21/10/2009

Dieu ramènera son peuple…

Bonjour !


En ce 30ème dimanche du Temps ordinaire, la liturgie nous propose de méditer sur les textes suivants : Jérémie 31, 7-9 (Dieu ramène son peuple) — Le Psaume 125/126 (Quand le Seigneur ramena nos captifs) — La Lettre aux Hébreux 5, 1-6 (Jésus, le grand prêtre désigné par Dieu) — Evangile selon saint Marc 10, 46b-52 (La guérison d'un aveugle).


Première Lecture : Jr 31, 7-9


07 Car ainsi parle le Seigneur: Poussez des cris de joie pour Jacob, acclamez la première des nations! Faites résonner vos louanges et criez tous: «Seigneur, sauve ton peuple, le reste d'Israël!»

08 Voici que je les fais revenir du pays du Nord, et que je les rassemble des extrémités du monde. Il y a même parmi eux l'aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée; c'est une grande assemblée qui revient.

09 Ils étaient partis dans les larmes, dans les consolations je les ramène; je vais les conduire aux eaux courantes par un bon chemin où ils ne trébucheront pas. Car je suis un père pour Israël, Éphraïm est mon fils aîné. Parole du Seigneur.


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Redonner espoir et rappeler que Dieu est toujours avec son peuple jusque dans les moments de souffrance, telle est l’une des facettes de la double mission de tout prophète qui, par ailleurs, dans les moments de joie, exalte le même peuple à glorifier le Seigneur pour ses bienfaits. Dans le contexte difficile de l’exil (étalé de 587 à 538) et de la mise sous tutelle babylonienne forcée suite à la victoire du roi Nabuchodonosor, Jérémie qui a choisi de rester dans Jérusalem pour résister, s’y emploie avec une telle véhémence qu’il en paraît presque pathétique: annoncer et demander au peuple de crier de joie alors qu’il vit les pires tribulations, proclamer l’unification des enfants d’Israël alors qu’ils ont été persécutés et contraints à l’éparpillement dans le Nord du pays… il faut avoir le courage d’une telle mission, au risque de se faire railler de toutes parts. Jérémie a la vision de la lumière divine en pleine nuit de désespérance, à tel point qu’il ose même qualifier Jacob, c’est-à-dire Israël, de « première des nations ». N’est-ce pas là pure provocation pour un peuple sous occupation et contraint à l’exil ?

On comprend aisément que dans ces conditions brutales et intenables de la déportation des enfants, des jeunes, des femmes enceintes, des malades et des personnes âgées, le cœur ne soit pas à la fête. Mais le retour sur les terres des ancêtres aura une saveur d’autant plus exaltante: «Ils étaient partis dans les larmes, dans les consolations je les ramène; je vais les conduire aux eaux courantes par un bon chemin où ils ne trébucheront pas» (9), parole que Jérémie met dans la bouche du Seigneur, comme pour souligner la fermeté de son espérance. Ce passage n’est pas sans évoquer la proclamation du psalmiste dans le psaume 22 (23): «…Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre | il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom | Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car il est avec moi : ton bâton me guide et me rassure». C’est un peuple qui reviendra à la lumière, qui marchera droit et assuré sur les pas de son Dieu et Père que Jérémie annonce, comme si les souffrances de la déportation et de l’exil auront été purificatrices, une sorte de mal nécessaire dont le peuple sortira grandi et transformé.

Ainsi en va-t-il de nos propres exils, ces moments que nous traversons dans notre vie spirituelles, ces "trous d'air", mais aussi au milieu de nos frères, présents mais absents, parce que exclus, marginalisés à tort ou à raison, parfois en y contribuant nous-mêmes consciemment ou inconsciemment par notre orgueil, notre repli sur nous-mêmes, notre fermeture aux autres… Mais, lorsque nous en revenons, savons-nous reconnaître la main bienveillante de Dieu et lui rendre grâce en chantant son saint nom à l'instar des captifs de Babylone?


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