main, lui à qui Jésus avait remis la responsabilité de son Église. Les « frères » dont parle Pierre sont au nombre de cent vingt environ: des chrétiens, simples fidèles, distincts des apôtres et des anciens. Le choix du douzième apôtre est assumé par le seul groupe apostolique présenté dans le texte précédent (Ac 1, 13-14).
Pierre s’exprime comme le Christ dans ses derniers moments avec eux ; en effet, parlant de Judas, il affirme: «Il fallait que s’accomplît l’Écriture». En même temps, il fait certainement allusion à diverses références bibliques d’abord de l’Ancien Testament [le verset du Psaume 41 (40): «Même le confident sur qui je faisais fond et qui mangeait mon pain, se hausse de mes dépens» (Jésus a appliqué à Judas l’expression «hausser le talon») ; ou encore le psaume 109 (108):  Que les jours lui soient écourtés, qu’un autre prenne sa charge.» Cette foi en Dieu seul et vrai juge est lisible dans tous les oracles, dans toutes les prières des Prophètes, comme Jérémie: «Mais toi, Yahvé Sabaot, qui juges avec justice, qui scrutes les reins et le cœur…» (Jr 11, 20] et des propres enseignements du Maître [allusion à Jésus instruisant les apôtres et les mettant en garde contre les pharisiens, amis de l’argent: «Vous êtes, vous, ceux qui se donnent pour justes aux yeux des hommes, mais Dieu connaît vos cœurs. Car ce qui est élevé pour les hommes est objet de dégoût aux yeux de Dieu» (Luc 16, 15) Idem chez Matthieu: «Gardez-vous d’afficher votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d’eux ; ce serait perdre toute récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux…» (Mt 6, 1) et chez Jean: «Comment pourriez-vous croire, vous qui tirez les uns des autres votre gloire, et de la gloire qui vient du seul Dieu n’avez seul souci.» (Jn 5, 44).]
«Alors ils firent une prière» de confiance dans laquelle ils s’en remettent à la sagesse de Dieu et à la justesse de son jugement car lui seul connaît le fond de chaque être. Et puis, fondamentalement, c’est Dieu qui choisit, c’est toujours lui qui a le dernier mot. L’homme de foi est celui se met en situation de s’ouvrir à son appel, d’apprendre à s’y préparer et à l’accepter. Jean reformulera cette posture du Christ, seul Juge: «Ainsi, toutes les Églises sauront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs ; et je vous paierai chacun selon vos œuvres» (Ap 2, 23). Le choix de Matthias semble se fonder sur la fidélité au Christ puisque nous découvrons que ce désormais douzième apôtre faisait partie de ceux qui avaient suivi Jésus depuis le début de son baptême, son ministère public, sa passion, sa mort, sa résurrection, son ascension dans le ciel et jusqu’au moment de la Pentecôte. Les conditions du primo choix de Pierre ne sont pas insurmontables. Il n’est pas question d’être intelligent, théologien ou prodige. Non ! Pour Pierre, et en cela restant dans la continuité de la démarche de Jésus à leur égard, la seule qualité requise est la fidélité au Christ et à ses commandements. Mais ce choix inspiré de l’Esprit Saint s’inscrit dans une ouverture de liberté. L’homme, pourtant choisi par Dieu pour le servir, reste encore libre de le trahir à l’instar de Judas, ou de le renier sans retour comme chacun de nous parfois dans les difficultés de nos vies. Mais la mission est urgente et la moisson abondante. Même lorsque nous «désertons notre place» (selon l’expression de Pierre), Dieu suscite toujours une nouvelle vocation du milieu des hommes pour continuer son œuvre d’évangélisation et de salut dans le monde… Un appel aussi à l’humilité de notre part… (Nul n’est indispensable), mais aussi de réconfort [Pour ceux qui auront servi Dieu jusqu’à leur dernier souffle, Dieu fera toujours lever du milieu de ses frères, un nouveau serviteur, une nouvelle servante]. C’est aussi dans ce sens qu’il convient de comprendre le célèbre «Nunc dimitis» du Vieux Siméon que rapporte Luc (2, 29-32): «Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations.»


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• Psaume 102 (103), 1-2. 11-12. 19.22
1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
2 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !

11 Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint :
12 aussi loin qu'est l'Orient de l'Occident,
il met loin de nous nos péchés.

19 Le SEIGNEUR a son trône dans les cieux :
sa royauté s'étend sur l'univers.
22 Toutes les œuvres du SEIGNEUR, bénissez-le,
sur toute l'étendue de son empire !


Ce psaume dans lequel Dieu est magnifié à travers ses œuvres dans l’histoire est écrit sous la forme d’une hymne, cette expression la plus gratuite de la prière adressée au Créateur pour sa providence, sa miséricorde et sa majesté. Il s’ouvre sur une invitation à la louange, signe d’une exaltation devant la grandeur de la création et la constance de la manifestation de Celui qui est le Maître de toute chose. Nous noterons également que, au plan littéraire, tous les faits rattachés à Dieu sont au temps présent, comme pour montrer que son œuvre créatrice se continue dans le temps.
La relation entre Dieu et ses créatures est bien distincte chez les Israéliens par rapport aux païens. Les éléments naturels sont la preuve de la puissance de Dieu, on peut même dire que toute la création chante sa gloire. Seul l’homme doué de langage et de pensée est capable de d’exprimer cette louange du Créateur qui a imprimé, telles des stigmates, son empreinte dans l’histoire individuelle et collective des hommes à travers son projet de salut depuis la «chute» d’Adam et Ève.

Écrit et chanté par David lui-même, ce psaume ressemble, par certains côtés, au merveilleux cantique des trois enfants (Dn 3, 51-90). L’Esprit de Dieu, c’est-à-dire sa puissance créatrice emplit l’univers, l’œuvre de ses mains. Sa fidélité envers l’homme s’écrit dans une histoire qui n’est pas fermée ni limitée dans le temps et l’espace. Avec l’homme, Dieu a ouvert un grand livre pour écrire avec lui l’épopée de cette Alliance offerte à toute l’humanité, depuis l’origine jusqu’au rendez-vous final qu’il a posé au cœur de l’espérance.
Le NOM du Seigneur dont il est question ici n’est autre que sa propre personne. DIEU est son NOM, et son NOM est AMOUR. C’est pourquoi le psalmiste (mais en réalité tout le peuple israélien) rend gloire à ce Dieu fidèle qui est «tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour» (v. 8), ce Dieu dont jamais aucun enfant d’Israël n’oubliera les événements fondateurs de l’Alliance tels l’exode et le don de la terre promise, par exemple.


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• Deuxième Lecture - 1 Jean 4, 11-16
11 Mes bien-aimés,
puisque Dieu nous a tant aimés,
nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
12 Dieu, personne ne l'a jamais vu.
Mais, si nous nous aimons les uns les autres,
Dieu demeure en nous,
et son amour atteint en nous sa perfection.
13 Nous reconnaissons
que nous demeurons en lui,
et lui en nous,
à ce qu'il nous donne part à son Esprit.
14 Et nous qui avons vu,
nous attestons
que le Père a envoyé son Fils
comme Sauveur du monde.
15 Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu,
Dieu demeure en lui,
et lui en Dieu.
16 Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru
que l'amour de Dieu est parmi nous.
Dieu est Amour :
celui qui demeure dans l'amour
demeure en Dieu,
et Dieu en lui.

«DIEU EST AMOUR»: c’est la source de la charité et de la foi, c’est le fondement du témoignage de Jean. Si Dieu est amour, alors celui qui reconnaît en Jésus Christ le visage du Père et croit en lui devient la demeure du Père et du Fils ; de ce fait même, il devient à son tour signe vivant de cet amour au milieu de ses frères. Dieu, qui est le seul vrai Dieu et le seul véritablement connu en ce qu’il s’est révélé au monde et a tenu la promesse du salut faite aux hommes, ce Dieu qui est connu pour ce qu’il est fondamentalement: Vie et Amour.

«Dieu, personne ne l’a jamais contemplé. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour atteint en nous sa perfection» (V. 12). Au-delà de la polémique contre les «spiritualistes» (qui se flattaient d’atteindre la vision de Dieu par intuition directe), Jean rappelle ici la centralité de la personne de Jésus. Le VERBE dont il parle dans le prologue de son Évangile s’est fait chair et a habité parmi les hommes ; c’est là un fait historique attesté et indéniable. Or Jésus lui-même dit: «Qui m’a vu a vu mon Père». L’apôtre Paul ne dira pas autre chose non plus : tu as beau parler toutes les langues, faire l’aumône ou battre la coulpe en public… si tu n’as pas l’amour, alors vaine est ta foi et illusoire ton espérance. Car l’espérance qui est nourrie par la lumière de l’Amour divin «ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné» (Rm 5, 5). Oui, l’amour dont Dieu nous aime et dont le Saint Esprit est un gage, une présence active en nous, cet amour nous rend légitimes de parler directement à Dieu comme des fils à leur Père. Qui croit en DIEU AMOUR s’installe en son sein car l’amour est réciproque et nous permet ainsi de participer à la vie trinitaire.

L’histoire de l’humanité pécheresse est donc tramée de la présence agissante du DIEU-AMOUR: «Le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.» Mais l’homme reste libre de l’accueillir et de le servir. Le cas de Judas est plus que parlant. La proximité, l’intimité par rapport à Dieu ne peuvent être des gages de fidélité à sa Parole si la foi n’est pas vécue en œuvres, si elle n’est pas irriguée par l’amour de Dieu: «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive celui qui croit en moi... De son sein couleront des fleuves d'eau vive... Il désignait ainsi l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui.» (Jn 7, 37-38). «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.» (Jn 3, 16-17). Finalement, l’œuvre de salut est une entreprise de transformation de l’homme, de l’intérieur, dans son cœur, afin que, rempli de l’Esprit Saint, il rayonne à son tour de sa ressemblance à Dieu.

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• Évangile Jean 17, 11b - 19
A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
les yeux levés au ciel, il priait ainsi :
11 « Père saint, garde mes disciples
dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné en partage,
pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes.
12 Quand j'étais avec eux,
je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné.
J'ai veillé sur eux, et aucun ne s'est perdu,
sauf celui qui s'en va à sa perte
de sorte que l'écriture soit accomplie.
13 Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, en ce monde,
pour qu'ils aient en eux ma joie,
et qu'ils en soient comblés.
14 Je leur ai fait don de ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu'ils ne sont pas du monde,
de même que moi je ne suis pas du monde.
15 Je ne demande pas que tu les retires du monde,
mais que tu les gardes du Mauvais.
16 Ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde.
17 Consacre-les par la vérité :
ta parole est vérité.
18 De même que tu m'as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
19 Et pour eux je me consacre moi-même,
afin qu'ils soient eux aussi consacrés par la vérité. »

Inutile de chercher dans l’évangile de Jean une quelconque trace ou traduction du «Notre Père» [comme chez Matthieu (6, 7-13) et Luc (11, 1-4)]. Pourtant, à bien lire entre les lignes, on trouve des éléments de cette prière: «Père saint», «fidélité à ton nom», «Écriture accomplie», «que tu les gardes du Mauvais».
«Je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné.» Le christ fut envoyé pour révéler au monde, aux hommes le nom de Dieu, c’est-à-dire sa personne même du Père. Or le propre du Père, c’est d’aimer. Le nom de Dieu est saint, c’est pourquoi il est exalté dans la louange du psalmiste. C’est aussi pourquoi, en nous rendant dignes d’être appelés «fils de Dieu», nous donne accès et droit à demeurer dans l’unité avec le Père en entre nous: «…Garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné en partage, pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes». C’est l’inséparable symbiose de la verticalité (Dieu/Homme) et de l’horizontalité (Homme/Homme) que Jean met en exergue dans cette prière sacerdotale du Christ avant sa passion.

«Pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés»: ce vœu du Christ formulé dans sa prière peut paraître « décalé » face à la gravité des événements qu’il annonce à ses disciples. Lui qui leur laisse entrevoir l’horreur de la passion jusqu’à sa mort et son crucifiement, voilà qu’il leur parle de la joie. Mais comme Dieu nous prouve son amour en livrant pour nous son Fils unique, croire que Jésus est le Fils de Dieu est donc absolument nécessaire à cette reconnaissance de l’amour. Jésus, obéissant et fidèle à son Père, s’offre en sacrifice pour notre salut. On sait que ce ne fut pas facile («Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne» (Lc 22, 42). Pourtant, la joie qu’il veut pour nous, c’est sa propre joie d’être resté fidèle et obéissant jusqu’à la mort sur la croix, cette même qui explose le jour de sa résurrection. La joie d’être enfants de Dieu n’a aucune commune mesure avec les autres joies que nous pouvons ressentir.


«Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité». Il n’y a pas meilleure preuve de l’engagement du dessein de l’homme dans la vie même de Dieu que cette prière de Jésus à son Prière. Ceux que tu m’as donné de partager ma vie sur terre, dit-il en substance, je ne peux les laisser tomber. C’est comme un chef d’État, un ministre, un tuteur, un frère ou une sœur qui, sentant leur «fin» prochaine ou à l’aube d’un grand changement dans leur vie, d’un départ, plaident auprès de ceux qui vont les avoir à charge de bien veiller sur eux et de les entourer de la même affection qu’il leur portait personnellement. Jésus ne veut pas laisser les apôtres (et plus largement les disciples et tous ceux qui croiront en lui) orphelins et tristes. Signe que la vie en Dieu doit être coûte que coûte joyeuse, en dépit des difficultés et des tribulations liées au témoignage dans nos vies au quotidien et surtout dans nos œuvres. Mais là encore Jésus avait prévenu le groupe des soixante-douze revenant tout joyeux de leur mission: «…ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux» (Lc 10, 20).

Dans le texte précédent immédiatement l’extrait de ce dimanche au chapitre 16, Jésus dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, et votre joie sera parfaite. Tout cela, je vous l’ai dit en figures. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en figures ; je vous entretiendrai du Père en toute clarté. Ce jour-là, vous demanderez en mon nom et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’aimez et que vous croyez que je suis sorti de Dieu» (vv. 23-27). En effet, tant qu’il n’était pas encore glorifié, les apôtres ne pouvaient rien demander au nom de Jésus, Fils de Dieu. Mais avec la résurrection et la venue de l’Esprit Saint (la Pentecôte) qu’il annonce, commencera l’initiation parfaite, celle qui s’achèvera dans la vision de Dieu tel qu’il est. Certes, si Jésus demeure bien le seul et l’unique médiateur, les disciples, ne faisant qu’un avec lui par la foi et l’amour, seront aimés du Père auquel ils pourront parler directement : la médiation de Jésus aura alors atteint son but et son plein effet. C’est en ce sens qu’il convient de saisir l’importance du «Notre Père», la seule prière que Jésus a enseignée à ses disciples, ces mots de demande confiante à celui qui est désormais le Père de tous les hommes. «Je suis le chemin, la vie et la vérité», c’est-à-dire d’autres façons de signifier l’AMOUR. La vérité, c’est le principe vital qui permet de circonscrire le domaine de la lumière et celui des ténèbres ; c’est ce qui permet de marcher y compris dans la nuit parce qu’elle éclaire nos pas et qu’ainsi on ne trébuche pas (Jn 11, 9-10).
 

 

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