02/11/2009

« La foule immense des rachetés… »

Bonjour!

Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose en ce premier dimanche de novembre, fête de la Toussaint:

• Lecture de l'Apocalypse de saint Jean : "7. 4 à 14 : " La foule immense des rachetés "

Psaume 23 : "Rester fidèle au Dieu unique."

• Lecture de la première lettre de saint Jean 3. 1 à 3 : "Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui."

Evangile selon saint Matthieu. 5. 1 à 12 :"Les pauvres de cœur."


__________________________________



Lecture de l'Apocalypse de saint Jean:


Moi, Jean, j'ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant; d'une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de dévaster la terre et la mer:

«Ne dévastez pas la terre, ni la mer, ni les arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu.»

Et j'entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau: ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d'Israël.

Après cela, j'ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l'Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main.

Et ils proclamaient d'une voix forte: «Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l'Agneau!»

Tous les anges qui se tenaient en cercle autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le Trône, la face contre terre, pour adorer Dieu.

Et ils disaient: «Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen !»

L'un des Anciens prit alors la parole et me dit: «Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d'où viennent-ils ?»

Je lui répondis: «C'est toi qui le sais, mon seigneur. » Il reprit: «Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau.»


__________________________________



Le mot «Apocalypse» vient du grec, apocaluptô qui signifie «lever le voile». C’est pourquoi on le traduit comme une « révélation ». Globalement, le message est le suivant : vous tous qui croyez en Christ ressuscité, soyez convaincus qu’aucune force du mal, y compris celle de la domination du pouvoir politique romain à Patmos et dans les autres contrées, aucune force du mal ne l’emportera sur la puissance de notre Dieu. Il serait maladroit de réduire l’Apocalypse de saint Jean à un livre d’annonce de la terreur et de la destruction du monde et de l’homme. Bien au contraire, il est essentiellement «révélation de Jésus-Christ et aboutissement du projet divin de sauver les hommes»… et saint Jean nous en ouvre la vision. Il nous dévoile «en clair» l’univers dans lequel nous vivrons en éternité de louange et de glorification pour notre Dieu. Bien sûr, dans l’immédiat, cette vision, il la destine à ceux de la première foule (car il en distingue deux), les 144 000, ceux qui sont marqués du «sceau qui imprime la marque du Dieu vivant», c’est-à-dire qui font partie du peuple des baptisés. Et c’est un message codé (parce qu’il circulait sous le manteau) de courage, d’espérance et de persévérance qu’il adresse à ce peuple en proie aux terribles persécutions de l’empereur Domitien. Comment interpréter le texte de ce dimanche et que faut-il en retenir pour notre vie chrétienne individuelle et collective ?

Pour une meilleure compréhension, signalons le tout premier verset de cet extrait parce qu’il situe bien l’apaisement et la sécurité qui caractérisent l’environnement des serviteurs de Dieu: «Après quoi j’aperçus quatre Anges, debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre pour qu’il ne soufflât point de vent, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre».

Passage que l’on peut rapprocher de celui d’ Ezéchiel (7, 2-3): «… ainsi parle le Seigneur Yavhé au pays d’Israël : Fini ! la fin vient sur les quatre coins du pays. Maintenant, c’en est fait de toi, je vais lâcher ma colère contre toi, pour te juger selon ta conduite et te demander compte de toutes tes pratiques abominables». Cette prophétie est dure qui annonce (certes !) la fin prochaine, mais qui rappelle aussi au peuple d’Israël perdu dans l’idolâtrie que les œuvres de Yavhé obligent les hommes à reconnaître sa toute-puissance (voir également Amos 5, 18 — Isaïe 42, 8, Zacharie 6, 5 — Jérémie 49, 36 ).

Si donc saint Jean nous livre ici la vision d’une des fresques du jugement dernier, il faut cependant souligner que le châtiment de Dieu ne frappe pas aveuglément, qu’il épargne les innocents marqués d’un signe distinctif: à l’occasion de la célébration de la Pâque au pays d’Egypte (12, 7-14), Dieu avait demandé à Moïse et Aaron d’inviter les enfants d’Israël à marquer du sang d’agneau les deux montants et le linteau de la porte de leurs maisons. C’était là le signe par lequel l’ange exterminateur les épargnerait de la colère de Yavhé lorsqu’il frapperait le pays d’Egypte. Plus tard, Ezéchiel parlera du «sceau de la croix» (Ez 9, 4) comme signe distinctif des serviteurs de Dieu pour échapper à sa colère. Alors que l’on pourrait penser que cette vision ne concerne que les seules tribus d’Israël, telles que recensées dans le Livre des Nombres (26, 1-65), saint Jean révèle l’universalité du peuple des rachetés: 144 000 qui représente le carré de 12 (le nombre sacré) multiplié par 1000; autrement dit, l’Israël nouveau, l’Israël de Dieu selon l’expression de saint Paul (Ga 6, 16), c’est-à-dire le peuple de Dieu véritable, la multitude des fidèles du Christ.

Mais comment se rend-t-on digne du pardon de Dieu ? La réponse est à lire chez Ezéchiel: sont épargnés du châtiment de Yavhé toutes les personnes «qui gémissent et qui pleurent sur toutes les pratiques abominables qui se commettent au milieu d’elle (la ville de Jérusalem)». Reconnaître et pleurer ses péchés… la démarche de repentir et de conversion sont inscrites dans cette attitude d’humilité devant le Seigneur. Nous retrouverons les mêmes points dans le psaume 23 qui nous est proposé en méditation.

Comprendre l’Apocalypse de saint Jean… une entreprise ardue mais pas impossible si l’on a des clés de lecture. Dans la première partie de son livre paru en 1991, Jean-Pierre Prévost nous en livre cinq:

- une clé christologique permet de dégager l'intelligence que Jean a du mystère du Christ et nous convie à nous réjouir de la victoire du Ressuscité ;

- une clé historique ou prophétique met en lumière l'espérance que Jean a voulu inculquer à une communauté durement éprouvée;

- une clé symbolique, appliquée aux couleurs et aux chiffres, souligne la plénitude de vie et de puissance dont le Christ est investi et qu'il partage avec la communauté qui se réclame de lui;

- une clé apocalyptique nous introduit dans un monde religieux préoccupé par la question du salut, où l'intensité de l'espérance multiplie les paroles de consolation et d'exhortation à la persévérance;

- une clé évangélique nous fait découvrir dans l'ensemble de l'Apocalypse une invitation au bonheur et une vision chrétienne de la «fin» du monde.


Aucun commentaire: